Pour qui voter - Québec ?
Le 26 mars prochain, ce sera l’occasion pour les sept millions de Québécois d’exercer le droit le plus fondamental de la démocratie : le vote. Bien sûr, tout le monde ne se prévaudra pas de ce droit important et le taux de participation toujours en dégringolade donnera encore des sueurs froides aux héritiers de Weber, Montesquieu, Socrate et autres penseurs du « gouvernement du peuple par et pour le peuple ».
Plusieurs choix sont possibles pour l’électorat
de la Belle Province. Si les trois principaux partis font figure de mastodontes
indéracinables dans un schéma politique pourtant récent, la présence des tiers
(terme pourtant peu propice) que sont le parti vert et Québec solidaire aura
l’avantage de ratisser large dans les opinions politiques.
Mais pour qui voter ? La question n’est pas
simple et mérite qu’on y pense sérieusement, avant de se jeter corps et âme
dans des solutions minoritaires qui n’auront pour seul avantage que de
préparer à des élections dès l’assermentation d’un quelconque Premier ministre.
Mais si vous êtes de ceux qui vont répondre à la question/titre, vous aurez au
moins le mérite d’être qualifiés de citoyens.
Entre André Boisclair,
Jean Charest,
Françoise David,
Mario Dumont
et Scott Mckay, le choix
est quand même simple. Même si complexe a priori. À vous de voir et de juger.
Votez pour André Boisclair du parti Québecois si vous êtes souverainistes ou séparatistes
ou nationalistes (quoi que..). En faisant abstraction de la question nationale
(même si c’est impossible), le parti québécois reste quand même un parti social-démocrate
de centre gauche dont les valeurs comme la famille, le travail, le social,
l’entraide ou la compétitivité sont les maitres mots. Cette année, le parti a
misé avant tout sur l’éducation comme socle d’une réussite irrémédiable. Le gel
des frais de scolarité est d’ailleurs l’une des propositions concrètes faites
en ce sens. Si la santé reste indéracinable des préoccupations du parti, il ne
faudra pas rêver d’une baisse d’impôt avec le PQ. Ce n’est pas une idée de la
maison, allez voir plutôt ailleurs...
C’est-à-dire au Parti
Libéral du Québec (PLQ). Baisse d’impôt et santé sont les chevaux de
bataille du parti de Jean Charest, Premier ministre sortant. C’est aussi le
parti du fédéralisme, quel qu’il soit. Asymétrique ou d’un autre genre, vous
êtes assuré en votant pour la maison de ne jamais quitter le Canada. Son
entente cordiale et presque parfaite avec le gouvernement de Stephen Harper a
fait oublier les catastrophiques rencontres entre le fédéral de Paul Martin et
le provincial de M. Charest. Avec le PLQ, les étudiants payeront pour leurs
études, les garderies resteront à 7 $ pour un temps indéterminé et les mécontents
resteront mécontents. Mais si vous êtes de droite modérée, si vous pensez qu’il
faut donner à l’entreprise suffisamment de ressources pour que l’ensemble de la
population puisse par la suite s’enrichir, vous êtes mieux de voter pour M.
Charest et ses 124 autres candidats. Mais si vous ne croyez plus trop à ce
vieux modèle québécois, la solution est....
Adéquiste. Elle s’appelle l’option Mario Dumont
de l’Action démocratique du Québec.
Vous ne croyez plus aux gouvernements de ces 20 dernières années. Vous en avez
marre parfois et surtout de ces immigrants qui emmerdent le monde, vous
souhaitez donner aux politiciens classiques une leçon de populisme, votez pour
l’action avec l’ADQ. Ici pas de chiffres avant d’autres chiffres. Les vieux et
les gens de régions sont les bases du système. Presque pas d’équipe, mais un
chef. Un chef qui dit ce qu’il pense et pense parfois ce qu’il ne dit pas. Un
chef prêt à tout pour gouverner et qui met la dette et/ou la croissance au
centre de l’univers. Il vous redonnera votre argent directement. Moins de programmes
de garderies, plus de commissions scolaires, votre argent on vous le rend,
quitte à tout chambouler. Et finalement on ferme la question nationale et on
ouvre les portes d’une autonomie. Autonomie envers le Canada ou le Québec ?
Rien n’est certain. Il faut une solution. C’est le parti à la droite du centre
droit. La solidarité on y pense, mais pas trop. On laisse cela aux deux autres
de....
Québec
Solidaire. Déjà ils ont deux chefs : Françoise David et Amir Khadir.
Ce qui n’est pas très fort en politique, car il faut au minimum savoir ce qu’on
veut dans ce monde de requins. Eux, c’est la gauche à gauche du centre gauche.
Si vous croyez au social comme moteur de la vie politique, vous êtes en terrain
sûr. Nationalisation de l’éolienne ou gratuité scolaire sont quelques unes de leurs
qualités. Sans compter bien sûr sur les thèmes traditionnels comme la justice
sociale. Mais l’idée d’avoir un député ne semble pas trop leur tenir à cœur.
Prenez l’exemple des deux chefs. Le seul choix de leur circonscription laisse à
réfléchir. David a choisi Gouin, chantre péquiste et comté de
Parti vert.
C’est un jeune parti qui se cherche encore. Ils sont pro-environnement à 300%
et cela personne ne peut le contredire. Mais au-delà de ça, pas grand-chose.
Santé ? Éducation ? Gel ou dégel ? Dette ou déficit ? Scott McKay, le tout
nouveau chef (depuis plusieurs mois quand même) devra mieux agencer son
discours afin que l’opinion publique sache vraiment de quoi il est question
outre la question de l’environnement. Même si, oui de plus en plus on ne pourra
plus rien faire si cette question n’est pas au centre des préoccupations des
différents gouvernements. C’est d’ailleurs pourquoi la majorité des partis
politiques ont une idée et une position assez ferme dessus. Maintenant il y en
a qui en font un peu plus, d’autres un peu moins. En général il est mieux
d’avoir une idée de la gestion gouvernementale pour ensuite pouvoir faire des
propositions concrètes. C’est pourquoi les positions du PLQ, du PQ (et dans une
moindre mesure) de l’ADQ sont probablement celles qui se rapprochent le plus
des stratégies viables.
Au final, il faut voter, peu importe vos
aspirations. Il faut, autant que faire se peut, éviter les votes qu’on dit
contestataires ou même utiles et voter pour ses propres aspirations ou selon le
candidat qui se rapproche le mieux de ses valeurs. À ceux qui auraient la
malencontreuse idée de ne pas voter, il vous reste sept jours pour faire de
vous un être humain du 20e siècle, c’est-à-dire un citoyen
politique.
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