Pascal LAMY annonce une organisation mondiale de la finance pour 2013
Pascal LAMY, Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC, ex-GATT), annonce qu’il faudra environ cinq à six ans pour mettre en place une finance mondiale aussi bien régulée que ne l’est actuellement le commerce mondialisé.
Cette annonce, qui intervenait à la veille du colloque sur la réforme du capitalisme mondial coorganisé à Paris par le Président de la République française, Nicolas Sarkozy, et le Premier Ministre britannique, Tony Blair, a été faite ce matin, mercredi 7 janvier 2008, à 8h20, sur la radio française de service publique, France Inter.
Dans cette série de questions réponses avec les journalistes et les auditeurs, M. LAMY estime que cette évolution est indispensable pour sortir de la crise actuelle, les politiques de relance initiées depuis cet automne par les gouvernements devant être poursuivies, mais ne pouvant pas, selon lui, constituer la réponse définitive au problème.
Le directeur général de l’organisation mondiale du commerce critique le capitalisme (et notamment ce qu’il appelle les "trous dans le système", par exemple les paradis fiscaux) et apporte des réponses qui, si on les rapproche d’autres anonces récentes, notamment celles de Jacques ATTALI sur France 2 le novembre dernier, annoncent la marche du monde vers un nouvel ordre mondial, caractérisé par l’institution de ce qu’on ne peut qualifier autrement que du terme polémique de "gouvernement mondial".
Contrairement à l’impression que son action en tant que commissaire européen, puis comme directeur général de l’OMC aurait pu donner, Pascal LAMY ne pense pas que le capitalisme soit le seul système économique viable.
Pour autant, M. LAMY, n’a pas précisé si des pistes de recherche sérieuses étaient ouvertes selon lui dans cette voie.
"Ce n’est pas parce qu’on n"a pas trouvé d’alternative efficace au capitalisme qu’il faut cesser d’en chercher une (...) car on sait depuis maintenant 200 ans que ce système est trop injuste" a-t-il déclaré.
En revanche, il estime qu’il n’est pas possible de continuer à faire fonctionner le monde, dont le commerce et la finance sont totalement mondialisés, en se passant d’une régulation mondiale du secteur financier, mais aussi de la redistribution des richesses, deux domaines dont l’imparfaite régulation est à l’origine des injustices prêtées à tort au système capitaliste.
A cet égard, il a indiqué que les politiques de relance coordonnées devaient être poursuivies par les états, le temps de mettre en place une sorte d’organisation mondiale de la finance, mais qu’elles ne constituaient pas une solution définitive aux problèmes rencontrés. Il a précisé qu’il faudrait de cinq à six ans pour que le monde dispose d’une finance mondiale aussi bien régulée que ne l’est actuellement le commerce mondialisé.
S’agissant de la libre concurrence et du fait de savoir si ce principe était bon pour l’économie de la planète, M. LAMY a demandé de ne pas confondre la libre concurrence, principe défendu par l’organisation mondiale qu’il dirige, qui est bonne pour l’économie dés lors qu’on considère que le système économique actuel, dans lequel les différents producteurs et consommateurs recherchent la plus grande efficacité, est le meilleur possible, et les problèmes issus de la redistribution des richesses.
Pour lui, la redistribution des richesses, actuellement de la responsabilité politique des états-nations, gagnerait a être envisagée et régulée au niveau international, dans un cadre mondialisé. Il s’agit là, ni plus, ni moins de l’idée qu’il faut remettre le pouvoir de décision politique à une instance mondiale, qu’on ne peut, quoi qu’on fasse, pas dénommer autrement que par le terme de gouvernement mondial.
D’un point de vue strictement économique, pour Pascal LAMY, les alternatives au libre-échange existent : il s’agit des phénomènes de cartel, de position dominante et d’ententes, mais aucune d’elle ne constitue une solution viable pour l’économie.
S’agissant de la pression intolérable exercée à la baisse sur les salaires occidentaux par la faiblesse des salaires chinois, M. LAMY, qui pense que le système créé de toutes façons globalement plus d’emplois qu’il n’en détruit, oppose trois faits, qui atténuent selon lui la portée des dégâts ressentis :
- ce phénomène ne porterait que sur une petite partie de l’économie ;
- la faiblesse des salaires chinois serait en partie compensée par l’infériorité de la productivité chinoise
- à terme, l’accroissement des salaires chinois redistribuerait du pouvoir d’achat aux salariés occidentaux...
S’agissant de la décroissance : il s’agit d’une utopie des années soixante, reprise par les écologistes avec un certain succès, mais les pays en voie de développement ne voudront jamais de cette utopie.
S’agissant des tentations protectionnistes, que certains analystes de la vie publique américaine pourraient prêter à Barack OBAMA, il estime que le protectionnisme ne serait pas la bonne réponse à un réel problème américain, qui est provoqué par une protection sociale US insuffisante. L’Europe est pour lui mieux armée de ce point de vue pour affronter, dans le contexte actuel d’ouverture des marchés, les turbulences qu’entraînent les fluctuations de ces derniers mois.
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