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Présidentielle ivoirienne : Abidjan vs Dakar

Accusant Dakar de conspiration, Abidjan a rappelé hier son ambassadeur au Sénégal. Les enjeux d’un esclandre.

« La Côte d’Ivoire a rappelé son ambassadeur au Sénégal. L’ambassadeur du Sénégal en Côte d’Ivoire a été convoqué au ministère des Affaires étrangères et a reçu une lettre de protestation des autorités ivoiriennes », a déclaré hier le conseiller diplomatique du président de la République de Côte d’Ivoire, monsieur Alcide Djédjé. Que s’est-il passé ?
 
Quelques heures après l’annonce des résultats du 1er tour de l’élection présidentielle ivoirienne, Abdoulaye Wade, chef de l’Etat sénégalais, a dépêché un avion à Abidjan pour venir chercher Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié, respectivement en deuxième et troisième position à l’issue du scrutin, et par ailleurs alliés contre le président Gbagbo au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix.
 
Ce comportement, considéré comme une ingérence intolérable du Sénégal dans les affaires intérieures ivoiriennes, intervient en pleine préparation du 2nd tour de l’élection présidentielle, prévu le 21 novembre 2010. Ne s’y trompant d’ailleurs pas, Henri Konan Bédié, grand perdant du scrutin au profit de Dramane Ouattara, a refusé d’obtempérer aux desiderata d’Abdoulaye Wade et de prendre part à une conspiration en vue de déstabiliser la Côte d’Ivoire.
 
Le Sénégal est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique en ressources naturelles. Ses devises proviennent principalement de la pêche, du tourisme, de la culture de l’arachide et du soutien financier de la diaspora. En effet, confrontés à la misère ambiante, des milliers de Sénégalais choisissent chaque année la voie de l’exil, constituant une des plus fortes populations immigrées au monde. La gestion népotiste et approximative du pays par le géronte Wade, âgé de 84 ans et dont la dernière lubie consiste à vouloir imposer son fils pour lui succéder à la tête de l’Etat, a aggravé la situation économique déjà peu reluisante du pays de la Teranga.
 
Depuis quelques années, Abdoulaye Wade entretient des relations difficiles avec Laurent Gbagbo, difficultés décuplées par le refus du chef de l’Etat ivoirien de donner son accord à la requête insistante du patriarche sénégalais de puiser dans les réserves de la BCEAO à des fins autres que celles prévues. Il est donc impératif pour Wade d’avoir un homme à sa solde aux manettes à Abidjan. D’où son soutien peu discret à Ouattara, bien connu pour être très sensible aux intérêts géostratégiques, financiers et économiques français, burkinabés et sénégalais.
 
Faut-il rappeler que grâce à la guerre en Côte d’Ivoire et pour avoir accepté de servir de base arrière aux rebelles, le Burkina Faso, pays d’origine de Ouattara, est devenu un important exportateur de cacao sans que cette matière première ne soit cultivée sur son territoire ?!
 
Bien qu’il n’ait aucune intention de remettre en cause la politique étrangère néocolonialiste de la France en Afrique, Nicolas Sarkozy ne peut, à l’heure actuelle, se permettre d’avancer à visage découvert comme son prédécesseur Jacques Chirac l’a fait, en envoyant l’armée française bombarder les populations ivoiriennes à Abidjan et Bouake il y a exactement 6 ans, en novembre 2004. Empêtré dans des scandales politico-financiers et ratatiné sur le plan intérieur, Sarkozy, au vu de l’engagement grandissant des Etats Unis et de la Chine en Afrique, ne voit d’autre solution, pour financer la croissance française, que de maintenir les états africains de son « pré carré » loin de la mondialisation. En dehors des innombrables ressources naturelles dont dispose la Côte d’Ivoire, les immenses gisements de pétrole découverts au large des côtes ivoiriennes et ghanéennes suscitent d’autant plus sa convoitise que les entreprises françaises du secteur voient leurs concurrents russes, américains, brésiliens et chinois rafler la mise.
 
Blaise Compaoré, à qui Laurent Gbagbo avait habilement décidé de confier le rôle de médiateur pour l’empêcher de nuire, sur les conseils avisés de l’ancien président sud africain Thabo Mbeki, n’étant plus disponible, et Omar Bongo ayant passé l’arme à gauche, Sarkozy a trouvé son sous-traitant pour mener à bien son entreprise de déstabilisation d’un régime jugé récalcitrant en la personne d’Abdoulaye Wade, qui a certainement obtenu une contrepartie intéressante pour accepter d’être la face visible du complot visant à faire main basse sur la Côte d’Ivoire. 
 
En se rendant toutes affaires cessantes à Dakar pour prendre les instructions de son mentor, Alassane Dramane Ouattara semble, quant à lui, décidé à tomber le masque, donnant ainsi raison au président Gbagbo qui l’a désigné tout au long de la campagne électorale comme « le candidat de l’étranger ». Stratégie payante ? La Côte d’Ivoire au service de Wade, Compaoré et Sarkozy : pas sûr que les Ivoiriens acceptent de confier les rênes du pouvoir à un homme qui ne se cache plus d’être la marionnette de la France, du Burkina Faso et du Sénégal.
 
Mahalia Nteby 

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1 réactions à cet article    


  • obismey [ Against All Authorities ] obismey [ Against All Authorities ] 8 novembre 2010 17:45

    Encore des pleurnicheries ! OUIN ! OUIN !

    La Cote d’ivoire n’a pas besoin de Sarkozy ou de Wade pour s’auto-détruire ! Les ivoiriens suffisent largement !

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