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Norodom Sihanouk, le roi cinéaste trop méconnu

La disparition de S.M. le Roi-Père Norodom Sihanouk du Cambodge, le 15 octobre, a été largement relayée par les médias du monde entier. J’ai eu l’honneur d’être l’un de ses amis pendant plusieurs années. J’ai été nommé conseiller auprès de son secrétariat privé et j’ai étroitement collaboré au BMD (Bulletin de Documentation du Secrétariat Privé de Sa Majesté le Roi Norodom Sihanouk du Cambodge), véritable mine d’informations pour ceux qui s’intéressaient au Cambodge. On connaissait beaucoup moins la passion de l’ancien monarque pour le cinéma. Un article sur l’homme d’Etat ne serait pas du tout impartial de ma part.

Souvent qualifiés de navets, en France, les films du roi Norodom Sihanouk du Cambodge jouissent pourtant d'une certaine notoriété un peu partout dans le monde. En novembre 1995, son film "Les derniers jours du colonel Savath" obtenait le Prix Spécial du Festival International de Bruxelles, sous les ovations nourries du public. A Los Angeles, la Meridian Video Corporation propose sur le marché américain plusieurs de ses films les plus représentatifs. Portrait d'un roi cinéaste trop souvent méconnu et ignoré...

Personnage impressionnant par son charisme et sa destinée exceptionnelle, Norodom Sihanouk était aussi un véritable passionné de cinéma. Il a tourné plus de soixante films (longs et courts métrages, documentaires ou de fiction). Aujourd'hui, ces documents nous apparaissent comme des témoignages précieux car ils évoquent le Cambodge des années 60, période souvent qualifiée d'âge d'or, presque complètement détruit par les sombres décennies suivantes.

La passion du monarque remonte aux années 30, lorsqu'il était un brillant étudiant au lycée français Chasseloup Laubat de Saïgon, au Vietnam. Dès l'âge de 18 ans, il s'enthousiasme pour le cinéma hollywoodien en particulier et pour la grande époque du cinéma français. Il vibre pour des acteurs comme Jean Gabin, Michèle Morgan, Clark Gable, Olivia de Havilland, Vivian Leigh, Greta Garbo... En 1941, il devient roi et trouve ainsi les moyens matériels de réaliser ses rêves mais, à l'image de Wiston Churchill et de sa passion pour la peinture, sans jamais laisser son violon d'Ingres empiéter sur le temps qu'il estimait devoir consacrer à son peuple et aux affaires de l'Etat.

Il s'expliquait : "Je n'ai jamais considéré mes films comme un simple divertissement ou une activité essentiellement artistique. Je voulais, et c'est toujours mon désir, montrer mon pays, son passé et son histoire contemporaine, sa culture, son peuple et exprimer mes sentiments à propos de certaines facettes de la vie de notre nation. J'ai également hérité de mon père le goût pour la musique et la composition musicale. A mon tour, j'ai composé la musique de mes films. Chacun de mes films développe un thème particulier. L'histoire d'amour présente dans chaque film joue surtout le rôle d'un fil conducteur. Elle conduit le public à s'intéresser au Cambodge, à sa culture, à ses problèmes, les qualités des "petites gens", les défauts ou les faiblesses d'autres plus fortunés. De cette façon, j'arrive à faire passer plus aisément à travers la fiction, le contenu documentaire de mon propos... Le héros de mes films n'est jamais un acteur, c'est toujours le Cambodge".

Le roi avouait ne consacrer qu'une petite partie de son temps à sa passion. Il se chargeait surtout de l'écriture du scénario et des dialogues, supervisant ensuite la réalisation, mais la confiant à une équipe formée par les plus grandes écoles mondiales du cinéma. La pierre angulaire de sa production cinématographique est la société Khemara Pictures qu'il a créée dans les années 40.

A côté de cette société nationale de production, des compagnies privées existent au Cambodge et produisent presque essentiellement des films de fiction. Mais leur survie est difficile, face à la concurrence des films de Hong Kong, Taïwan ou de Thaïlande (principalement des films très populaires dans la tradition du kung-fu). Leurs productions sont immanquablement influencées par cette tendance et ne favorisent pas l'émergence de courants artistiques propres au Cambodge.

Néanmoins, un cinéaste cambodgien, Rithi Panh, créait l'évènement au Festival de Cannes 1993 avec son film "Les gens de la rizière", qui révèlait un véritable auteur et portait un regard original et authentique sur le Cambodge actuel.

Giuseppe Di Bella,

Conseiller honoraire du Secrétariat de feu S.M. le Roi Norodom Sihanouk du Cambodge,

Chevalier de l’Ordre Royal du Sahametrei.


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9 réactions à cet article    


  • Rensk Rensk 18 octobre 2012 14:49

    Que vous ne vous intéressiez point aux autres pays n’est pas de la faute du Cambodge...


  • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe Di Bella 18 octobre 2012 15:03

    @ eldelweiss

    Il semble que vous n’ayez aucune connaissance de l’histoire du Cambodge et du souvenir que laisse le roi Norodom Sihanouk auprès de son peuple !


  • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe Di Bella 18 octobre 2012 18:19

    Votre commentaire confirme encore une fois votre méconnaissance totale de l’histoire du Cambodge !

    Vous trouverez des sources d’informations dans mon article hier consacré à Norodom Sihanouk et son rôle le mouvement du non-alignement.


    • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe Di Bella 18 octobre 2012 18:59

      Version trop simpliste et caricaturale de la complexité des faits historiques.


    • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe Di Bella 18 octobre 2012 19:40

      @ eldelweiss

      Arrêtez de me prendre pour un idiot à chaque fois que vous intervenez. Pourtant, il ne s’agit pas d’un article consacré à l’homosexualité...

      Lisez quelques bon ouvrages sur cette période de l’histoire tourmentée du Cambodge et sur la personnalité de Norodom Sihanouk avant d’essayer de me prendre en défaut à chaque fois ! Ayant eu accès à la correspondance privé de Norodom Sihanouk et à certains documents, je maîtrise assez bien le sujet,


    • Surya Surya 18 octobre 2012 18:33

      Bonjour Giuseppe,

      Je n’ai vu aucun film de Norodom Sihanouk et je crois que ce serait intéressant de les voir. Je n’ai trouvé que quelques courts extraits sur internet. Connaissez vous un lien ? Savez vous si certains ont été détruits durant les années noires, ou s’ils ont tous pu être préservés ?


      • Surya Surya 18 octobre 2012 18:52

        Ps : je viens de trouver ce très intéressant documentaire, que je suis en train de visionner. Mais je suis sûre que vous le connaissez déjà.

        http://www.youtube.com/watch?v=fCEMEOBA—o


      • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe Di Bella 18 octobre 2012 19:06

        Effectivement, je connais déjà. Il est assez intéressant. Il y a quelques années, Frédéric Mitterrand et sa fille Marie avaient réalisé un très bon documentaire sur la cinématographie de Norodom Sihanouk. Mais celui-ci n’est disponible que sur le site de l’INA, en version payante.


      • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe Di Bella 18 octobre 2012 18:58

        Bonsoir Surya,

        Il n’existe pas de lien, à ma connaissance, d’un site qui diffuse les films de Norodom Sihanouk. Le Cabinet royal envoyait toujours gracieusement des DVD des films à ceux qui en faisaient la demande.

        J’aborde le sujet de la cinématographie de Norodom Sihanouk dans mon manuscrit. Je ne sais pas si je vais le faire publier, je dois vous l’avouer.

        Il y a plusieurs films dont il n’existe plus aucune copie et qui ont été détruits sous le régime de Lon Nol : « Apsara », « Preah Vihear », « Phèdre Khémara », « Un bonheur évanescent » et « Tonnerre sur Koh Kong ».Il n’en reste que quelques photographies qui avaient été publiées dans la revue « Kambuja », dans les années 60.

        J’étais présent, en compagnie du prince Norodom Sihamoni, aujourd’hui roi du Cambodge, lors de la projection du film « Les derniers jours du colonel Savath », à Bruxelles. L’accueil du public avait été enthousiaste. Le soir même, le roi Sihanouk m’avait téléphoné pour connaître les réactions du public lors de la projection de son film. Ca reste un très bon souvenir.

         

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