Noriega : le retour de « Face d’ananas »
Libéré des prisons étasuniennes après dix-huit ans passés derrière les barreaux, l’ancien chef des Forces armées du Panama saura cette semaine s’il poursuivra sa brillante carrière judiciaire dans son Panama natal ou en France. L’occasion de s’interroger sur un point particulier de nos relations avec l’ancien dictateur : l’attribution de la Légion d’honneur il y a vingt ans par la France...
Une dépêche de
Reuters en date du 20 juillet dernier m’informe que le Panama et la France se
disputent l’extradition de l’ancien dictateur panaméen Manuel Noriega,
libérable en septembre prochain après avoir purgé dix-huit ans de prison aux États-Unis pour trafics multiples.
Deux pays ont déposé une demande d’extradition à son endroit : le Panama, bien sûr, pour le meurtre de deux opposants politiques sous sa dictature ; la France qui, en juillet 1999 a condamné par contumace Manuel Noriega et son épouse Felicidad à dix ans de prison chacun pour blanchiment d’argent sale au travers d’opérations immobilières (voir Le Monde du 3 juillet 1999).
La justice étasunienne doit choisir cette semaine vers quel pays expulser Noriega. Selon l’agence espagnole EFE du 20 juillet 2007, l’ex-général semble être devenu encombrant pour le parti actuellement au pouvoir au Panama, le Parti révolutionnaire démocratique (PRD), qui avait soutenu sans faille sa dictature lorsqu’il dirigeait de fait le pays.
En cas d’expulsion vers la France, "Face d’ananas" (ainsi surnommé pour son visage grêlé par la maladie) devra répondre devant la justice française.
En marge de cet épisode juridique, il sera alors temps de se demander publiquement si le général Noriega a bel et bien été décoré de la Légion d’honneur, comme l’affirme l’article de EFE, qui précise qu’elle lui aurait été retirée depuis lors.
Coopérant attaché à l’ambassade de France au Panama en 1986-1987, j’ai effectivement assisté à cette remise de décoration dans les locaux de l’ambassade de France au Panama. J’en garde un souvenir amer, alors que dans la rue l’opposition démocratique se faisait matraquer par les troupes antiémeutes du despote.
Si la réalité de cette décoration se confirmait, il conviendrait de s’interroger sur les raisons françaises de ce que je considère comme une double faute morale : faute pour avoir soutenu un dictateur contre son peuple, mais aussi faute envers tous ceux qui ont été légitimement décorés de la Légion d’honneur pour avoir agi ou donné leur vie. Mon grand-père, mort pour la France en 1940, étaient de ceux-là.
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