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Papouasie-Nouvelle-Guinée : le boulet tribal

La Papouasie-Nouvelle-Guinée, une nation située dans le Pacifique Sud, vit un paradoxe. Ancienne colonie australienne ayant obtenu son indépendance pacifiquement en 1975, elle est devenue membre du Commonwealth des nations. Sa position stratégique dans l'océan Pacifique attire les investisseurs chinois et l'attention des grandes puissances mondiales. Mais sur les hautes terres, les populations isolées restent engluées dans des conflits tribaux d'un autre âge, où les armes modernes remplacent les javelots d'antan.

Les Hautes Terres de la Papouasie-Nouvelle-Guinée sont livrées aux violences tribales. Le 18 février 2024, le village d'Akom, situé dans la province d'Enga, a été le lieu d'un affrontement sanglant entre les tribus Sikin, Kaekin et Palinu contre les tribus Ambulin et Sau Walep. Ces violences ont éclaté après que la tribu Ambulin a appris qu'une attaque potentielle était prévue contre elle. En réponse, elle a tendu une embuscade dans le village d'Akom, entraînant la mort d'au moins 49 personnes. Les autorités peinent à récupérer les corps en raison du terrain difficile et des tensions persistantes.

Ce conflit n'est pas un incident isolé. Les violences tribales, alimentées par des conflits fonciers de longue date et des alliances tribales complexes, sont courantes. Cependant, ce qui était autrefois des batailles menées avec des lances et des flèches est maintenant transformé par l'usage d'armes modernes comme les M16 et les AR15. Ces armes, souvent fournies par des hommes d'affaires ayant des liens familiaux avec les tribus en guerre, augmentent dramatiquement la létalité des affrontements. La diffusion rapide des rumeurs et des appels à la violence via les smartphones et les réseaux sociaux exacerbe encore la situation.
 

Réponse Gouvernementale et Internationale

Face à ces mœurs d'un autre âge, le gouvernement papou-néo-guinéen a déployé des équipes de sécurité supplémentaires. Cependant, le pays souffre d'un ratio policier/population extrêmement bas, avec seulement 6 000 policiers pour une population de plus de 8 millions d'habitants, soit environ un officier pour 1 333 habitants, bien en dessous de la recommandation des Nations Unies d'un officier pour 450 habitants. Cela rend le maintien de l'ordre particulièrement difficile, surtout dans les zones rurales.

En réponse aux violences, le parlement tente d'adopter une législation pour donner plus de pouvoirs aux autorités afin de contrer les actes de violence. Cependant, les ressources limitées et la géographie accidentée de la Papouasie-Nouvelle-Guinée compliquent ces efforts.
 

Sur l'Échiquier Géopolitique

Et le problème est que la Papouasie-Nouvelle-Guinée pourrait être prospère, ne serait-ce que parce qu'elle est devenue un point focal des rivalités géopolitiques dans le Pacifique Sud. En 2023, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a signé un accord stratégique avec les États-Unis, permettant à l'armée américaine d'accéder à six ports et aéroports sur son territoire. Cet accord renforce la présence militaire américaine dans la région, offrant aux États-Unis des bases avancées pour le déploiement de troupes et de matériel. Les États-Unis auront également l’usage exclusif de certains périmètres, où ils pourront construire leurs propres installations militaires.

Cette collaboration avec les États-Unis s'inscrit dans une stratégie plus large visant à contrer l'influence croissante de la Chine dans le Pacifique Sud. La Chine, de son côté, a également manifesté un vif intérêt pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée, investissant massivement dans des projets d'infrastructure et cherchant à renforcer ses liens économiques et diplomatiques. Tout cela se monnaye et pourrait rapporter beaucoup d'argent aux industries locales en papouasie-nouvelle-guinée.

 

Un Avenir Incertain

Mais les problèmes internes pourraient bien tout fiche par terre. Les violences tribales, alimentées par des rivalités ancestrales incompréhensibles et exacerbées par des armes modernes, continuent de déstabiliser le pays. La capacité du gouvernement à maintenir l'ordre et à instaurer une paix durable semble limitée par des ressources insuffisantes et une infrastructure inadaptée.

Alors que la Papouasie-Nouvelle-Guinée se trouve à la croisée des chemins entre des mœurs d'un autre âge et une opportunité géopolitique, la question demeure : pourra-t-elle surmonter ses défis internes et tirer parti de son positionnement stratégique pour assurer un avenir prospère pour ses citoyens ?

 


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4 réactions à cet article    


  • leypanou 6 juillet 2024 11:17

    Une fois de plus, les États-Unis sont présents là-bas, comme aux Philippines aussi.

    Une question qu’on pourrait se poser, y a-t-il encore des pays où ils ne sont pas présents d’une manière ou d’une autre ?


    • christophe nicolas christophe nicolas 6 juillet 2024 12:27

      Ah, le gentil papou et le gentil kanak...

      https://www.egaliteetreconciliation.fr/Cannibalisme-kanak-les-tribus-garde-manger-76107.html#forum3389305

      La question est :

      Sont-ils définitivement sevrés et ont-ils compris le message Christique de la nécessité de sacrifier de sa personne pour dénoncer les dérives pour éviter de retomber dans les mauvaises moeurs tribales.

      Eucharistie contre cannibalisme, that-is the question !

      Et à ce propos, si les hauts prélats pouvaient arrêter de « manger » les saints, ça ferait plaisir au Christ :

      https://www.madredelleucaristia.it/root/fra/jou/page/ART_FATIMA_BIS.php


      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 6 juillet 2024 13:12

        Et les gentils musulmans qui ont massacré au Timor oriental , c’étaient pas des « sauvages » ?


        • xana 8 juillet 2024 17:38

          Ouais...Si on fait le décompte des morts en nouvelle calédonie, il ne faudrait pas oublier les plus nombreux : ceux qui ont été tués par la tribu Française...

          Oh, ce n’était pas un oubli ?

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