Non monsieur Zemmour (et aux munichois de tous pays), l’Ukraine a été dramatiquement russe 230 ans et non… mille ans !
L'extrême gauche et l'extrême droite française n'a cessé de diffuser -encore aujourd'hui- la propagande de Vladimir Poutine, à savoir que L'Ukraine est russe depuis mille ans. Et que pour cette raison, la Russie a le droit de revendiquer une "neutralisation" de ce pays et une modification de ses frontières au profit de la Russie (la Crimée, le Donbass "élargis" et la côte sud). Ces "munichois" très actifs (y compris sur ce site), s'opposent à la mobilisation de l'impuissante Europe et de la passive OTAN en relayant l'ordre de Vladimir Poutine adressé aux Ukrainiens : "Il faut déposez les armes et négocier". L'efficacité de la propagande Poutinienne sur la russité de l'Ukraine est telle qu'elle a quasiment isolé l'Europe de la majorité des pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie qui ont refusé de condamner l'invasion. Contrairement à l'aveugle certitude péremptoire de la bienpensance occidentale mainstream, du Mexique au brésil à l'Inde ou la Chine en passant par le Mali ou l'Iran (et... la France), la fracture idéologique et diplomatique est dangereusement mondiale.
Donc, S.V.P., retour sur les données historiques un peu trop censurée (y compris sur ce site) :
Lieu d’agriculture et d’élevage depuis l’âge du cuivre, du bronze et du fer, la région de Kiev commerce alors avec les peuples nomades des steppes du Sud (Scythes, Sarmates, puis Khazars) et les colonies grecques bordant la mer Noire.
Réceptacle des peuples nomades et slaves de l’Est
Après l'effondrement de l'empire des Huns au ve siècle après J.-C., des Slaves de l'Est descendent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dans les plaines du Sud, ils recueillent les vestiges de civilisations plus évoluées, véhiculées par les nomades venus d'Asie, les Scythes (viiie-ier siècle avant J.-C.) et les Sarmates (du iiie siècle avant J.-C.-iie siècle avant J.-C. jusqu'à l'invasion des Goths au iiie siècle après J.-C.). Ils entrent en relations avec les Khazars (peuple turque établi aux viie-viiie siècles dans les steppes entre le Don et le Dniepr et en Crimée), et avec les Bulgares de la Volga et de la Kama, également des tribus turques. Ils sont aussi en contact avec les Bulgares des Balkans et les Byzantins.
Développement sous tutelle viking
(de 880 à 980, soit 100 ans)
Kiev devient une étape du commerce entre Constantinople et la Scandinavie à partir du Veme siècle. Après les épuisantes menaces répétées des slaves Drevelianes (à l’ouest de Dniepr) et des slaves Radimitches (à l’est du Dniepr) puis des slaves Magyars, les Slaves Polianes de la région de Kiev font appel au chef scandinave Askold pour que les Varègues (vikings de Scandinavie sous serment d’entraide mutuelle appelé « vár », mais aussi désignés sous le nom de… « Rus ») viennent les aider contre les slaves Khazars. Kiev est conquise par le chef viking Riourik en 880 puis en 882 par le prince viking de Novgorod Oleg le Sage.
Ruthénie : rayonnante civilisation chrétienne byzantine
(de 980 à 1064, soit 84 ans)
Un siècle plus tard, à partir de 980 (soit il y a 1042 ans, parmi les 4 religions de présence (islam, judaïsme, christianisme latin et byzantin), la rus’ de Kiev choisit de se convertir officiellement au christianisme de rite byzantin, sous l’impulsion de la mère chrétienne du prince Vladimir Sviatoslavtich.
En 993, finition de la première cathédrale en dur. Kiev reçoit de la Bulgarie ses cadres ecclésiastiques, ses livres saints et la liturgie slavonne. L'Église favorise l'unification des Slaves de l'Est et le rassemblement de leurs territoires sous l'égide des grands-princes de Kiev.
Sous Iaroslav le Sage (1019-1054), grand bâtisseur et législateur, la Russie kiévienne connaît une brillante civilisation. En 1018, Kiev possède 400 églises et 8 marchés. Lieu de rayonnement d'églises et de monastères d'inspiration byzantine, résidence princière mais aussi centre de production de manuscrits, Kiev brille alors de toute sa splendeur. L'alliance avec la dynastie des Riourikides est recherchée par les principales cours européennes. Le roi de France Henri Ier en fera venir Anne, fille du prince Iaroslav, qu'il épousera en 1049.
Effondrement puis colonisation tatare et mongole
(de 1064 à 1363, soit 300 ans)
Destruction répétée et déclin de la « Rous’ de Kiev » suite à des conflits de succession à partir de la mort de Iaroslav en 1054 et aux invasions par les peuples turcophones de la steppe (les Polovtsi), puis par les tatares et enfin la longue occupation mongole (de 1237 à 1480).
Renaissance sous l’alliance Pologne – Lituanie.
(de 1363 à 1667, soit également 300 ans)
De 1363 à 1667, Kiev fait partie de l'Union de Pologne-Lituanie, qui devient, par l'Union de Lublin en 1569, la République des Deux Nations.
Indépendance sous tutelle Cosaque
(de 1648 à 1764, soit 116 ans)
Révolte des Cosaques de 1648 (Khmelnytskyï) face à la pression catholique excessive. Traité d'Androusovo de 1667, Kiev se place sous le protectorat de Moscou. Cependant, l'Hetmanat cosaque disparaît en 1764 sous le règne de la tsarine Catherine. L’Ukraine est annexée en même temps que disparait la Pologne (partagée en 1795 entre la Prusse, l’Autriche et la Russie).
Eprouvante colonie russe puis soviétique
Forte immigration de peuplement russe en Ukraine depuis Catherine de Russie jusqu'à Staline. Des populations originaires d'Ukraine et de Crimée sont envoyées en Sibérie pour être remplacées par des militaires, des fonctionnaires et des colons russes. Puis l'Holodomor (1932-1933) : 5 millions de morts par famine organisée. Ensuite purges Staliniennes d'après guerre 1945 (+1 million d'hommes de l'armée Vlassov exécutés ou envoyés en Sibérie. 60.000 rescapés). Autant de familles ukrainiennes ayant conservé une mémoire "très négative" de l'occupation russe.
(230 ans)
Ukraine indépendante
(Ephémère indépendance en 1917)
Référendum d’indépendance complète le 1er décembre 1991 ; participation massive et plus de 90% en faveur de l’indépendance.
(30 années de liberté)
NB1 / Le terme « rus » est en rapport avec la gestion viking des principaux lieux stratégiques et de commerce (dont Kiev, première ville reconstruite en dur par les vikings) et n’a dont strictement rien à voir avec les peuples slaves sédentaires ou nomades, occupants parmi d’autres peuples l’axe entre la mer du Nord et la mer Noire. Contrairement à la propagande impériale (tsaristes, stalinienne et aujourd’hui poutinienne), les « rus » n’étaient pas des slaves, de même que les polonais, les lituaniens, les lettons, les bulgares, les tchèques, les slovaques, les serbo-croates, etc., sont slaves mais pas russes. « Rus », « Rhos », « Rous », veut dire « Suédois », Varègue, viking (« Ruotsi » en finnois). La racine du mot ? : rameurs ! Roslagen en Suède signifie « disctrict naval ». « Rusia » (un seul S) signifiait « la terre des Rus » (terme utilisé pour la première fois par l’empereur byzantin Constantin VII au Xe siècle pour désigner les terres sous contrôle Varègue.
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NB2 / Au nord-est de la principauté de Kiev, naissance et développement sous tutelle mongole (pendant 240 ans) de la principauté de Moscou (1253-1547). En 1480, Ivan III, prince de Moscou, s’allie au khan de Crimée Mengli Giray et à Uzun Hasan, sultan des Ak Koyunlu, et refuse de payer le tribut à la Horde d'or. Début de l’indépendance et de l’expansion de la « Moscovie ».
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Ivan le terrible sera le premier Tsar de la Moscovie de 1547 à1584, avant le Temps des troubles (1598-1613) suivie par les premières guerres avec la Pologne (1605-1618), fixant les frontières du tsarat de toutes les Russies (avec les traités de Deulino et de Polanów (1634, confirmant bien l’Ukraine comme hors de la tutelle russe).
En conclusion :
N'écoutez pas les propagandistes pro-Poutine. La fragile Ukraine n’est pas mongole (parce qu’occupée 300 ans), polonaise (parce qu’occupée 300 ans) ou russe (parce qu’occupée 230 ans), mais Ukrainienne tout court (appelée Ruthénie lorsqu’elle rayonnait de sa chrétienté byzantine en 1060, avant les invasions tataro-mongole).
La France et les autres pays ne doivent pas accepter la brutale « politique des sudètes russes » imposée par Poutine. Choisir cette lâche et honteuse attitude munichoise censée nous préserver de la guerre aura exactement l’effet inverse (comme en 1938 avec Adolf Hitler). La reconnaissance du fait accompli par de trop nombreux « idiots utiles » à l’esprit formaté par la propagande de Poutine, et les rôles successifs de télégraphistes isolés proposant une finlandisation d’une Ukraine définitivement amputée (des sortes de « sudètes russes », contre l’avis du gouvernement et du peuple Ukrainien) orchestrent une jurisprudence arbitraire dangereuse, catastrophique pour la paix future entre les Nations.
La seule solution est de maintenir un front international uni face aux exigences impériales de Poutine, et de reconnaitre collectivement l’intangibilité des frontières de l’Ukraine. 30 à 40 pays européens doivent se réunir pour cela hors de l’OTAN en « forum OSCE témoin » de ce principe inaliénable protégeant l’Ukraine, et relancer les accords initiaux de Minsk via, si besoin, aménagements librement consentis et négociés, reformaté si nécessaire pour son future contrôle et soutien.
En attendant de forger d’ici quelques années une solide force militaire internationale expérimentée et crédible (grâce à une agence européenne spécifique, souple et transparente, dont les troupes se mettraient à disposition dans tels ou tels conflits uniquement via volontariat individuel / Réf. Proposition du Think tank SOLution), l’ensemble européen ne représente actuellement pas une force militaire suffisante.
Unie, véritablement unie, la force morale immédiate et l’impacte juridique à moyen et long terme de tous les pays européens peuvent faire hésiter Vladimir Poutine. Et donc permettre une véritable négociation non honteusement « munichoise » comme c’est (semble t’il) actuellement le cas et comme cela a été hélas déjà le cas avec… Erdogan en Syrie et en Haut Karabagh
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En attendant un début de prise de conscience sur les terribles et sanglants dégâts que peuvent générer l'ignorance crasse mélangée à la propagande, voici deux images sur leurs actuelles conséquences :
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Halte au viol impuni du droit international
(que j'avais déjà dénoncé à plusieurs reprises, notamment le 8 Février 2018)
Halte à la haine histériquement et impunément diffusée
(que j'avais déjà déconcée le 30 Octobre 2019)
Halte à la crétine censure et à la guerre.
Bienvenu au véritable débat historique et politique honnête, documenté et apaisé. Paix aux hommes de bonne volonté. Les bombardements doivent cesser. Les chars et autres engins de mort doivent retourner au pays et dans leurs casernes. Les frontières doivent être respectées. Les droits lunguistiques et autres seront plaidés à l'avenir pacifiquement, démocratiquement, de manière civilisée, devant les instances judiciaires nationales, européennes et internationales qui existent déjà et qui ont largement fait leur preuves (Québec, France, Suisse, Belgique, etc.).
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