Permis de tuer

En Syrie l'indicible est roi, plus que le roi, la mort est à chaque coin de rue, pour qui ne veut pas se taire. Lattaquié la ville portuaire est assiégée par l'armée et la proie des sbires de Bachar El Assad. Les colonnes de fumée sont aussi celles de nos médias fiévreux, peu enclins à dénoncer les exactions des protecteurs de l'ordre supérieur mondial.
Des milliers de morts sont le tribu de notre indifférence, notre honte, la traduction du mépris onusien, combien en faudra-t-il encore pour éveiller ce corps insensible ?
Qui ne dit mot consent, comment interpréter autrement le mutisme, l'immobilisme de l'ONU ? La Syrie ne menace nullement les puits de pétrole, elle sert d'alibi en or à Israël, le pouvoir est armé par Poutine et ne coute pas un sou à l'occident. Tout baigne en Syrie, ce ne sont pas quelques révoltés en guenilles qui vont jeter le trouble dans ce jeu sordide des équilibres discrets.
Tant que la vague révolutionnaire dans les pays arabes ne touchait ni les intérêts pétroliers, ni la primauté militaire israëlienne dans la région, les démocraties avaient beau jeu de scander leur solidarité toute relative à la face du monde, maintenant qu'il s'agit de bouleverser le puzzle des alliances économico-militaires, il n'y a bien sûr plus personne.
Israël gesticule, dansant la samba sur la frontière, montrant ses gros bras, malheur aux insurgés qui risquent de lui enlever le meilleur alibi. Car la Syrie est avec l'Iran l'atout maître de la propagande, l'ennemi juré, l'ennemi exposé, montré du doigt, utilisé pour justifier toutes les exactions, les rétorsions sur Gaza, l'occupation du plateau du Golan, la poursuite de la colonisation, la politique de sur-armement, l'alliance divine avec l'Oncle Sam, la Syrie est un vernis de honte qui protège les intérêts du complexe militaro-juif, les débordements sionistes.
Si la Syrie totalitaire de Bachar El Assad disparaissait, comment Israël pourrait-il continuer de brandir une menace devenue inexistante ?
L'Europe engluée dans les sables de Lybie et dans les enterrements diplomatiques de première classe regarde ailleurs, indifférente. L'Europe s'occupe de sa dette et deux avions contre Kadahafi sont un effort de trop, l'Afghanistan une punition pour des budgets exangues.
Et puis l'Europe regarde s'échouer les réfugiés de Lampedusa, alors vous pensez, El Assad peut bien torturer, trucider, éliminer en paix, sous la haute protection de la Russie et pourquoi pas des USA, d'Israël et de l'Europe.
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