MH 17 : Désinformation et intoxication médiatique. Prémices : les Buks attaquent. Destruction de l’Antonov 26 – 19
La désinformation est un ensemble de techniques de communication visant à donner une fausse image de la réalité dans le but d'influencer l'opinion publique.
L'intoxication médiatique est une technique de manipulation consistant à déstabiliser un adversaire en fournissant des fausses informations à ses média, ou à créer des média relais sur son territoire.
Le 17 juillet 2014 à 16h15 (heure locale ukrainienne), le vol MH 17 entre Amsterdam et Kampa Lumpur est détruit au-dessus de l'Ukraine par un missile Buk. Cette tragédie est à la fois un des tournants majeurs de la crise ukrainienne et le catalyseur des sanctions occidentales contre la Russie. Pour bien appréhender la campagne de désinformation et d'intoxication qui suivit et qui perdure encore actuellement, il est essentiel de bien connaître le contexte de la tragédie. Les accusations d'une supposée utilisation par la Russie de missiles Buks sont antérieures à la destruction du MH17. Elles datent du 15 juillet 2014, suite à la destruction d'un second avion de transport des Forces Aériennes Ukrainiennes (PSU) par les forces rebelles.
L'Histoire de l'An-26 – bleu 19 est édifiante pour comprendre le système de désinformation ukrainien et son relais aveugle, voir complice par la presse occidentale.
Figure 1 : Situation militaire dans l'Est de l'Ukraine au 14 juillet – La zone évoquée dans l'article a été cerclée en orange. (source : Sécurité Nationale d'Ukraine. Il est à noter que toutes les cartes du mois de juillet on été supprimées du site – lien mort 1 - lien mort 2 - lien mort 3, etc).
Début Juillet 2014, le cessez-le-feu du 21 juin n'est plus qu'un souvenir, les Forces de Kiev reprennent l'offensive. Les gardes frontières ukrainiens grâce à une défense très efficace contrôlent encore l'intégralité de la frontière. Il est à noter que le document officiel de la Sécurité Nationale Ukrainienne (fig:1) surestime l'avance des rebelles vers la frontière. Néanmoins, pour ne pas être accusé d'utiliser des sources russes manipulées, les documents d'origine ukrainienne seront toujours privilégiés).
Pour ravitailler les gardes frontières d'Izvarino et les troupes ukrainiennes à Kranosdon, les PSU envoient un bimoteur Antonov-26 de la 456éme brigade de transport effectuer un parachutage. L'avion est abattu à 16h30 dans les environs de Kruzhyliva.
L'avion effectuait selon les autorités ukrainiennes un parachutage de vivres et de médicaments. Le vol avait donc une visée humaniste, humanitaire, bien loin du ravitaillement en armes et munitions comme pourrait l'imaginer des « trolls pro-russes ». Néanmoins des photos de l'Antonov prises avant sa destruction laissent entrevoir la définition de l'humanitaire selon Kiev.
Photo l'Antonov-26 Bleu 19 prise lors d'un vol d’entraînement au largage de « conteneurs humanitaires ukrainiens ». Sur le cliché on peut voir deux bombes d’entraînement de type P50T. (photo prise le 15 mai 2014 à Nikolayev).
Dès le lendemain, dans un communiqué officiel Andriy Lisenko affirme que l'AN-26 volait à une altitude de 6500 m lorsqu'il a été touché par un missile probablement tiré depuis la Russie voisine.
La présidence ukrainienne déclarait quant à elle : « Le Ministre de la Défense Valery Geleta a rapporté au Président de l' Ukraine Petro Poroshenko que des membres de l'équipage de l'AN-26, qui a été abattu en effectuant des tâches dans le cadre de la phase active de l'ATO ont pris contact avec l'état - major général .Il a également noté que, compte tenu du fait que l'avion volait à une altitude de 6500 m, sa destruction par des systèmes portatifs de défense aérienne est impossible, l'avion a été abattu à partir d'un autre missile plus puissant qui a été utilisé probablement depuis de la Fédération de Russie. ».Cette citation n'a pu être liée à sa source originale, car le communiqué a été supprimé par la Présidence Ukrainienne (lien mort 1 cité dans l'article 1, l'article 2 et 3.).
Le Gouvernement Ukrainien déclare que le tir a été probablement effectué depuis la Russie pour deux raisons. La première est la volonté systématique d'impliquer la Russie dans la guerre civile ukrainienne, de l'externaliser et d’entraîner ainsi l'ouverture d'un conflit ouvert entre l'OTAN et la Russie. La seconde, en Juillet 2014, l'Ukraine contrôle encore entièrement la frontière (figuré en vert sur la carte - ділянки кордону під контролем україни : zones frontalières sous le contrôle de l'Ukraine). Un tel système sol-air ne pourrait donc pas avoir été introduit en Ukraine. Ce n'est qu'à partir du 28 juillet que les autorités ukrainiennes indiquent avoir perdu le contrôle de la frontière. Kiev reconnaît donc implicitement que les rebelles n'ont pas l'armement adéquat à cette date.
Les faits sont aussitôt relayés dans la presse française et internationale (1,2,3,4,5). Le lendemain dans les média ukrainiens les missiles sol-air Buks font leur apparition.
Après la destruction du MH17, Pietr Poroshenko déclare qu'il n'exclut pas que l'AN-26 et le MH17 furent détruits de la même manière. La presse française en fidèle « godillot » de Kiev lui enchaîne aussitôt le pas à l'image de « Sud-Ouest » : « Le 14 juillet, les forces pro-russes ont revendiqué la destruction d'un avion-cargo ukrainien de type Antonov, abattu à plus de 6 000 mètres d'altitude, ce qui est hors de portée d'un missile tiré à l'épaule mais pas d'un SA-11 (Buck) » et de Courrier International, « le 14 juillet, un avion de transport militaire ukrainien Antonov An-26 a été détruit par un missile, “à une altitude de 6 500 mètres”, rappelle Oukraïnska Pravda. Sur le moment, beaucoup d’observateurs ukrainiens avaient estimé que cela n’avait pu être possible que grâce à l’intervention de systèmes d’armes comme le SA-13 ou le SA-17 Grizzly, que les Russes ont baptisé “Buk” ».
Ainsi la destruction de l'AN-26 devient une des « preuves » de l'utilisation par les rebelles ou par la Russie elle-même de l'utilisation de missile BUK sur le territoire ukrainien.
Mais qu'en est-il réellement ?
La première des questions est : à quelle altitude volait l'AN-26 ?
La première approche relève du bon sens. L'avion effectuait un parachutage de ravitaillement sur Izvarino, ville frontalière avec la Russie et assiégée à l'ouest par les rebelles. Pour éviter que les colis ne tombent en Russie ou chez l'ennemi, le largage doit être effectué à basse altitude (entre 300 et 500 m). La vitesse ascensionnelle maximale d'un l'AN-26 vieux de 34 ans est au mieux de 8/ms ce qui implique qu'il lui a fallu presque 13 minutes pour atteindre l’altitude de 6500 m.
Durant ce laps de temps l'avion parcourt une distance d'environ 60 km. Or, il n'y a que 28 km entre Izvarino et le site du crash. Il est donc impossible que l'avion puisse voler à une telle altitude. En utilisant au mieux le potentiel de l'avion et en se basant sur les performances d'un avion neuf, l'altitude maximale à retenir est donc de 3500 m.
Par estimation trigonométrique à partir des vidéos du crash un internaute arrive quant à lui à une altitude de 3600 m.
La carlingue de l'AN-26 peut être pressurisée jusqu'à une altitude de 6500 m. Si l'avion avait été touché par un missile de type Buk, il aurait subi une dépressurisation brutale et se serait disloqué comme le MH17. Or, au moment de l'impact avec le sol l'avion est encore « intact ».
Bien au delà des réflexions de bon sens et des calculs de blogueurs et internautes, cette question a été débattue lors de l'enquête sur le crash du MH17. Le MIVD, c'est à dire le Service de Renseignement Militaire hollandais, a répondu à cette question (page 239 du rapport du dutch safety board et page 24 du rapport de la Commission pour la Supervision des Services de Renseignement et de Sécurité CITVD).
Le MIVD arrive à la conclusion que l'Antonov 26 ne volait pas 6500 mètre et a été détruit par un MANPADS à une altitude maximale de 3500 m.
Il apparaît donc que bien avant la destruction du MH17, l'Ukraine avait entamé une campagne de désinformation sur l'utilisation par les rebelles et la Russie de missiles sol-air à longue portée. Cette campagne a été reprise par les média occidentaux dans un premier temps et utilisée ensuite par les mêmes média comme preuve de l'implication des rebelles et/ou de la Russie dans la destruction du vol Amsterdam Lumpur.
Les allégations ci-dessus ayant servies comme preuves pour accuser la Russie se révélant fausses, qu'en est-il des preuves avancées pour le MH17 ?...
C'est la question qui sera débattue dans les prochains articles.
P.S. : De manière troublante, la recherche de documents sur cette période sur Internet conduit à de nombreux liens morts sur les sites officiels ukrainiens (disparition de cartes, de déclarations officielles, etc). Volonté de brouiller les pistes ? Désorganisation des services informatiques des structures officielles de l'Ukraine ? Le choix de la réponse est laissée aux lecteurs.
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