Tout le monde a encore à l’esprit la catastrophe qui a frappé les Haïtiens le 12 janvier 2010. Un tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a provoqué la mort de plus de 100 000 personnes.
A ce drame est peut-être en train de s’en ajouter un autre.
La firme Monsanto, de triste mémoire, aurait proposé « d’offrir » aux Haïtiens 475 tonnes de semences OGM, des engrais et des pesticides dont le dangereux Roundup que Monsanto présente comme biodégradable. lien
Il faut se souvenir que le service de répression des fraudes de Lyon a déjà condamné Monsanto en janvier 2007 pour publicité mensongère sur le Roundup, et a ouvert un autre procès en octobre 2008. lien
C’est un prêtre, Jean-Yves Urfié, ex-professeur de chimie du Collège Saint Martial, à Port-au-Prince qui à été l’un des premiers à s’inquiéter de la situation.
Il pensait que la multinationale Monsanto avait même déjà commencé à distribuer les graines de maïs transgéniques dans les régions de Gonaïves, Kenscoff, de Pétion-Ville, de Cabaré, d’Arcahaie, de Croix-des-Bouquets et de Mirebalais.
Cette dénonciation a obligé le Ministre de l’Agriculture d’Haïti, Joana Gué, à s’exprimer lors d’une conférence de presse le 12 mai dernier à Port-au-Prince.
Le Ministre a affirmé "Haïti n’a pas de capacité à administrer les OGM” avant de démentir que la donation de Monsanto était du maïs transgénique.
Il a ajouté :
"Nous prenons toutes les précautions avant d’accepter l’offre faite par la multinationale Monsanto pour recevoir une donation de 475 947 kg de graines de maïs hybride et 2 067 kg de graines de légumes.
Nous devons aussi mentionner que, en l’absence d’une loi qui règlemente l’utilisation d’OGM en Haïti, je ne peux pas permettre l’introduction de graines « Roundup ready » ou de toute autre variété de transgénique.
Le Ministre à déclaré que les hybrides proposées par Monsanto (DK003, DK5005, DK1040) sont adaptés aux conditions tropicales et ne sont pas des semences transgéniques.
Il a ajouté :
« Haïti n’a pas la capacité de gérer les OGM. Pour pouvoir porter une meilleure surveillance sur les variétés animales et végétales qui rentrent dans le pays, c’est moi qui suis chargé de la signature pour toute introduction de ces produits sur le territoire haïtien ».
Le ministère à lancé depuis mars 2010 une vaste campagne de production agricole (projet Winner) sur plus de 10 000 hectares de terre avec des labourages aux tracteurs, des engrais, et pesticides et un encadrement agricole promettant de produire plus de 30 000 tonnes de céréales. lien
Le 13 mai, le Père Urfié a corrigé sa déclaration, car dit-il, d’après un agronome digne de foi, il y aurait bien eu une offre réelle qui n’aurait pas été acceptée par le Ministre. lien
Ce qui n’a pas été dit ni par Monsanto, ni par le Ministère de l’Agriculture haïtien, c’est que ces graines hybrides de maïs ne pourront accomplir leurs promesses de productivité et d’adaptation au climat tropical haïtien que si elles sont traitées par les herbicides, les engrais et les produits chimiques spécifiques, qui sont justement produits par Monsanto.
Cela veut aussi dire que les Haïtiens pourvus de graines hybrides devront acquérir herbicides et engrais auprès de Monsanto pour les rendre productifs.
De plus, les agriculteurs ne pourront pas replanter les graines issues de ce maïs, puisque l’une des caractéristiques de ces graines hybrides c’est que seule la première génération est fertile.
S’ils veulent continuer à semer, les agriculteurs haïtiens devraient donc acheter de nouvelles graines à Monsanto.
À ce rythme, avec l’augmentation de la consommation de graines et implicitement d’herbicides, d’engrais et de produits chimiques Monsanto, la prévision du curé Jean-Yves Urfié pourrait devenir réalité : “Bientôt, il n’y aura que des graines Monsanto en Haïti. Et alors, ce sera la fin de l’indépendance des agriculteurs
”. lien
Il faut savoir que l’entreprise Monsanto connait actuellement quelques difficultés financières.
Hugh Grant directeur exécutif de l’entreprise a confirmé que Monsanto connaissait une grosse chute de 19% des ventes d’herbicides et de produits chimiques.
Les gains sont passés de 1,09 milliard de dollars à 887 pour la période de décembre 2009 à février 2010. lien
Ceci explique peut-être le « cadeau » proposé aux Haïtiens.
Pour Jean Baptise Chavannes, coordonnateur du MPP (Mouvman Peyizan Papay), « il s’agit d’un tremblement de terre plus dangereux à long terme que celui du 12 janvier. Il ne s’agit pas d’une menace, mais d’une très forte attaque contre l’agriculture, les paysans et les paysannes, la biodiversité, les graines créoles que nous défendons, et à ce qu’il reste de notre milieu environnemental en Haïti ».
Il appelle à une manifestation le 4 juin prochain pour que Monsanto avec ses « dons » ses dangereux « bisdithiocarbamates » et sa clique partent du pays. lien
Il convient donc de rester très attentifs à ce qui se passe en Haïti, car comme disait mon vieil ami africain :
« Ne te laisse pas lécher par ce qui peut t’avaler ».