Naissance d’un pays émergent : l’Algérie ?
A moins de deux heures de Paris, l’Algérie est à l’aube d’un renouveau important, car le pays a compris que la gestion socialiste d’avant octobre 1988 appartient désormais à un passé réellement révolu.

Après des années grises et noires, qu’a vécues l’Algérie durant les deux dernières décennies du XXe siècle, son économie commence à renaître de ses propres cendres.
En effet, le développement
économique de l’Algérie a connu une accélération significative au cours des cinq dernières
années, avec une croissance exceptionnelle digne des pays émergents, qui se
traduit par les quelques chiffres suivants.
Une dette extérieure rigoureusement gérée, qui ressort à un taux inférieur à 25% du PIB ; une croissance importante supérieure à 5% en moyenne entre 2002 et 2005 ; un pouvoir d’achat en augmentation de plus de 30% en 5 ans -mais qui reste cependant assez faible ; une réserve de change conséquente, qui s’élève à 56 milliards de dollars à fin 2005, correspondant à plus de deux ans et demi d’importation ; un taux de chômage ramené à environ 16%, alors qu’il culminait aux alentours des 30% en 2000.
Cette conjoncture extrêmement favorable a été portée par deux des trois moteurs de l’économie, le principal étant celui des exportations, en croissance de 33% en 2005 par rapport à 2004, dont les produits d’hydrocarbures, qui pèsent pour 97,8 %, soutenus par des cours mondiaux du pétrole à la hausse, et les investissements, principalement du secteur public et des IDE.
Il est clair que les éléments exogènes, c’est-à-dire les cours mondiaux du pétrole et du gaz, indexé sur ce dernier, ont eu un poids significatif dans cette renaissance, et les économistes internationaux prédisent déjà le maintien du trend haussier des prix mondiaux des hydrocarbures dans l’avenir, ce qui devrait faire perdurer le dynamisme de la croissance algérienne au moins encore pour plusieurs années.
Mais aussi sur le plan structurel, des efforts importants ont été fournis, grâce à une politique économique rigoureuse, déclinée par des réformes mises en place récemment de façon accélérée.
L’Algérie est donc à l’aube d’un renouveau important, car elle avance à grands pas vers une économie de marché, et a compris que la gestion socialiste appartient désormais à un passé révolu.
Ce renouveau se concrétise par la construction de bases et d’infrastructures économiques solides, portées par un plan quinquennal 2005-2009 de soutien de relance de l’économie qui est l’un des plus ambitieux au monde proportionnellement à la taille économique du pays, véritable plan « Marshall », doté d’une enveloppe de 60 milliards de dollars, soit un équivalent d’environ 15% du PIB par an et avec comme priorités : 1/ le soutien de l’économique, de l’habitat et du cadre de vie ; 2/ le développement des infrastructures économiques ; 3/ le développement du service public administratif ; 4/ le développement des ressources humaines.
2006, l’an 2 du plan est annoncé comme l’année des réformes et des événements importants pour l’économie algérienne.
Au niveau international, la COFACE (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) a ouvert le bal avec le rehaussement de la notation du pays à A4, contre B précédemment, ce qui signifie que cette dernière a considéré que l’économie du pays était moins fragile qu’auparavant.
Cette année devrait également se concrétiser par l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce qui est aussi une étape très importante pour l’ouverture de l’économie vers l’international.
Au niveau de la politique économique intérieure, l’accélération des réformes en 2006 permettra des avancées majeures en termes de fiscalité, de finance et de privatisation, ainsi un signal clair sera donné aux investisseurs avec l’ouverture du capital de la banque publique CPA -Le Crédit populaire algérien, qui marquera un coup d’accélérateur pour les réformes financières et bancaires.
Mais aussi de nouvelles idées de réformes et de projets peuvent -si elles se concrétisent- créer un dynamisme de croissance complémentaire, par exemple le week-end des samedi et dimanche, ou la réforme du marché de l’assurance de personnes, en l’occurrence l’assurance-vie, et le déploiement des marchés de l’épargne financière.
Cependant, en plus de tous ces signaux très encourageants, l’Algérie devra garder en mémoire qu’elle a encore à relever des défis très importants dans le futur, par exemple :
- Le maintien de la baisse de taux de chômage par la création de l’emploi, et l’amélioration du pouvoir d’achat, ce qui permettra de relancer le 3e moteur de l’économie, « la consommation » et ainsi de créer un cercle économique vertueux.
- Le lancement d’une politique dynamique pour l’émergence d’un secteur privé fort.
- La construction et la mise en production d’infrastructures industrielles privées générant une productivité conséquente, rentable et compétitive dans le contexte de mondialisation que nous vivons.
- Le développement du secteur des services, qui comporte un potentiel de croissance encore considérable dans divers domaines, comme par exemple : les hautes technologies, la finance, le tourisme haut gamme, les telecoms, les services aux entreprises...
- La consolidation d’une politique de long terme, avec comme priorité le développement humain et durable permettant d’acquérir et de cultiver les connaissances, par leurs transferts vers l’intérieur du pays, leur maîtrise par la formation, la recherche et l’innovation, comme le fait la Chine, qui négocie ses transactions internationales par des transferts de connaissances et même parfois au détriment des prix.
L’émergence de l’Algérie sera résolument concrète et effective avec le lancement de cette nouvelle génération de réformes.
Le sera-t-elle pour le prochain plan, à horizon 2009 ? L’avenir nous le dira.
Paris,
le 18 janvier 2006.
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