Nabe et Daesh unis contre le complotisme d’Alain Soral !
La dernière mouture de Dar al Islam, le magazine de propagande de Daesh en français, vient de paraître. Dans ce 7e numéro, l'organisation terroriste revient bien sûr sur les attentats du 13 novembre à Paris. Je m'arrêterai, pour ma part, sur deux dossiers contenus dans ce numéro, l'un consacré au rejet argumenté de l'École de la République française, l'autre à la mise en avant très favorable de l'écrivain Marc-Edouard Nabe et à la condamnation du complotisme d'Alain Soral.
Nabe fan de Daesh
Commençons par la partie « people » de ce numéro de Dar al-Islam, qui consacre pas moins de 9 pages (sur 3 colonnes) à faire la promotion d'un texte de Marc-Edouard Nabe, paru en décembre 2014 dans le premier numéro de son magazine Patience. Page 35, on nous présente ce texte, analysant Daesh, comme « plus réaliste que l’écrasante majorité de ce qu’écrivent journalistes spécialisés et autres analystes. » Un exercice d'objectivité ? Pas vraiment...
Il faut dire que Nabe ne cache pas sa sympathie pour l'EI : « Ecoutez les prêches de Baghdadi ! Pas du tout ceux d’un "illuminé" appelant au culte de sa personnalité, ou la destruction systématique de tous les mécréants de la terre. Un modèle de juste mesure dans la croyance offensive », n'hésite-t-il pas à écrire. Et de s'offusquer que les médias français aient pu présenter le calife autoproclamé comme « un intolérant dictateur mégalo-sectaire ».
Nabe choisit même clairement son camp, lorsqu'il évoque la scission entre Daesh et Al-Qaïda, rêvant de leur réconciliation prochaine : « j’espère qu’ils seront amenés à se réassocier contre la Coalition », lance-t-il. En voilà au moins un qui ne sera pas accusé de patriotisme...
On ressent une vive nausée en continuant la lecture de ce texte nabien, qui constitue ni plus ni moins qu'une apologie du terrorisme islamiste, teinté d'une détestation de l'homme blanc :
« J’adore Al-Qaïda, et Al-Zawahiri tient magnifiquement la barre après l’exécution dégueulasse d’Oussama. Mais le projet de Baghdadi et de l’Etat Islamique va naturellement dans le sens de l’histoire. Il y en a un qui est pour punir, et l’autre pour construire. L’EI ne ringardise pas AQ, mais pousse plus loin la lutte armée contre ces immondes Occidentaux qui ont détruit les pays arabes, et leurs complices mauvais Musulmans. Châtier les Blancs et les blanchis, chez eux, à cause de leur ingérence et omnipotence sur les terres musulmanes était profondément d’actualité jusqu’au 11-Septembre, mais désormais, il est temps de passer à la vitesse supérieure : inventer une nouvelle terre musulmane refaite sur mesure pour tous les vrais croyant de notre temps, instaurer un nouveau pays global sous la bannière islamique incluant pour commencer le saint pays du Cham et celui des deux fleuves... C’est le Califat ! »
Notre écrivain en quête d'idéal nous dresse un portrait idyllique de l'organisation terroriste qui vient d'ensanglanter la France, cette France qu'il vomit : « Que fait Daech de son argent ? Eh bien, ils le redistribuent, figurez-vous. La solidarité n’est pas un vain mot dans l’Etat Islamique naissant. On n’est pas dans la République française, où le mot Fraternité est inscrit partout en gros parce que justement on est incapable de le pratiquer. »
Nabe n'a pas fait jadis le voyage en Union soviétique, mais il fantasme sur un califat, véritable paradis terrestre selon sa description :
« Bref, pas de Restaurants du Cœur entre Ninive et Falloujah ! Aux pauvres, les gars de Daech apportent en mains propres des paquets de vivres, des sacs de nourriture, de la viande à gogo, des affaires de toute sorte piquées aux traitres et pas jetées d’hélicoptères amerloques comme à ces pleurnichards de Yazidis soi-disant persécutés... C’est pas fini ! Les usines retournent à fond la caisse dans le pays, ça bosse, on travaille pour le Califat. Les islamistes ne font pas que détruire, ils construisent aussi. Des tribunaux, des bureaux de défense du consommateur, des centres de sensibilisation, tous repeints en noir mat splendide... Les associations « caritatives » là-bas n’ont rien à voir avec les ONG se piquant d’ingérence. Daech, ce n’est pas une armée, c’est un peuple ! Ce n’est pas un Etat, c’est un volcan ! L’Etna Islamique ! La joie jaillit, comme de puits de pétrole, des bouches (avec dents) de toute une population irakienne lavée dans son honneur ! Ça va jusqu’au petit gosse, soi-disant endoctriné, qui accueille, comme les vrais libérateurs qu’ils sont, ces grands barbus aux sourires francs. »
Daesh apporte la joie... nous dit Nabe, qui nous dépeint d'ailleurs ses combattants comme les « plus moraux » qui soient.
Alors bien sûr, il n'évite pas le sujet des décapitations. Il nous dit en avoir visionné un paquet : « Je ne peux pas m’endormir, moi, si je n’ai pas revu une petite décapitation. Sans ma tête coupée, je fais de ces cauchemars ! »
Et le voici nous faisant l'éloge de la noblesse des bourreaux, qui demandent à leurs victimes (du moins l'imagine-t-il) de lire un discours de propagande en échange que la totalité de leur exécution ne sera pas diffusée à leurs familles, afin, dans le cas de la famille de James Foley, de lui éviter « de voir sa gorge, sa carotide, puis ses nerfs, ses muscles, tranchés au couteau, puis le dévissement de toute sa tête, son décrochage ensanglanté, et sa pose, en équilibre presque comique, sur son tronc échoué dans le sable, pas loin de ses claquettes inutiles... » Telle est la noblesse selon Nabe...
Nabe qui traite l'otage exécuté James Foley de « sale con », et qui prétend « que pour une bonne part, les discours des otages sont sincères ! Ce ne sont pas les bourreaux qui forcent les condamnés à mort à être sincère, c’est la situation. Le bourreau n’est qu’un révélateur qui fait surgir de ce corps d’ennemi une parole de vérité, la dernière. Elle doit sortir avant qu’il ne crève. » Peut-on aller plus loin dans l'abjection ?
Daesh et Nabe contre Soral
Dans son texte, Nabe lance des piques contre son meilleur ennemi, Alain Soral, prenant parti pour le califat et l'oumma (de Baghdadi) contre la révolte des nations (prônée par Soral) : « La stupide alternative droitière, raciste et antirévolutionnaire – "la gouvernance mondiale ou la révolte des nations" –, Daech la liquide d’un trait de kalachnikov. L’avenir n’est pas dans la révolte des nations. Le nationalisme, c’est encore un égoïsme à base de chauvinisme démodé. Réunir tous les sunnites de bonne volonté dans un territoire recréé pour l’occasion, en cassant les frontières imposées par les Blancs, voilà la bonne voie ! »
Mais la grosse tare de Soral, selon Nabe, c'est son complotisme débile, qui voit Daesh payé par l'Amérique, qui considère que l’EI est une fabrication américaine et sioniste. Ridicule selon le pamphlétaire.
Dans une note de bas de page (page 42), le rédacteur de Daesh appuie la condamnation nabienne de Soral, ce dernier poussant dangereusement les musulmans français à soutenir l'Iran et la Syrie (contre l'EI).
Nabe en arrive à regretter que, par conspirationnisme stupide, les dissidents français ne comprennent pas qu'ils doivent se rallier à Daesh, la seule force authentique qui combat aujourd'hui l'Empire :
Et on en arrive à ce paradoxe merveilleux, si on peut dire : les conspis archi paumés dénoncent la « barbarie » des islamistes exactement dans les mêmes termes que ceux des « sionistes » ; ils se retrouvent aux côtés de leurs ennemis pour frapper ceux qui devraient être logiquement leurs amis. (...) Les conspirationnistes ont attendu des années qu’un véritable antisystème se dresse contre l’Empire et, au moment où il y en a un, ils pensent qu’il est le jouet de cet Empire-même, qu’il n’est pas sincère, qu’il ne le représente pas, ou pire : qu’il n’existe pas ! Par conspirationnisme, des sunnites se retrouvent prochiites et pro-Yankees contre des islamistes sunnites comme eux !
Nabe, pour achever son naufrage, reprend à son compte l'idée que l'EI frapperait la France, parce que la France l'aurait précédemment frappé : « Daech avait pourtant prévenu. Si la France s’attaquait à l’EI, celui-ci répliquerait aussitôt. » C'est à cette idée fausse que nous allons tordre le cou à présent.
Attentats de l'EI : de simples représailles ?
Arrêtons-nous brièvement à ce qui constitue une sorte d'éditorial de ce numéro 7 de Dar al-Islam. A la page 4 du magazine, on trouve une justification de l'attaque contre Paris. On nous rappelle les mots du porte-parole de l’Etat islamique Abû Muḥammad Al-‘Adnânî :
« Ô les Américains et les Européens, ce n’est pas l’Etat Islamique qui a commencé à vous combattre comme vous en donnent l’illusion vos gouvernements et vous dépeignent vos médias. C’est bien vous qui nous avez agressé en premier et celui qui commence est, certes, plus injuste. »
Et l'éditorialiste de poursuivre : « Al-‘Adnânî a dit vrai. Le vendredi 19 Septembre 2014 – soit plus de trois mois avant les opérations de l’Hyper Casher et de Charlie Hebdo, et plus d’un an avant les opérations de Paris et Saint-Denis – les Rafales français ont bombardé l’Etat Islamique par haine de l’Islam et de la Charia et non pas en représailles à des attentats qui auraient été perpétrés par l’Etat Islamique contre la France. » Avant de conclure un peu plus loin : « Ce sont donc les bombardements aveugles français qui sont la cause de cette menace. Menace qui a été mise à exécution le 13 Novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. »
Ici, on comprend que Daesh n'agirait en France que par légitime défense, que par légitimes représailles. Ce qui pourrait alors donner raison à ceux qui, à l'instar de Michel Onfray, réclament la fin des bombardements français et même une tentative de négociation avec l'EI.
Seulement voilà, Daesh n'est pas le roi de la cohérence, ou plutôt il a un jeu assez pervers. Car, plus loin dans le magazine, nous allons le voir, il appelle à frapper la France en raison de ce qu'elle est, et non pas de ce qu'elle fait au Moyen-Orient.
Des soumis et des ignorants qui condamnent l'ignorance et la soumission
Page 12 démarre un dossier qui offre un argumentaire aux musulmans pour « délaisser l'éducation des mécréants ». L'éducation qui se pratique en France est, d'après nos jihadistes, « un moyen de propagande servant à imposer le mode de pensée corrompu établi par la judéo-maçonnerie. Le but de cette "éducation" est de cultiver chez les masses l’ignorance de la vraie religion et des valeurs morales telles que l’amour de la famille, la chasteté, la pudeur, le courage et la virilité chez les garçons ». Le simple fait de ne pas reconnaître l'islam comme la vraie religion est déjà une bonne raison de nous haïr, semble-t-il.
Notre éducation, toujours selon les jihadistes de Daesh, consiste à « répandre l’ignorance et la corruption morale pour garder le dessus sur la masse et le troupeau inculte et pervers. » Il est amusant d'entendre parler d'entretien de l'ignorance chez des hommes qui de leur côté n'ont lu, en tout et pour tout dans leur vie, qu'un seul livre : le Coran. Tout est censé y être contenu, tout le reste est impie et condamnable. Amusant encore d'entendre condamner la soumission du troupeau (à émanciper ?) par des hommes qui sont tous soumis à un dogme unique, datant de treize siècles et qui, nous allons le voir, haïssent la démocratie, donc l'émancipation du troupeau.
Après son petit couplet sur la judéo-maçonnerie, Daesh renchérit sur les juifs, dans une rhétorique quelque peu conspirationniste (ce qui cadre mal avec la condamnation de ce même péché chez le père Soral) : « Le but de l’éducation dans le système de la jâhiliyah contemporaine est de cultiver chez l’enfant et l’adolescent les plus abjects comportements et de l’affaiblir jusqu’à ce que, enchainé à ses plus vils instincts, il soit esclave des vrais maîtres de l’Occident : les juifs corrupteurs. » Nos amis terroristes, s'ils veulent s'instruire un peu, seraient bien inspirés de lire le livre de Olaf, Le grand secret de l'islam, dans lequel ils découvriront que l'islam est vraisemblablement né de l'enseignement de juifs hérétiques (les judéonazaréens) auprès de tribus arabes, dont Mahomet faisait partie. Le livre fait 96 pages, un résumé en compte 8, et si nos jihadistes n'aiment vraiment pas la lecture, il y a même un micro-résumé de quelques lignes :
Laïcité condamnée et appel à tuer les fonctionnaires de l'Education nationale
On serait tenté de citer pratiquement tous les propos qui suivent, tant ils rendent explicites deux visions du monde (la nôtre et la leur) en tous points opposés. Daesh nous reproche fondamentalement de ne plus nous référer à Dieu pour organiser notre vie individuelle et collective. Il nous reproche notre laïcité et notre démocratie (régime politique dont les lois viennent des hommes et non de Dieu).
Daesh met en garde son adepte : « Le musulman doit savoir que le système éducatif français s’est construit contre la religion en général et que l’Islam en tant que seule religion de vérité ne peut cohabiter avec cette laïcité fanatique. »
Il rejette clairement « les valeurs de la République », qui ne sont « pour le musulman qu’un tissu de mensonges et de mécréance qu’Allah lui a ordonné de combattre et de rejeter tout en déclarant la mécréance de ses adeptes. »
Puis vient une liste précise de tout ce que Daesh rejette dans notre système éducatif :
1- La laïcité est la séparation de la religion et des affaires de l’Etat. Le musulman, lui, sait qu’Allah est Le seul législateur et que quiconque fait des lois, en dehors du cadre du Coran et de la sunnah, est un mécréant...
2- L’Islam n’accepte pas la liberté de conscience puisque le messager d’Allah a dit : « Il m’a été ordonné de combattre les gens jusqu’à ce qu’ils disent il n’y a de divinité qu’Allah... » (...) Quiconque renonce à l’Islam ou apostasie doit être tué.
3- L’Islam est une religion de justice et ne croit pas à l’égalité (...). Les mécréants et les musulmans ne sont pas égaux (...) En outre, les hommes et les femmes ne sont pas égaux...
4- Le prosélytisme est une obligation pour chaque musulman car Allah lui ordonne...
Daesh prévient son lectorat qu'en mettant son enfant à l’école de la République, il lui fait emprunter « les voies des gens de l’Enfer. » Grrrrrr...
Puis vient une nouvelle liste de ce que l'EI abomine en France :
La laïcité et la démocratie, ces fausses religions dont nous avons précédemment amené des preuves de leur caractère de mécréance.
La théorie darwiniste de l’évolution. Cette théorie pseudo-scientifique absurde contredit en tout point le Coran et la sunnah du prophète.
La tolérance et l’humanisme opposés au concept d’alliance et de désaveu. (...) Or, le musulman déteste la mécréance et les mécréants, il les prend comme ennemis comme l’ont fait avant lui les prophètes.
L’interdiction de la prière.
La banalisation de la fornication et de l’homosexualité.
La mixité. Parmi les abominations présentes dans les écoles de la jâhiliyah, la mixité entre les filles et les garçons qui est une porte ouverte vers la fornication.
Le dessin des êtres dotés d’âmes.
La musique.
Alors que faire pour sortir d'un tel enfer ? La première préconisation de l'EI à ses adeptes, c'est de partir pour la Syrie. Pour les autres, qui ne le peuvent pas, la solution est radicale : « Combattre et tuer tous ces corrupteurs. Il devient clair que les fonctionnaires de l’éducation nationale qui enseignent la laïcité tout comme ceux des services sociaux qui retirent les enfants musulmans à leurs parents sont en guerre ouverte contre la famille musulmane. (...) Il est donc une obligation de combattre et de tuer, de toutes les manières légiférées, ces ennemis d’Allah. »
Ce doit être dur de vivre dans la tête de ces dingues, pour lesquels les femmes, la musique, le dessin, la tolérance, l'humanisme, la science, la démocratie représentent l'enfer...
Déconstruire ce nihilisme
On voit bien toute la mesquinerie de ces petites cervelles, qui viennent chouiner en invoquant la légitime défense suite aux frappes françaises en Irak et en Syrie, mais qui ne tardent pas à justifier notre éradication quand bien même nous ne les frapperions pas ; notre mode de vie est la cause ultime de leur guerre à notre endroit. Tant que l'islam le plus radical ne sera pas accepté sur notre terre (française, puis européenne, puis mondiale), et bientôt imposé à tous, ils trouveront une bonne raison de nous considérer comme leurs ennemis (à combattre, à tuer).
N'en déplaise à Michel Onfray, on ne peut pas négocier avec ce type d'idéologie totalitaire, qui n'a pas intégré l'idée que la Terre entière n'avait pas vocation à être une terre d'islam. La cohabitation des civilisations ne semble pas l'intéresser ; elle veut une (anti-)civilisation unique mondiale. A imposer à tout prix. Et encore, le veut-elle vraiment ? On sait que ces jihadistes ont une vision apocalyptique, sont persuadés que nous sommes proches de la fin des temps, et que seuls ceux qui auront rejoint leur califat seront sauvés. Face à des illuminés, difficile de raisonner.
Je vais quand même leur expliquer gentiment l'origine de leur dérive, de leur folie.
Certains hommes ne peuvent pas accepter leur mortalité, leur vanité, et celle de toutes choses. C'est trop triste, trop insupportable. Il doit forcément exister pour eux quelque chose qui ne passe pas, qui ne meurt pas, un absolu : Dieu. Et il faut aussi un moyen d’être lié à lui, de le rejoindre (sinon son existence n’a aucun intérêt finalement).
Pour conjurer l’angoisse de la mort, je dois 1/ poser l’existence d’un absolu, d’un éternel, d'un dieu (de préférence qui a une forme vaguement humaine), et 2/ supposer que je peux être sauvé de la mort par lui. Pour ce faire, je dois 3/ lui obéir (selon un schéma tiré de notre expérience humaine : l'obéissance au chef appelle une récompense), supposer donc qu’il nous ait dit comment agir ; suivre le Coran (supposé parole incréée de Dieu) par exemple. Ainsi, il me récompensera.
Cette logique est nécessairement antidémocratique, puisque je dois obéir à un ordre transcendant, qui s’impose en droit à tous. Pour être sauvé, je dois être pur, suivre les commandements, combattre les impurs, purifier le monde, exterminer les récalcitrants. Tout cela pour complaire à celui qui pourra me sauver.
C’est donc d’une angoisse de la mort, qu’il est incapable de gérer, que l’homme tire toute une construction mentale qui lui permet de justifier l’anéantissement de tous ceux qui ne sont pas ses clones, ceux qui ne pensent pas et n’agissent pas comme lui. Ainsi, la tolérance et la démocratie ne sont possibles qu’avec des hommes qui savent gérer leur angoisse de la mort, et qui savent assumer cette mort, qui n'ont pas besoin d'imaginer un Sauveur éternel qui dicte comment vivre.
Les jihadistes sont décidément amusants de dire qu’ils aiment davantage la mort que nous n’aimons la vie, car leur mort est, dans leur esprit, vie éternelle, rencontre avec l’absolu qui les a sauvé. Ils sont terrorisés par la mort (là est la vérité), et c’est pourquoi elle n’existe pas réellement dans leur esprit. Ce sont des hommes faibles. Et qui ne supportent pas notre force.
Telle est la grande séparation entre les hommes. Entre ceux qui veulent obéir à leur dieu imaginaire pour être sauvé de la mort, et ceux qui ont accepté la mort et qui ont dès lors à construire eux-mêmes leur destin. Entre ceux pour lesquels la liberté est un péché, et ceux pour lesquels elle est une nécessité.
On peut bien sûr aussi concevoir des croyants qui ne considèrent pas que leur dieu leur a construit un carcan à suivre à la lettre, et qui peuvent dès lors être démocrates. Sans une réforme de l'islam, cette option sera cependant difficilement envisageable pour cette religion.
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