Politique étrangère
Le Président Macron est reparti du Liban après avoir fait comme à son habitude, discours et promesses. Face à la pression populaire, il a pratiquement fait sienne la revendication des manifestants, demandant le départ des dirigeants libanais. Il aurait admonesté ces derniers, conditionnant l'aide à un changement radical de politique.
La démission acquise, quel en sera le résultat si l'on s'arrête ici à de simples paroles même menaçantes ? Le peuple libanais a compris que l'on a rien sans lutte et que seule une révolution radicale faite de démocratie directe peut ouvrir la voie vers des solutions concrètes.
Une aide est donc promise. Mais si les bonnes paroles font toujours plaisir, n'oublions pas que Macron est un beau parleur connu pour ses fausses promesses sur le plan intérieur, ses tentatives de mystifications, ses échecs face à une opposition populaire – comme celle des Gilets Jaunes – qui reste constante. Il n'a plus que 600 jours pour « briller de mille feux » alors...
N'oublions pas non plus cette constante hypocrisie internationale, qui fait croire, comme pour Haïti voici quelques années, au gré de conférences internationales, que des sommes mirifiques seraient versées... Quelle est la réalité ?
La politique étrangère du Président, décevante, ne saurait inspirer confiance. Elle est faite d'ambitions contrariées, voire d'échecs que proches et médias ont vite tenté de minimiser,
Dès 2017, la rencontre avec Vladimir Poutine a plus fait l'effet de la poursuite d'un règlement de compte que de la recherche d'une voie pour des accords. Macron reprocha à Poutine les articles de « Sputnik » et la violence de la répression contre les « démocrates ». Poutine répliqua narquoisement en faisant allusion à la répression violente contre les Gilets Jaunes... Bref, la levée des sanctions contre la Russie n'a pas vraiment semblé en vue.
Quant à la décision de Trump de se retirer des « Accords de Paris », malgré les interventions de Macron et une visite où il se fit humilier, elle signait un échec de la France. « Make our planet great again » fut la seule réplique possible, tout en panache du Président français. Notons au passage que la France elle-même est accusée de ne pas respecter lesdits Accords...
Au niveau européen Macron se présente comme le champion du libéralisme face aux populistes au pouvoir dans nombre de pays de l'ex bloc-soviétique, comme la Hongrie ou la Pologne, et même provisoirement en Italie. En France il compte profiter du rejet constant, salutaire et démocratique de cette extrème-droite (Rassemblement national) par le Peuple. Faire croire qu'entre lui et les populistes, il n'y a rien, reste son objectif pour se maintenir au pouvoir. Même si le clownesque tour de piste de Salvini en Italie a montré leur évidente incompétence et une dangerosité « trumpiste », le risque, savamment entretenu, est grand en France de voir le Rassemblement national monter les marches du Pouvoir...
Si les difficultés économiques, nées ou accrues par le Covid19, ont obligé à un accord mutualiste permettant, dit-on, d'aider les « pays de l'Europe du sud », Macron ne parvient pas à formaliser une aide militaire européenne suffisamment importante dans la guerre au Sahel contre les « terroristes ».
Les pays européens, les Etats-Unis, interviennent mais chacun à sa mesure sans qu'il y ait vraiment un plan d'ensemble sérieux. Un plan où Macron souhaiterait être le leader naturel.
Quels intérêts défend-on là-bas ? Uranium au Niger ? Terres rares ?...
Même si l'Hexagone peut apparaître comme une puissance économique secondaire, c'est militairement parlant, une force qui, grace aux « confetti » de son Empire, étend son influence sur les océans et nombre de contrées. Mais avec les 5000 hommes de l'opération « Barkhane » sur un territoire grand comme deux fois et demi la France, la victoire reste improbable. Malgré réunions et conférences, comme dernièrement celle de Pau, l'alliance du G5 (Mauritanie, Niger, Burkina-Faso, Mali, Tchad) ne prouve guère son efficacité sur le terrain jusqu'à présent.
Bien sûr, comme au Liban aujourd'hui, le nerf de la guerre reste l'argent, les moyens mis en jeu. Mais vers qui doivent-ils aller ? Parmi des populations saheliennes africaines réduites à la misère, une moto et une kalachnikov sont suffisantes pour acheter une nouvelle recrue....
Le rôle qui a été attribué à la France n'est-il pas simplement d'être le gendarme de l'Afrique aujourd'hui au service de multinationales, ou d'États comme la Chine ?
En Afrique, sans une politique sociale, c'est-à-dire une aide conséquente notamment pour l'agriculture, où son suivi serait garanti, la guerre continuera. La facilité entrevue par les puissants est de mettre les peuples à genoux, d'aller s'il le faut jusqu'à leur extermination si nécessaire comme l'a montré le colonialisme.
Au Liban, de même, à quoi cela servirait-il de continuer à verser de l'argent à un nouveau gouvernement constitué, comme le précédent, de corrompus ?
La politique étrangère d'un pays, c'est le peuple qui doit la faire, en assurer le contrôle.
N'ayons confiance ni en Macron ni dans les dirigeants libanais, mais dans des organismes nouveaux, des assemblées d'où seront issues des commissions directement nommées par le peuple.
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