Pourquoi les Houthis refusent de revenir au calme
Nombreux sont ceux qui sont surpris par le ton de défi, de confrontation et d’obstination du groupe houthi du Yémen, qui persiste à menacer le commerce mondial et à lier la cessation des tirs de missiles et de drones en mer Rouge et dans le détroit de Bab Al Mandab à la fin du siège de Gaza. Ce qui est certain, c’est que le comportement de ce groupe est parfaitement cohérent avec les objectifs qu’il s’est fixés dans le cadre de cette escalade, qui semble en apparence soutenir la population de Gaza, mais qui, en profondeur, est liée aux intérêts du groupe Houthi et de ses bailleurs de fonds et parrains régionaux.
Défier les États-Unis et leurs alliés internationaux est un comportement caractéristique des milices du soi-disant axe de résistance dirigé par l’Iran. Il s’agit d’une tactique émotionnelle qui chatouille les sentiments des gens, en particulier ceux qui soutiennent l’Iran et ses agents régionaux qui voient une victoire dans la formation de l’alliance navale internationale connue sous le nom d’opération Prosperity Guardian.
Ces milices terroristes agissent comme des gangs et ne pensent pas aux intérêts des États ou des peuples. Dès que les États-Unis ont annoncé cette alliance, les Houthis se sont empressés de se moquer de l’annonce américaine. Un porte-parole du groupe a expliqué qu’une attaque américaine directe contre le Yémen entraînerait automatiquement une extension de la guerre dans la bande de Gaza et la transformerait en « catastrophe mondiale ».
Le groupe Houthi, en raison de ses liens avec l’Iran, sait que l’administration du président Biden ne souhaite pas étendre la guerre à Gaza ou s’impliquer dans un conflit au Moyen-Orient l’année de l’élection présidentielle. Cela signifierait que le président Biden perdrait ses chances d’obtenir un second mandat, sans parler de la difficulté de commencer un nouveau conflit en plus de l’Ukraine et de Gaza, ce qui implique des besoins militaires et financiers qui ne peuvent pas être facilement satisfaits dans les circonstances actuelles. Le groupe redouble donc d’efforts pour relever le défi, confiant que les Américains ne sont pas prêts à dissuader.
En réalité, la menace houthie est devenue un véritable problème pour l’économie mondiale, et pas seulement pour l’économie israélienne. De grandes sociétés internationales de transport de pétrole, comme BP, et de grandes sociétés de transport maritime, en particulier Maersk, ont arrêté leurs pétroliers et leurs navires en mer Rouge parce qu’ils sont constamment exposés aux bombardements et aux menaces des Houthis, qui mettent en péril la liberté de navigation et de commerce dans cette importante voie d’eau.
Il est certain que le groupe Houthi se sent important ces derniers temps, ses activités illégales étant au premier plan de l’actualité mondiale et ses dirigeants faisant les gros titres des journaux du monde entier. Le groupe cherche à étendre son hégémonie sur le Yémen et à obtenir une légitimité internationale pour dominer le pays ou du moins une partie de celui-ci.
Ils considèrent ces rôles dans un contexte régional confus comme une reconnaissance de leur mérite et de leur capacité à saper la sécurité et la stabilité, ainsi qu’à inciter les communautés arabes et à gagner leur sympathie afin de consolider leur existence en tant que gouvernement légitime reconnu au Yémen. Les Houthis veulent également s’associer à la question palestinienne, dont ils reconnaissent la centralité dans la conscience collective arabe, surtout à la lumière de la marge de manœuvre limitée des gouvernements arabes, qui se sont soudainement retrouvés confrontés à une réalité conflictuelle complexe et dangereuse imposée par le mouvement terroriste palestinien Hamas à tout le monde aux niveaux régional et international. C’est pourquoi la milice sectaire houthie peut agir avec arrogance, au-delà des calculs propres aux États ou aux gouvernements officiels. Les Houthis ont profité de cette réalité régionale et internationale pour affirmer leur influence et consolider leur rôle d’acteur efficace dans les équations de la sécurité et de la stabilité au Moyen-Orient.
Les Houthis veulent également renforcer leur position dans les négociations de paix qui se poursuivent depuis un certain temps avec l’Arabie saoudite, qui souhaite certainement apaiser l’atmosphère régionale et créer les conditions pour parvenir à la sécurité et à la stabilité et éviter les tensions qui pourraient affecter négativement le rythme de mise en œuvre de ses ambitieux projets de développement dans le cadre de la Vision 2030, même si ce n’est que dans une faible mesure.
Dans ce contexte, la campagne du groupe Houthi recrute et forme des Yéménites pour combattre dans les territoires palestiniens si les « conditions sont réunies » et a annoncé son intention d’envoyer ses combattants à Gaza. Il s’agit d’une initiative qu’ils savent difficile à mettre en œuvre, mais qui laisse entrevoir la possibilité d’élargir le conflit et de mobiliser les sentiments de la population arabe. Ceci est particulièrement vrai pour ceux qui bordent les territoires palestiniens, comme l’Egypte et la Jordanie.
Sans parler de l’importance symbolique de ces revendications houthies pour les positions régionales, qui sont utilisées de manière propagandiste par les organisations terroristes et extrémistes pour nuire à la réputation du reste des pays arabes et islamiques en répétant des allégations, des accusations et des mensonges à leur encontre afin de les discréditer et d’influencer leurs positions et leurs politiques. Ces organisations et ces groupes ne recherchent pas du tout la paix, mais se nourrissent des plans de chaos et de la propagation de l’agitation dans la région et dans le monde.
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