Oh my God, God, God !
Oh my God ! Le discours du président de la République, prononcé hier devant les chambres des Communes et des Lords, exceptionnellement réunies dans la galerie royale de Westminster, a-t-il été écouté, sera-t-il entendu, marquera-t-il les mémoires françaises ? Le président de la République française a notamment dit ceci à ses auditeurs britanniques : "Vous êtes devenus pour nous un modèle, une référence, et nous devons nous inspirer de ce que vous avez su faire, quelle que soit la couleur de vos gouvernements ces vingt ou trente dernières années."
Oh my God God ! Pour parler franc, même moi, affreux thachéorido-blairiste, situé par les plus éminents politologues de ce pays à la droite de M. Sarkozy, je n’aurai jamais pu écrire cela. "Modèle", "référence" sont des mots qui devraient être bannis du vocabulaire politique. On peut faire, à propos de la Grande-Bretagne, un constat. Ce pays a mieux anticipé le mouvement de mondialisation que nous ne l’avons fait nous-même. En ce sens, ai-je déjà écrit ici, la Grande-Bretagne a triomphé de la France supérieure dans un match imaginaire qui se serait déroulé sur une trentaine d’années. Mais il existe outre-Manche suffisamment de difficultés et de problèmes pour que ce pays et la démarche qui furent la sienne ne soient pas présentés comme des "modèles".
Oh my God God God ! Par ailleurs, il est notoirement, franchement, évidemment, excessif d’affirmer que ce "modèle" soit devenu, chez nous, pays du coq, une "référence". En réalité, ce fut, c’est, et sauf conversion extraordinaire et soudaine, ce sera un repoussoir. Thatcher, Blair et Brown, c’est cela dans le débat public français : pouahhhhhh, beuuuurk, ouuuuuuuuuh... J’ai toujours pensé, moi, personnellement, que notre suffisance et le sentiment irréfragable de notre propre supériorité sur le reste de l’univers avait quelque chose d’insupportable. Ceci dit, n’en rajoutons pas. Pas que maoïstes hier, il n’est conseillé aujourd’hui de devenir blairiste. Si nous nous contentions d’arrêter de nous raconter des histoires et si nous faisions preuve de davantage de réalisme, si nous mettions un terme à la litanie des mensonges qui encombre notre débat public, ce serait déjà une avancée extraordinaire. Pas la peine d’en rajouter en cessant d’être Français pour devenir Anglo-Saxon.
Who ? Une enquête serait utile. Qui donc a écrit ce discours à l’Elysée ? Un diplomate ? Un philosophe ? Un étourdi ? Est-il envisageable qu’Henri Guaino, ex-pourfendeur des maastricheries et ennemi déclaré de l’horrible M. Trichet, ait pu écrire cette ode au libéralisme anglo-saxon ? Et si d’aventure c’était lui, l’a-t-il fait de son propre chef sans en penser le premier mot, parce qu’on le lui a demandé ainsi ? Le plus drôle dans cette histoire, c’est que pour l’instant, personne ne paraît avoir entendu ce discours en France. A Londres même, il a dû partager les auditeurs entre rigolade et incrédulité. En France, la dénonciation devrait fuser, de droite et de gauche, de l’UMP et du PS, des gaullistes et des marxistes, du Nouvel Obs et de Marianne, de Jean-François Kahn et de Serge Maury, comment ?, vous ne connaissez pas Serge Maury, ah comme c’est drôle...
Nice.
Sinon, Carla Bruni était très bien à Londres, très belle, très classe,
très tout. Ce n’est visiblement pas le prince Philip qui dira le
contraire. Interrogée ce matin sur RTL dont elle était l’invitée,
Ségolène Royal a refusé de livrer le moindre commentaire sur l’épouse
du chef de l’Etat. C’est son choix, c’est son droit. Mais c’est aussi
un peu artificiel. Sinon, en sortant du studio, la responsable
socialiste a eu ce mot à mon égard : "Vous avez été gentil." Je ne
sais toujours pas s’il s’agit d’un compliment ou d’une vacherie et je
livre cela à la sagacité de ceux qui me trouvent sarkozyste et de ceux
qui me pensent royaliste.
Broke.
Sinon, je vous le confirme, les caisses sont vides. Les Échos de ce
matin assurent que le déficit budgétaire 2007 frôlera les 3 % du PIB. Ce
ne sont jamais qu’une presque cinquantaine de milliards d’euros qui
s’ajouteront à la montagne d’argent que l’on doit déjà à des banquiers
prêteurs qui nous le feront payer très cher. Même Ségolène Royal a
convenu, ce matin, que les caisses françaises étaient vides de chez
vide. Voilà au moins un point de consensus. D’où la question : comment
les remplir ? Suggestion : et si on demandait à Tony Blair ?
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