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Poutine Porochenko et la guerre des médias

Précisons que cet article s'appuie sur le travail d'observateurs de terrain qui n'ont partie liée ni avec le pouvoir ukrainien, ni avec les séparatistes ukrainiens, ni avec le pouvoir russe et qui ne cherchent qu'à informer en toute impartialité. Avec le logiciel de l'historien, la mise en perspective des différents éléments permet d'appréhender la réalité des médias (au sens large) ukrainiens et russes s'exprimant dans le conflit ukrainien.
 

aéroport de Donetsk {JPEG} Le conflit ukrainien ce sont 5600 morts enregistrés, 10000 blessés, 900000 déplacés à l'intérieur de l'Ukraine et 1000000 de personnes parties en Russie. Et depuis le début du conflit la presse écrite, la télévision, les réseaux sociaux se livrent un combat pour l'information qui les opposent.

Alors que les médias ukrainiens célèbrent la révolution de Maïdan comme une révolution solidaire, libérale, démocratique, patriotique en insistant sur l'hymne ukrainien chanté par les manifestants et non l'hymne européen, les médias russes voient le jeu des USA, de l'Europe dans un véritable complot contre l'intégrité du pays. On dénonce le coup d'état fasciste, un changement de pouvoir par la force, organisé par les USA en Ukraine, avec l'aide de milices néo-nazies. La Maison des syndicats en feu, à Kiev, laisse un goût amer aux anti-Maïdan. Les mouvements alternatifs à Odessa, opposants au nouveau pouvoir en place, sont "terrorisés, connaissent de longues gardes à vue sous prétexte d'enquêtes longues".

S'appuyant sur l'existence de l'Abkhazie, de l'Ossétie, de la Transnistrie, les medias ukrainiens voient des dangers à venir de véritables états bombes, alors que les médias russes reconnaissent ces 3 états que la communauté internationale ignore.

Alors que Vladimir Poutine a créé "Russki mir" une fondation en partenariat avec les ministères des Affaires Etrangères et de l'Education qui influence les médias russes en dispensant un message traditionnel (rôle des glorieux ancêtres) et civilisationnel hostile à l'occident, enrôlant l'orthodoxie, prenant appui sur les combats victorieux de la 2ème guerre mondiale, les médias ukrainiens très anti-Kremlin font passer un message de frustration, de fatalisme face à la corruption, quelquefois de scepticisme à l'égard de l'Union Européenne.

La photo montrant Vladimir Poutine et le président biélorusse Loukachenko suivant la chancelière Merkel, et le président Porochenko côte à côte, a eu un franc succès dans les 2 camps, emblèmatique de la situation. Les sondages d'opinion les plus professionnels ont fait apparaitre, pour la presse russe, une attitude fortement négative vis-à-vis des USA et de l'Europe, alors que du côté ukrainien l'UE est perçue largement positive et l'Otan voit sa cote devenir positive alors que ce n'était pas le cas il y a quelques mois. Il faut aussi retenir que dans la région du Donbass une part non négligeable de la population verrait d'un bon oeil l'adhésion à l'Union douanière eurasienne créée par le Kremlin.

Depuis des années pour la Russie médiatique l'Ukraine est vue comme un projet inventé par l'occident (Pologne Amérique qui veulent amoindrir la "race slave"). Dans "Novaïa Gazeta" on a pu lire que le premier ministre ex-président Medvedev parlait de néocolonialisme. Actuellement les volontaires ukrainiens sont traités de "salopards", de "foutriquets fascistes" ; les russophones qui soutiennent le gouvernement Porochenko sont des "traîtres", avec leurs "maîtres américains". On oublie que pendant la 2ème guerre mondiale 20% de la population ukrainienne a disparu ; les Ukrainiens étaient loin d'être des nazis. Les camps de réfugiés organisés par l'Ukraine avec l'aide de l'UE peuvent être présentés comme de véritables camps de concentration. Et "Russia today" chaine d'infos en continu a pour mission à l'international de lutter contre l'image négative et partiale de la Russie. L'occident décadent, dépassé est présenté comme "old-fashioned", les BRICS (Brésil Russie Inde Chine South Africa) sont le "brave new world". On peut lire dans une publication à destination de l'Europe : " les USA et leurs compères du Moyen-Orient, Arabie Saoudite et autres émirs, ont organisé la chute de 50% du prix du pétrole brut, dans un but essentiellement géopolitique. Cela leur permet de tenter de détruire l'économie de leurs ennemis essentiels dont la Russie à l'est de l'Europe, que l'OTAN essaie par ailleurs d'étouffer par un blocus".

En Ukraine où les autorités ont créé un ministère de l'information pour la contrôler, beaucoup de journalistes veulent être avant tout des patriotes. La désinformation va bon train y compris dans les réseaux sociaux considérablement développés. Des hackers sont même utilisés. Si la presse pointe du doigt les nouveaux oligarques, la corruption, personne ou presque ne parle des "déplacés" qui souffrent. Une photo permet cependant de découvrir un sanatorium qui recueille des handicapés sans aucun espoir et complètement oubliés. Les meurtres ukrainiens ne sont pas même évoqués. Et les journalistes qui informent ne vont pas dans les zones dangereuses pour éviter d'être fait prisonniers. Une chaîne de télé a été créée pour relayer des informations filtrées : "Ukraine today". Et paradoxe, dans les régions de l'est ukrainien, c'est la télévision en langue russe qui est regardée par la population qui veut s'informer. Pour démonter l'idée du complot de l'occident visant à déstabiliser la Russie, pour mettre fin à l'idée répandue de la volonté d'humilier la Russie, des intellectuels ukrainiens démontrent que l'UE se fait tirer l'oreille quant à l'adhésion de la Géorgie et de l'Ukraine, qu'en 1992 les USA de George Bush n'avaient qu'une idée en tête : que l'Ukraine reste dans le giron de l'ex URSS. Les chaînes de télévision russes sont toujours accessibles en Ukraine ; les séries télévisées russes aussi. A la télé ukrainienne il n'est pas rare de voir un journaliste qui pose une question en ukrainien à l'interviewé qui répond en russe. Le journal russe gratuit édité avec un financement de Gazprom est très lu et s'aligne sur un euroscepticisme militant. Le cinéma russe a été interdit par le Parlement mais la loi n'est pas appliquée. Le russe est toujours parlé, même s'il n'est plus la langue officielle comme au temps de l'ancien président Ianoukovitch. L'actuel parle le plus souvent en russe. La moitié des habitants de Kiev sont russophones.

Ainsi les médias sont partie prenante dans ce conflit qui connait en ce milieu du mois de février un cessez-le-feu précaire, fragile, alors que l'économie ukrainienne perd 5000000 de dollars par jour, que l'économie russe est affectée par le conflit, alors que de part et d'autre les enfants défunts victimes de la guerre, sont montrés dans les journaux ...


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15 réactions à cet article    


  • Le p’tit Charles 20 février 2015 08:53

    l’Ukraine va rendre l’âme et les armes..les caisses sont vides et son armée en déroute...Les USA (avec l’UE) ont tenté d’écraser la Russie mais sont tombé sur un os qui leur reste en travers de la gorge...Les nazillons sont bien au pouvoir dans ce pays avec le soutien des occidentaux.. ?
    C’est le monde à l’envers..les fachistes sont passés à l’ouest...dans les démocraties bien pensantes..celles qui font la morale tous les jours aux peuples..Obama est un des pire assassin de la planète... !


    • antyreac 20 février 2015 21:25

      @Le p’tit Charles
      Décidément dans tes affirmations tu n’es pas à une connerie près


    • Scual 20 février 2015 11:24

      Et bien moi j’ai trouvé partial cet article qui met les deux cotés sur un pieds d’égalité alors que PAS DU TOUT.


      • foofighter foofighter 20 février 2015 12:09

        Le problème ukrainien est complexe, et il parait bien prétentieux d’affirmer que tel ou tel camp est plus angélique que l’autre. Il y a certainement de la manipulation des 2 côtés, et celle-ci vise en premier lieu les médias. Et donc bien évidemment cette manipulation est orchestrée aussi du côté US et de son bras armé, l’OTAN, qui entraîne indirectement la France dans divers conflits voulus uniquement par quelques bellicistes.
        Par ailleurs, il me semblait qu’il existait une instance internationale qui avait « pour finalité la paix internationale », et qui pourrait donc intervenir utilement dans le conflit Ukrainien. Avons-nous entendu parler de l’ONU récemment ? A se demander si l’organisation existe toujours...


        • Taserman 20 février 2015 12:12

          Un article très juste. Merci. J’ajouterais seulement que nos médias officiels (sans exception) participent également à cette guerre de désinformation. Devinez de quel côté ?


          • Abou Antoun Abou Antoun 20 février 2015 12:36

            les Ukrainiens étaient loin d’être des nazis.
            En fait, si on comprend bien, Bandera n’a jamais existé, la légion ukrainienne , pure fiction ...
            Quand l’auteur de l’article se pique de lutter contre la désinformation, c’est risible.


            • Alren Alren 20 février 2015 13:04

              @Abou Antoun

              À Tréblinka, camp d’extermination des juifs, pour s’éviter cette ennuyeuse corvée, les nazis plaçaient des gardes ukrainiens dans les miradors.

            • Dany romantique 20 février 2015 16:03

              Les habitants du Dombass russophones de l’ouest auraient encore droit à la télévision russe, wouah..c’est Hollywood,pour eux quelle chance ! sans doute qu’ils doivent monter le son pour couvrir le bruit des bombes des soldats de Kiev qui les bombardent, non ? 


              • Doume65 20 février 2015 16:55

                Bonjour.
                L’article pointe la désinformation qui a lieu dans les deux camps et c’est un bon point.

                Par contre, lorsqu’il cite les noms d’oiseaux attribués aux pro-Kiev par les russophiles, il oublie de citer ceux, bien plus graves et généralisateurs qui sont appliqués aux populations de l’est par les dirigeants de Kiev.
                Il oublie aussi de contrebalancer la mention de la propagande de RT par celle des politiques et média atlantistes, présentés généralement comme « la communauté internationale » alors qu’il s’agit d’une minorité de pays.


                • Aldous Aldous 20 février 2015 17:29

                  1 million d’Ukrainiens russophones ont fuit le pays vers la Russie et le Belarus en raison du netoyage ethnique mené par Kiev.


                  Un nombre indeterminé d’Ukrainiens non russophones ont fuit l’Ukraine vers la Hongrie la Roumanie et la Pologne pour fuir la conscription.

                  Cela résume clairement les tenants et les aboutissants de cette situation asymétrique qu’aucune propagande ne peut voiler.

                  • antyreac 20 février 2015 21:18

                    @Aldous
                    Achète toi un cerveau guidé par ordinateur tu en a sérieusement besoin...


                  • ykpaiha ykpaiha 20 février 2015 19:15

                    Je conseille a l"auteur et certains blogueurs de se procurer quelque livres historiques sur la Russie, qui malheureusement pour eux ne débute pas avec le communisme,

                    Des khasars a la rouss de Kiev, puis plus tard les tatars et autres petites futilités guerrières, la Russie s’est constutuée autour et avec des crises mortelles et souvent meme interne (association avec la divine porte entre autre),

                    Ces crises ont profondément forgés l’ame russe au point que le communisme n’y apparait que comme un péripétie qui n’ au fond pas fait varier sa culture (a contrario de chez nous avec l’ignoble capitalisme agonisant, voir entre autre l’excellent site de Dimitri Orlov qui comme son nom ne l’indique pas est américain),
                    Soljenitsin aussi l’a tres bien décrit dans ses ouvrages, au dela des souffrances endurées.

                    Ceux qui s’étonnent ou s’irritent de la popularité de Putin, remarqueront que les russes , dans leur ensemble, retrouve cet esprit dans leurs dirigeants actuels,et ils sont confiant que la crise artificielle d’aujourd’hui, n’ira pas audela de la querelle de voisinage, tout rentrera dans l’ordre des choses, certes avec de la casse, mais comme tant d’autre fois, ni plus ni moins .

                    L’Ukraine, amputée de la Galicie, ou comme une fédération redeviendra Malaroussia, elle qui connu, dernierement, autrichiens, allemands, lettons, polonais en est toujours revenu et continué son histoire, entre vent d’est et d’ouest,

                    Les plus marris resteront ceux qui croient pouvoir changer cet ordre la.

                    A eux les reves de grandeur, aux russes le pragmatisme et le temps.


                    • asterix asterix 20 février 2015 19:16

                      Bof, c’est un article militant qui nous est proposé là.
                      Un tissu d’approximations, une thèse qui a l’air de se défendre sous le couvert de l’objectivité
                      Ceci dit, il y en a. Un peu, comme dans tout ce qui est militant.
                      Le constat de l’influence majeure du russe en Ukraine par exemple.
                      Bref, l’auteur en arrive à constater l’inverse de ce qu’il pense. Dit comme ça, c’est très objectif.
                      Réflexion faite, j’aurais dû plusser...


                      • taktak 20 février 2015 22:18

                        pour une information, libre et engagée, mais factuelle : www.initiative-communiste.fr


                        • elpepe elpepe 21 février 2015 04:18

                          ni thèse, ni antithèse ni conclusion ? il faut retourner au lycée
                          Article confus qui prend le contrepartie de son partie pris.

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