Palestine en deux Etats …. ?
La Palestine en deux Etats, ou … une manipulation en deux phases ?
Un Etat confessionnel a été créé en Palestine en vue (selon un projet arrêté en 1897) d’être peuplé par des personnes se réclamant du judaïsme et venant d’Europe pour la plupart.
Les habitants qui se trouvaient là, ont contesté en vain cette création puis l’extension continuelle de celle-ci..
L’idée a été lancée (v. le plan de partage voté par l’assemblée générale de l’ONU en 1948) que sera créé un Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israël.
Cette perspective a été acceptée par les Etats de la région. Et par les Palestiniens chassés de ce qui avait été chez eux ou vivant désormais … chez les Israéliens avec des droits minorés.
Ce qui fait que cet espoir à réalisation future et aux conditions non arrêtées, a fait admettre implicitement puis explicitement l’existence du premier Etat, tel qu’il était (Etat de type colonial fondé sur une religion et/ou sur une communauté) à ceux qui n’en voulaient pas. (Première phase).
Puis, le gouvernement israélien a constamment étendu le territoire contrôlé par Israël et a fait en sorte « d’importer », autant qu’il l’a pu, de nouveaux habitants de la même confession.
Parallèlement il a refusé toutes les occasions qui se sont présentées d’accepter la naissance d’un Etat palestinien. Tout en se gardant de rejeter ouvertement le principe de ce deuxième Etat. (Deuxième phase en cours).
Le report itératif de la date de la création de l’Etat palestinien, a donné (et donne encore actuellement) du temps à Israël pour « grossir » territorialement et humainement. Territorialement, jusqu’aux frontières auxquelles ses dirigeants travaillent avec l’implantation incessante de colonies. Humainement, en accueillant sans cesse plus de migrants pour maintenir un différentiel de population et pour peupler le territoire avec des gens à lui. Si possible de manière irréversible.
Il n’est donc pas déraisonnable de penser, dans une approche rétrospective, que la perspective d’un « Etat juif » et d’un Etat qui ne le serait pas, sur la même terre, n’a peut-être été qu’un argument tactique au service d'une stratégie menant au grand Israël
Car à force de déplacer les frontières, les dirigeants d’Israël ne laissent plus de place pour un deuxième Etat.
Ce qui nous paraît rendre crédible l’hypothèse que les discours sur les deux Etats puissent s’analyser, il faut oser le mot, en une manipulation. Reste à savoir depuis combien de temps : dès l'origine ou après ?
Manipulation, au demeurant banale quant à la technique utilisée, mais dans laquelle les opinions publiques sont, le cas échéant, magistralement tombées.
Le discours sur les deux Etats durera sans doute un certain temps encore, puisqu’Israël est toujours un élément du dispositif du contrôle du marché pétrolier de la région. Et qu’il reste au gouvernement ce cet Etat en expansion constante, à gagner encore quelques hectares.
Reste à savoir, le jour venu, comment sortir de la situation née du processus de colonisation, lancé comme il a été dit ci-dessus en 1897, accepté en 1948 par les Etats qui comptaient, et poursuivi depuis.
Il y a trois possibilités logiques ( *) (**) .
1/ Le « grand » Israël. Les Palestiniens acceptent d’y être des sortes de sous-citoyens en raison de leur non appartenance à la religion fondatrice de l’Etat. Et / ou acceptent de vivre dans des sortes de « réserves » dans lesquelles ils auront quelques pouvoirs d’auto administration. Et desquelles ils sortiront s’ils peuvent se faire embaucher par les Israéliens. Par ailleurs les Palestiniens contraints à l’exil ne rentrent pas.
2/ Le départ en masse des colonisateurs ou de leurs descendants. Ne restant sur place qu’une infime minorité des personnes venues d’Europe et d’ailleurs.
3/ La transformation de l’existant par le changement de la forme du gouvernement : La Palestine devient un Etat (unique puisqu’il n’y a plus de place pour un second) démocratique (qui donne à chacun les mêmes droits quelle que soit son appartenance religieuse ou communautaire), et laïque (et qui assure le respect des croyances de chacun).
Les dirigeants auront certes à gérer des problèmes transitoires, consistant notamment à faire une synthèse entre des intérêts ou des droits dont le caractère contradictoire est survenu compte tenu du facteur temps (cas, par exemple, d’une maison revendiquée à la fois par le colon qui l’occupe et son ancien propriétaire qui en a été chassé).
Mais beaucoup de ces problèmes potentiels se régleront d’eux mêmes. Il est probable que nombre des Palestiniens installés depuis longtemps à l’étranger y resteront. Il est possible que des citoyens de l’actuel Israël qui ne supporteront pas de vivre dans un Etat non confessionnel, ou qui craindront que leurs anciens dominés partageant les postes gouvernementaux, ne prennent des décisions qui leurs soient moins favorables, préféreront partir.
Les deux premières solutions ne paraissent pas réalistes. Elles auraient des conséquences humaines terribles.
Il reste (sous réserve de l’hypothèse du remodelage des frontières des Etats de la région) la troisième (**) . Qui pourrait être de nature à apporter (sauf aux radicaux des deux bords) une solution. D’autant que cette option a été expérimentée lors de la décolonisation de l’Afrique du Sud.
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités
sec. gl. de l'UTD
(*) A moins que ne s’opère un remodelage complet de la région. Remodelage (probablement imposé de l’extérieur et après l’organisation d’une situation permettant de l’imposer) dans lequel Israël subsisterait, et qui attribuerait aux Palestiniens un Etat pris sur le territoire d’un ou de plusieurs Etats limitrophes actuels.
(**) que nous avançons avec prudence : « L’art de la prévision est difficile surtout quand il concerne l’avenir »
(Pierre Dac)
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