Ouattara est-il le président légitime ?
Premier article d’une série de 4 papiers sur la situation de la Côte d’Ivoire. Ici sont traitées les questions liées à la légitimité de Ouattara. Cependant, si Ouattara est le président légitime, Gbagbo a-t-il totalement tort de se réclamer comme le plus patriote ? La communauté s’ingère-t-elle dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire ? Quelles voies de sorties ?
Ces articles se présenteront sous formes de questions réponses. Questions posées ici et là sur divers sites/forums internet. J’espère que ces réponses permettront une meilleure compréhension de la situation de ce pays dont les habitants ne souhaitent que la paix et le développement.
1. Cette situation de blocage était prévisible ! Pourquoi a-t-on organisé des élections dans un pays occupé de moitié par des rebelles ?
L’ONU a fait une erreur en organisant les élections dans ces conditions, comme la situation d’aujourd’hui nous le montre. A noter cependant qu’un partisan de Ouattara pourrait dire aussi que la moitié sud est occupée par un autre les forces loyalistes à la « solde de Gbagbo »…
Dans tous les cas, comme l’a dit le président du patronat ivoirien, ces élections ont « trompé » les ivoiriens. Un diplomate de l’ONU disait aussi que les dirigeants politiques ivoiriens se « racontaient des histoires, racontent des histoires aux ivoiriens et racontent des histoires à la communauté internationale ». En fait, l’ONU aussi se racontait des histoires. En effet, le calcul qui avait été fait par l’ONU était que le problème de la Côte d’Ivoire était essentiellement politique : depuis une quinzaine d’années toutes les forces politiques du pays n’étaient pas autorisées à participer au débat politique de manière équitable. La solution s’imposait donc d’elle-même : organiser des élections libres auxquelles toutes les forces en présence pouvaient participer.
2. Depuis quand est-ce l’Onu qui valide les résultats des élections ?
Depuis que l'accord politique de Ouagadougou (signé par L Gbagbo notamment) a prévu que ce soit l'ONU qui certifie le résultat final des élections. Cela s'est aussi produit (dans des conditions différentes il est vrai) au Kosovo et au Timor Oriental.
3. Selon la constitution ivoirienne, c’est le Conseil Constitutionnel Ivoirien qui valide les résultats. Pourquoi ne pas tenir compte de sa décision ?
Pour deux raisons essentielles :
a. le CC a pris une décision dangereuse pour l'unité nationale : quelle réaction voulez vous que les 500.000 ivoiriens qui sont dans les zones nord où les votes ont été invalidés aient ? Cela d’autant plus que la principale (la seule ?) revendication politique des rebelles ivoiriens est que les habitants du Nord de la CI ne sont pas considérés par les sudistes comme des ivoiriens.
b. la décision prise par le CC est illégale. Consultez l'article 64 du code électoral : « Art 64. - Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d'ensemble, il prononce l'annulation de l'élection. La date du nouveau scrutin est fixée par décret en Conseil des ministres sur proposition de la Commission chargée des élections. Le scrutin a lieu au plus tard quarante cinq jours à compter de la date de la décision du Conseil constitutionnel. »
4. Pourquoi refuser de prendre en compte les fraudes qui ont eu lieu dans les zones CNO ?
Il y a certainement eu fraude dans les zones CNO, comme partout en Afrique il y a des fraudes lors des élections. En Occident également il y a des fraudes importantes comme aux USA en 2000 ou mineures comme en France en 2007 (cf. Décision du Conseil Constitutionnel de Proclamation présidentielle 2007 du 10 mai 2007). Néanmoins la question n’est pas de savoir s’il y avait des fraudes ou non, mais plutôt si ces fraudes permettent d’inverser le résultat des élections ou non ? A ce moment quatre éléments m’incitent à penser que la réponse est non.
a. Comme précisé par le RHDP et par l’ONU, des fraudes ont également eu lieu dans la partie Sud
b. L’ONU a précisé que ces fraudes sont insuffisantes à modifier le résultat des élections
c. Dans la région des lacs (Yamoussoukro), fief du PDCI dont les résultats n’ont pas été contestés par LMP au 2ème tour, le report des voix en faveur d’ADO est net : ADO est passé de près de 27000 voix à 129000 voix et Gbagbo de 23000 à 32000
d. Les résultats d’ADO dans les zones CNO du premier tour n’ont pas été contestés par LMP et même si tous les reports de voix avaient été en faveur de Gbagbo dans les régions contestées (Savanes, Vallée du Bandama, Worodougou), ADO aurait gagné, de très peu, mais gagné tout de même au second tour avec 32000 à 44000 voix d’avance (en fonction de la base de votants choisie : 1er tour ou 2nd tour).
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