Narcotrafic, toujours, en Colombie
La Colombie a traversé plusieurs phases dans sa lutte contre le narcotrafic. Dès les années 1970, le pays a connu l'essor de puissants cartels. Malgré quelques progrès médiatisés, la Colombie continue de faire en 2024 avec le narcotrafic, sa principale richesse nationale.
Dans les années 1970, la Colombie, grâce à ses entrepreneurs et à la diversité de son relief, devient un important producteur de marijuana. Entre 1974 et 1982, le pays se spécialise dans le transport et la transformation de la cocaïne, principalement produite au Pérou et en Bolivie, pour ensuite l'exporter vers les Caraïbes et le Mexique. La Violencia, période de violence politique, voit le développement de diverses contrebandes, notamment l'alcool, le tabac, les émeraudes et les stupéfiants.
Cartels de Medellín et Cali (1980-1990)
À la fin des années 1970, le cartel de Medellín, dirigé par Pablo Escobar, commence à se développer rapidement. En 1982, Escobar est élu député suppléant, s'imposant sur la scène politique. Cependant, en 1984, après l'assassinat du ministre de la Justice Rodrigo Lara Bonilla, Escobar entre en guerre avec le gouvernement colombien. La violence s'intensifie avec l'assassinat du journaliste Guillermo Cano Isaza en 1986 et celui du candidat libéral à la présidence, Luis Carlos Galán, en 1989. Le cartel de Medellín tente également d'assassiner César Gaviria, successeur de Galán, en faisant exploser le vol Avianca 203, tuant 110 personnes. Gaviria n'était pas dans l'avion.
En 1991, Pablo Escobar est finalement arrêté, puis abattu en 1993, mettant fin à une décennie de conflit ouvert.
Le cartel de Cali, connu pour sa discrétion, prend aussitôt le relais En 1994, le président Ernesto Samper est accusé de financement de campagne par le cartel de Cali, provoquant une crise politique majeure. Cette période voit également le démantèlement officiel du cartel de Cali en 1995. On s'aperçoit alors de l'étendue de ses liens avec la classe politique colombienne.
Diversification du narcotrafic (1990-2000)
À la suite de la disparition des principaux cartels, de nouveaux acteurs comme le Cartel du Norte del Valle émergent dans les années 1990. Ces groupes, moins centralisés, rendent la lutte contre le narcotrafic plus difficile. Malgré les opérations militaires et à cause du rôle trouble des services de renseignement américains, la Colombie devient le premier producteur mondial de cocaïne au début des années 2000. Le pays domine environ 70 % du marché mondial de la cocaïne, malgré une baisse de la production de 690 tonnes en 1999 à 440 tonnes en 2003.
Lutte contre le narcotrafic (2000-2010)
En 2000, le Plan Colombie est lancé avec un financement de 1,6 milliard de dollars des États-Unis pour « lutter contre le narcotrafic et renforcer les capacités militaires colombiennes ». En 2002, Álvaro Uribe est élu président et lance une politique de « sécurité démocratique ». Sous son mandat, la loi « justice et paix » de 2005 permet la démobilisation de plusieurs milliers de paramilitaires. Cependant, la période est marquée par le scandale des « falsos positivos » en 2008, où des civils sont tués et présentés comme des guérilleros pour gonfler les statistiques militaires. Cette même année, l'armée colombienne libère Íngrid Betancourt et d'autres otages lors de l'opération, largement médiatisée, Jaque.
Accord de paix avec les FARC
En 2010, Juan Manuel Santos est élu président, succédant à Álvaro Uribe. En 2016, un accord de paix historique est signé entre le gouvernement et les FARC, mettant fin à des décennies de conflit. Cependant, lors du référendum organisé en octobre 2016, les Colombiens rejettent l'accord de paix. Un nouvel accord est finalement ratifié en novembre 2016.
En 2018, Iván Duque est élu président, marquant un retour à des politiques plus strictes contre les FARC et autres groupes armés. La démobilisation des FARC entraîne un regain de violence dans les régions autrefois contrôlées par la guérilla, désormais sous la pression des groupes paramilitaires.
Le président actuel, Gustavo Francisco Petro Urrego, est un ancien militant du mouvement de guérilla urbaine M-19. Maire de Bogota de 2012 à 2015, puis sénateur après sa défaite à l'élection présidentielle de 2018, il brigue à nouveau la présidence en 2022, avec la militante écologiste Francia Márquez comme colistière, et l'emporte au second tour avec 50,4 % des voix face à Rodolfo Hernández, devenant ainsi le premier président colombien issu de la gauche. Son élection marque un tournant pour le pays, avec des promesses de réformes agraires, fiscales, et environnementales.
En août 2023, un scandale éclate impliquant le fils aîné de Gustavo Petro, Nicolas Petro, ancien député de la coalition de gauche du Pacte historique. Dénoncé par son ex-épouse, Daysuris Vasquez, d'avoir reçu des sommes d'argent importantes de narcotrafiquants pour financer sa vie de luxe à Barranquilla, Nicolas Petro est placé en garde à vue pour blanchiment d'argent. Il admet ensuite devant la justice que plusieurs milliers de dollars provenant d'un trafiquant de drogue ont servi à financer la campagne électorale de son père...
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