Pourquoi la Corée du Nord n’a pas les moyens de ses intentions belliqueuses
Ambitieuse et agressive, la Corée-du-Nord qui a procédée à un essai nucléaire le 25 mai dernier semble désormais faire l’unanimité contre elle, y compris ses anciens alliés comme la Chine. La fuite en avant du régime de Kim Jong-il qui ferrait pourtant mieux de se montrer discret dans sa situation actuelle d’isolation internationale semble en fait peut crédible par rapport au décalage entre ses ambitions et les moyens que le « royaume ermite » a de les menées.
Développée par l’ancien dictateur nord-coréen Kim Il Sung, la « doctrine du Juche » prônait l’édification d’une société communiste sans classes à laquelle on ajoute le principe d’indépendance politique, d’autosuffisance économique et d’autonomie militaire. En prolongée de cette conception héritée de son père, Kim Jong-il, actuel dirigeant de la Corée-du-Nord a par la suite mit les affaires militaires comme tâche prioritaire de l’Etat sous le terme de « politique de Songun », énoncée officiellement le 20 Octobre 1998. Mais depuis la fin de la guerre de Corée en 1953 est l’établissement de l’actuel statut quo, ce petit état stalinien, dernier régime totalitaire au sens stricte du terme, cachant derrière de grandes parades le fait que son peuple meurt de famines à répétitions ou dans des camps de concentration regroupant, selon les estimations, entre 150 000 et 200 000 personnes, paraissait jusqu’ici aux yeux de la communauté internationale comme relativement inoffensif et dont il suffisait d’attendre la chute !
Mais dans l’optique de cette priorité donnée à l’armée et à l’indépendance nationale, il pouvait sembler évident que la Corée-du-Nord allait se tourner vers l’obtention du feu nucléaire. Après son retrait du Traité de non-prolifération en 1993 pour avoir été accusé de mener un programme clandestin depuis 1989, son premier essai le 9 octobre 2006, ce fut chose faite ce 25 mai 2009, avec l’explosion réussie d’un engin atomique. Les tentatives de temporisation menées par les diplomates Sud-Coréens, Japonais, Américains, Russes et Chinois se sont donc révélés inefficaces faces aux ambitions nord-coréennes, d’abord stoppées mais relancées par le sentiment de menace qu’a fait pesée l’administration Bush sur le pays en le plaçant sur « l’axe du mal ». Aussi agressive qu’elle se veuille envers la Corée-du-Sud, le Japon et les États-Unis, il faut cependant raison garder et ne pas céder à la panique face à une attitude qui relève plus de la provocation que d’une réelle ambition guerrière.
La Corée-du-Nord sait bien que dans de nombreux pays occidentaux, la peur que la guerre fait pesée sur les populations peut suffire à dissuader l’engagement d’un conflit. Leurs provocations restent donc ainsi sans réelles mesures de répression efficaces et leur permet de se faire remarquer comme ceux qui ne craignent pas de défier les plus grandes puissances mondiales. De plus, si conflit il y avait suite à une attaque nord-coréenne, nul ne doute que le bain de sang qu’il provoquerai tournerai rapidement au désavantage de celle-ci et sonnerai le glas de son régime, ce que veulent à tout prix éviter les dirigeants du pays, trop bien installer et ne pouvant se passer de l’aide des occidentaux. En effet, bien que ventant l’autosuffisance, le pays a perçut en 2008, 500 000 tonnes de denrées alimentaires de la part de l’administration américaine, 400 000 tonnes par le Programme alimentaire mondial de l’ONU et 100 000 tonnes par les ONG américaines. En effet, si un embargo en tant de paix se révèlerai inefficace comme ce fut le cas contre l’Irak de Saddam Hussein car seul le peuple coréen en pâtirai, un embargo en cas de conflit empêcherai le pays d’entretenir ses troupes, tout comme la pénurie de pétrole et donc l’impossibilité de mener une guerre conventionnelle (elle ne pourrait de toute manière pas tenir un conflit nucléaire au vu des imposants arsenaux de ses adversaires).
De plus, le fait que la Russie et dernièrement la Chine, allié traditionnel du pays et qui lui avait permit de sauver la face durant la guerre de Corée, ai décidés de montrer leur désaccord (tout en prônant d’abord la négociation plutôt que les sanctions comme Washington) n’est pas faite pour inciter le gouvernement nord-coréen à s’engager dans un conflit qu’il perdrait à coup sur, même aux pris des pertes considérables qu’il pourrait amener chez ses adversaires. En fait la négociation prônée par Pékin relève de son attachement au statu quo de par sa crainte de voir le régime de Kim Jong-il s’effondrer et donc que de très nombreux nord-coréens fuient vers la Chine dans le cas d’une réunification qui amènerai la Corée unifiée (28 500 soldats américains sont stationnés dans le sud) directement sur sa frontière. Si les frappes militaires sur les installations nucléaires nord-coréennes prônées par l’administration Clinton sont en fait irréalisables du fait que la plupart d’entre-elles ne sont pas localisées, la seule solution efficace pour réduire la Corée-du-Nord au silence repose donc dans le conflit armé, conflit qu’elle-même ne souhaite pas malgré ses aboiements car il lui serait fatal.
L’impuissance de l’ONU et des grandes puissances mondiales face à la Corée-du-Nord semble donc tout relative car ceux-ci semblent unis contre le pays s’il venait à provoquer un conflit. En l’absence de sanctions autres que verbales, celles-ci ne sont donc pas inefficaces dans le cas présent car elles montrent à la Corée-du-Nord sont isolation en cas de conflit et contribue ainsi à la maintenir éloignée de ses apparentes intentions belliqueuses. Si elle ne cherche pas à cacher ses essais nucléaires, c’est que bien au contraire, car elle tente par ce moyen d’intimider le monde sans avoir les moyens de ses ambitions. La Troisième guerre mondiale ou l’Hiver nucléaire dans cette région semble donc très peu probable dans la situation actuelle.
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