Pétrole et gaz, nouvelle donne en Méditerranée
La Grèce, qui fait face à la crise de la dette depuis 2010, a déjà signé trois accords avec les créanciers de l’UE et du FMI et continue de réduire ses dépenses publiques en échange de crédits internationaux. Cette politique a accéléré la chute du PIB grec qui s’est déjà contracté de plus de 20%. Face à cette situation, un tiers des grecs est favorable à une sortie de la zone euro, car en tant que membre de l’UE, la Grèce ne peut pas contrôler l’émission de monnaie et le cours élevé de l’euro rend son économie peu compétitive. Mais une prospection effectuée par la société norvégienne Petroleum Geo-Services montre que la Grèce dispose de réserves de gaz naturel qui lui suffiraient à régler non seulement ses problèmes énergétiques, mais aussi financiers. Face à ce péril, les dirigeants du FMI et de l’UE, et notamment d’Allemagne, demandent que la Grèce vende ses ports et ses entreprises publiques, parmi lesquels bien sur les compagnies pétrolières d’État, afin de réduire sa dette.
Parallèlement, la découverte de gisements de gaz sur le plateau continental de la Grèce et de Chypre pourrait également provoquer des tensions dans la région, car tous les pays voisins ont revendiqué les gisements du sud de la Méditerranée. La Turquie exige de Chypre qu’elle suspende l’exploitation de ces ressources gazières. Elle met en garde la Grèce contre les tentatives de définir unilatéralement les frontières de la zone économique exclusive et parle de « territoires litigieux ». La Grèce pourrait entrer en conflit avec l’Albanie pour les gisements de pétrole de la mer Ionienne. Les Etats-Unis et l’UE cherchent, pour leur part, à empêcher le renforcement de l’influence de la Russie dans la région.
Le gisement de gaz Aphrodite, sur le plateau de Chypre, est le plus grand qui ait été découvert ces dix dernières années. A l’automne 2012, Chypre annonçait que les réserves découvertes s’élevaient au minimum à 1 700 milliards de mètres cubes de gaz. L’Egypte a pour sa part également revendiqué une partie de l’Aphrodite chypriote et du gisement voisin, le Léviathan israélien. Le Liban prétend également au gaz de Léviathan israélien, et cette question est à l’étude à l’ONU. La délimitation de ces nouvelles zones complique également les relations avec certains autres pays comme la Libye. Deux pays n’ont pour le moment pas droit à la parole, il s’agit de la Syrie et de la Palestine, particulièrement la bande de Gaza.
Quant aux Etats-Unis, ils ont intérêt à ce que les compagnies gazières grecques se retrouvent entre les mains d’entreprises amies, et voient d’un mauvais œil la vente de la compagnie gazière grecque DEPA et de sa filiale de transport de gaz DESFA au russe Gazprom. Washington est prêt à mener une véritable bataille économique contre la politique énergétique russe. Ses interventions furent d’ailleurs décisives dans le maintien du controversé oléoduc BTC, qui part de Bakou, rejoint Tbilissi en Géorgie et va jusqu’au port Turc de Ceyhan, une coûteuse entreprise conçue uniquement pour éviter un transit via la Russie.
Ces découvertes majeures d’hydrocarbures pourraient bouleverser les équilibres géopolitiques de toute la région, les premières estimations de réserve de pétrole et de gaz de la Méditerranée orientale (comprenant le bassin Egéen au large des côtes grecques, turques et chypriotes, le bassin du Levant au large des côtes du Liban, d’Israël et de la Syrie, et le bassin du Nil au large des côtes égyptiennes), sont évaluées à 9 700 milliards de mètres cubes de gaz et à 3,4 milliards de barils de pétrole.
Ces réserves gigantesques pourraient, si les bénéfices étaient bien utilisés, stabiliser et développer toute la région, et mettre fin au terrorisme. Parce que personne n’est terroriste par vocation, ce sont des gens pauvres, désespérés qui ne voient aucune issue aux conditions de vie que leur offre le système. Le problème fondamental reste le même, à savoir une meilleur répartition des richesses. Mais que les aficionados du capitalisme se rassurent, ce n’est pas du tout ce qui est en train de se dessiner en méditerranée, bien au contraire, ce sont des profits en milliards d’euros, des fortunes colossales qui vont être amassées et il y aura toujours autant de pauvreté, de misère et de pauvres bougres éligibles au « métier » de terroriste !
http://2ccr.unblog.fr/2013/02/15/petrole-et-gaz-nouvelle-donne-en-mediterannee/
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