Premier débat, aucun mort
McCain et Obama très crédibles dans leurs rôles de Bush et Kerry.
John McCain n’a pas perdu le premier débat présidentiel, et cela peut être considéré comme une victoire compte tenu des circonstances.
Barack Obama a gentillement évité de s’étonner de sa présence alors que le plan de sauvetage de ses amis financiers n’est pas encore signé, ou de lui signaler que, pour changer les mauvaises habitudes de Wall Street, il serait plus urgent de virer ses nombreux conseillers lobbyistes (qu’il a choisi et nommé) que le patron de la SEC (que le Président des Etats Unis n’a pas le pouvoir de virer). Dommage qu’Obama n’ait pas été plus incisif sur l’économie. Il a mis du temps à se mettre en jambe, accusant visiblement le contrecoup de la fatigue (merci Dubya pour les heures de vol inutiles).
John a tiré le "meilleur" ou plutôt le maximum du peu dont il disposait, mais toujours en restant scotché au raz des pâquerettes et dans le registre émotionnel* là où Barack essayait de tirer le débat vers le haut et le registre rationel. A propos de l’Irak, McCain a focalisé son discours sur la "surge strategy", et Obama lui a rappelé que cela relevait du tactique et non du stratégique : la vraie question n’était pas pour ou contre plus de troupes en Irak mais bien plus fondamentalement pour ou contre l’invasion de l’Irak.
Si Obama a été plus présidentiel sur les affaires étrangères, le grand public aura pu se laisser abuser par la roublardise de son adversaire, étalant sa connaissance des théâtres des opérations comme autant de blessures de guerre.
J’ai franchement eu l’impression de revoir les débats Bush-Kerry, le fourbe malin comme un singe gagnant le public sur la forme face à un sage doté d’une véritable vision et de véritables valeurs morales, mais un peu trop professoral, un peu trop respectueux de son adversaire et de l’électeur, et donc forcément un peu trop sur la défensive.
Le candidat Républicain a usé et abusé des grosses ficelles à la Rove / Schmidt, par exemple en retournant de façon mensongère contre leur auteur les attaques portées sur lui de façon légitime : le "McCain ne comprend pas" / "he just doesn’t get it" asséné par le Sénateur de l’Illinois à la Convention Démocrate revenant plusieurs fois dans sa bouche comme "Obama ne comprend pas".
J’ai bien peur que ce soit l’électeur américain qui ne comprenne pas : il risque de se faire avoir une fois de plus, mais cette fois-ci, il n’y aura plus de séance de rattrapage.
* avec le vocabulaire typiquement bushien dont raffolent les fondamentalistes ("evil", "greed", "Holocaust"...)
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initialement publié sur blogules (également en VO).
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