A coups de millions de dollars qu'il distribue pour financer des projets de développement locaux et orchestrer sa communication, le puissant milliardaire géorgien Bidzina Ivanishvili part à la conquête du pouvoir. Après les législatives d'octobre 2012, Ivanishvili mise sur la présidence pour 2013.
Ivanishvili a aussi une particularité notable : il n'est pas né russe mais géorgien. Parti au bon moment de son village natal de Chorvila pour faire ses études, Bidzina Ivanishvili est issu d’un milieu modeste. Aujourd'hui,
l'homme le plus puissant de Géorgie veut véhiculer l’image d’un philanthrope. Avec son mouvement
Georgian Dream, Ivanishvili veut donner à la Géorgie l’image d’un pays voué au développement pour le bien-être de ses citoyens, et dans la concorde avec ses voisins.
Depuis son immense palais de verre sur les hauteurs de Tbilissi, Ivanishvili mène campagne pour l'élection législative d'octobre 2012, un scrutin qu'il considère comme une passerelle en vue de l'élection présidentielle de 2013. Rencontrant un écho certain auprès de l'opposition, Ivanishvili a vendu une part de ses actifs en Russie pour financer son mouvement, mais surtout pour subventionner généreusement des secteurs entiers de la vie du pays. Écoles et universités, infrastructures sanitaires et hôpitaux, musées et même une Église orthodoxe géante dont il a financé la construction : tout y passe pour cette campagne électorale qui n'a pas de prix.
Dans sa ville natale de Chorvila par exemple, on ne sait plus que faire des subventions accordées par Ivanishvili : des universités aux musées en passant par les écoles, le milliardaire arrose les lieux publics.
La politique selon Ivanishvili sait se passer de toute déontologie. En vue du scrutin, les cadeaux pleuvent sur des pans entiers de la population dont il veut obtenir le vote : téléviseurs ou machines à laver distribuées aux familles sont les armes mobilisées par Ivanishvili dans la conquête du pouvoir.
Au-delà de ce scrutin, l'image de Bidzina Ivanishvili souffre d'une réputation sulfureuse dans ses affaires. Une vilaine
histoire de trafic de diamants en Angola qui lui vaut quelques ennuis avec les autorités canadiennes et les conditions particulières de la vente de ses actifs en Russie à des tarifs anormalement avantageux ferait de lui une marionnette du Kremlin.
Mais dans un pays encore traumatisé par la guerre de 2008 et la sécession de fait de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, faire revenir purement et simplement la république caucasienne dans le giron de Moscou inquiète. C'est pourtant, semble-t-il, l'objectif d'Ivanishvili qui prend ses distances avec l’Ouest. Quelles que soient les promesses et prodigalités d'Ivanishvili pour parvenir à ses fins, il est peu probable que le peuple géorgien morde à l’hameçon.