Printemps arabes : révolutions anti socialistes, putschs néo libéraux ou révolte des élites privilégiées ?
Nombre d’entre nous sommes peu informés sur ce que se passe réellement dans les pays Arabes. Nous connaissons mal les noms, les gens, les situations les réalités. Cela, même pour ceux qui nous sont les plus proches : nos voisins de la façade mediterranéenne. Beaucoup d’articles sur le sujet semblent refléter d’abord des enjeux politiques franco français. Pourtant, il devient possible de risquer quelques hypothèses sur ce qui s’y déroule vraiment et notamment a la lumière des rares éléments disponibles, mais aussi de ce qui c’est passé en Russie en 1991 et depuis. Pourquoi la Russie ? Parce que dans 4 cas sur 5, ces pays se disent "socialistes".
Que se passe-t-il vraiment dans les pays arabes
- Ils connaissent différentes formes d’agitation sociale
- Dans au moins deux d’entre eux les dirigeants ont été évincés.
- Souvent, l’Internet, les syndicats et l’armée ont joué un rôle important
On peut l’interpréter tous cela de différentes manières :
Dans l’ensemble, les « progressistes », sous nos latitudes, se réjouissent de ce qu’ils interprètent comme des révoltes, voir des « révolutions populaires » contre « l’ultralibéralisme ultralibéral ultra mondialisé. Ils se félicitent du départ de « dictateurs sanglants et totalitaires », supposés à la solde de « l’impérialisme américain » en particulier et occidental en général.
On peut risquer quelques hypothèses légèrement différentes qui débouchent toutes sur une même conclusion. Il faudrait vraiment aider de façon aussi massive que possible nos voisins arabes.
Unité Arabe
La première conclusion, très frappante, est bien la confirmation d’une certaine unité du monde Arabe. Incontestablement, il y a eu, après la Tunisie, un effet de contagion. Si d’autres dictatures s’inquiètent, en Russie, en Chine par exemple, voir en Iran, il ne semble pas pour le moment que d’autres peuples soient concernés. Cela est d’autant plus frappant que les situations réelles de ces pays sont très très différentes les unes des autres.
Rapprochement avec l’occident.
L’éclosion d’aspirations qui sont historiquement les nôtres nous rapproche encore.
Je serai conduit à relativiser les prétentions populaires et révolutionnaires de ces mouvements. On ne peut contester qu’ils révèlent une certaine unité d’aspiration d’au moins une partie des populations arabes à plus de liberté, de démocratie et de libéralisme. Cela a quelque chose de très émouvant faisant suite a un long sommeil historique. Nous reconnaissons ces aspirations. Ce sont les nôtres. Elles nous rendent plus proches encore, de gens qui l’étaient déjà, par l’histoire et la géographie. Il faut y ajouter, dans les cas magrébins, la cohabitation pour le meilleur et pour le pire, depuis au moins deux siècles, tant sous la forme de la colonisation que de l’immigration.
Je tiens à insister sur ce point. Il n’est pas indifférent pour un pays comme la France ou vivent beaucoup de gens originaires du Maghreb et ou d’aucun se posent toutes sortes de questions sur leur potentiel d’intégration, d’avoir sous les yeux la preuve qu’ils veulent vivre comme nous.
Il y a 50 ans, ils ont adopté nos aspirations à l’indépendance nationale. Aujourd’hui ils semblent réclamer notre démocratie libérale.
Elles pourraient déboucher dans ceux des pays qui se sont déjà le plus rapprochés de l’occident.
Ces mouvements ont débouché vers des formes qui pourraient se rapprocher de modèles démocratiques dans les pays qui étaient déjà les plus proches de l’occident, les plus en contact, les plus ouverts et les moins a-démocratiques. Là, les soi disant « dictateurs sanguinaires », se sont éloignés, sans que tous cela dégénère en guerres civiles ou ethniques, ou en répressions féroces, qui étaient en général dans les traditions locales et le restent dans bien des cas.
Il est de bon ton de traiter Ben Ali, maintenant qu’il est tombé, de dictateur sanguinaire. La réalité, c’est que de tous les pays de la région, la Tunisie étaient sans doute le moins pauvre, le plus progressiste, le plus ouvert. La Tunisie a, parait il, autant de diplômés du supérieur que l’Algérie et le Maroc réunis, pourtant beaucoup plus peuplés et disposant de ressources naturelles. Ce simple chiffre montre que si l’oligarchie Tunisienne ne s’est pas oubliée, elle a sue, aussi, plus que ses voisins, investir dans son propre peuple : Partager. Mais tous les autres indicateurs montrent la même chose (http://www.realpolitik.tv/2011/01/tunisie-la-revolution-des-privilegies/?sid=13&mid=104&mhash=46eb4d04ea5dd4570aeca811e23a6531). Hommage donc a Ben Ali, malgré les dérives familiales de son système sur sa fin : bilan globalement positif, comme on disait a l’époque ? Pourquoi alors ce désaveux « populaire » ?
C’est pratiquement une loi historique que les « révolutions » ne réussissent que contre des régimes un peu ouvert, souples. Là où les dirigeants hésitent à tirer sur le peuple. Louis XVI fut accusé d’être « mou ». Il était sans doute trop humaniste. Nicolas II n’était pas un foudre de guerre. Aucune révolution n’est venue à bout des vrais dictateurs sanglants comme Hitler ou Staline.
C’est peut être parce qu’ils sortaient au contraire, petit a petit, de formes plus authentiquement dictatoriales que ces régimes sont « tombés ».
Or, ces formes, elles portent un nom dans tous ces pays, et il est partout le même. Le socialisme.
Mouvements antisocialistes et pro libéraux en apparence
En Egypte, en Tunisie, en Libye, en Algérie les « peuples » se dressent contre des régimes qui se disaient ou se disent encore socialistes.
On connaît les arguties de l’ensemble des gauches qui s’entredéchirent en s’entre traitant de révisionnistes, de socio traîtres dans des disputes de jardin d’enfant à l’envers du type, « c’est celui qui le dit qu’y est pas ». Cas types, « Hitler mentait en se prétendant socialiste » et Staline au fond n’était pas vraiment un vrai homme de gauche. Holland est moins à gauche que Ségolène ; Arlette plus qu’Olivier.
Le béotien de droite a toujours un peu de mal à s’y reconnaître. Il ne peut néanmoins s’empêcher de constater que pour les quatre cas qui nous concernent le plus, où cela bouge beaucoup, Tunisie, Egypte, Libye, Algérie, on a affaire a des régimes qui s’affirment socialistes.
Si dans le premier cas, il s’agit d’un socialisme arabe islamisant un peu exotique sous nos latitudes, dans deux autres, les régimes ont quand même été labellisés par l’internationale socialiste. Ben Ali et Moubarak auraient été exclus en janvier 2011. (On ne peut s’empêcher de sourire quand on lit les commentaires de gauche accusant notre gouvernement de ne pas avoir su anticiper les aspirations des peuples de la région….).
On serait d’ailleurs tenté d’en tirer une règle d’interprétation, à l’attention des lecteurs de droite peu avertis : un leader progressiste ne peut devenir dictateur sanglant que si il perd le pouvoir. D’ailleurs, Bagbo, dont le destin n’est pas encore fixé, resterait, lui, membre de l’internationale socialiste….
Les soutiens ouverts de gauche au FLN sont devenus discrets avec le temps. Les critiques de gauche des apparatchiks algériens, prébendiers et vraiment sanguinaires, le sont plus encore. Cela n’en constitue pas moins une sorte de reconnaissance de leur socialisme auto proclamé.
Le cas spécifique du Maroc en apporte la confirmation. Pays le moins touché, Maghreb et Machrek confondu, lors de la vague islamiste, il semble également le plus épargnés par la vague actuelle. Peut être pas moins victime de corruption et d’autoritarisme, son état est sans doute moins systématiquement interventionniste et bureaucratique que les régimes socialistes. Il laisse plus de degrés de liberté au moins économique aux citoyens. Un peu moins de possibilités de racket aux « Chinovniki ». (Hauts fonctionnaires prébendiers dans les systèmes russes) ?
L’histoire retiendra peut être que la « révolution » Tunisienne n’a pas commencée avec un travailleur prolétaire protestant contre les méfaits du capitalisme ou d’un patron, mais sous la forme d’un commerçant exaspéré, désespéré, par le racket des fonctionnaires.
A l’origine, ces mouvements sont donc nés d’une remise en cause des séquelles de socialismes locaux et d’une aspiration à plus de libéralisme : moins de pouvoir de l’Etat sur les citoyens, moins d’intervention dans l’économie. Ils connaissent pour le moment les développements les plus prometteurs là ou ces socialismes avaient déjà laissé place à un peu de libéralisation.
On retrouve le scénario Perestroïka. On commence à lâcher un peu la soupape et les « peuples », emportent alors très vite le système sauf si il a encore la force de tirer. En Algérie, la démocratisation menaçait de porter le FIS au pouvoir, mais les « socialistes » y mirent bon ordre. Quand on sait que certains évoquent 150 000 morts sur 10 ans, on a effectivement du mal à considérer Ben Ali comme un vrai leader progressiste….
Comme l’économie a ses propres logiques, il n’est pas très étonnant que les pays arabes qui sont les plus sortis du socialisme, soient également ceux qui disposent du moins de rentes naturelles. La Libye, l’Algérie, disposent d’un contrôle d’état sur un gros magot pour financer les Chinovniki et lâcher du lest pour le peuple le cas échéant. La Tunisie et l’Egypte étaient bien obligées de faire un peu plus confiance aux entrepreneurs créateurs de richesse pour avoir quelqu’un à rançonner. Leur libéralisation plus précoce est donc sans doute plus le fruit d’une réalité différente que de l’existence d’élites notoirement plus éclairées.
On disposerait alors d’un cadre d’analyse pour anticiper ce qui va se passer. Plus les régimes sont encore « socialistes » très étatiques, très bureaucratiques, partis uniques, exerçant un contrôle social fort, évitant l’émergence de toute société civile et contrôlant l’économie, moins il y aura de chance que le « peuple » les renverses.
On pouvait pressentir que cela serait plus difficile et douloureux en Libye qu’en Tunisie. L’expérience Algérienne avec le FIS laisse penser que malgré une timide et récente libéralisation, le FLN, socialiste, d’après ses statuts, aura encore l’énergie de tirer sur le peuple si il le faut.
Partout dans le monde, le féodalisme, c'est-à-dire des oligarchies plus ou moins familiales qui s’en mettent plein les poches, semble bien être le stade ultime des socialismes en décomposition avant un éventuel passage à une vraie démocratie. Elles peuvent tenir plus ou moins longtemps en fonction du contexte.
Medevdev, à qui on ne demandait rien, vient de proclamer que « La situation dans les pays arabe a des conséquence directes sur la Russie. « ils » vont essayer de faire la même chose chez nous. Le scénario des pays arabes ne marchera pas chez nous, mais il faut lutter contre le terrorisme et notamment ses méthodes, l’utilisation des ressources Internet…… » Poutine a cru bon de dire que la Russie était le régime le plus stable du monde, ce qui fait parti des déclaration qui vont en général mieux quant on a pas besoin de les dire. On ne saurait mieux reconnaître le parallélisme des situations de post socialismes…..
Mais ils ont raison de ne pas trop s’inquiéter. Avec la hausse du pétrole liée aux événements arabes, la Russie à largement les moyens de financer ses dirigeant, ses oligarques, issus du système soviétique, ses océans de fonctionnaires avides et même sa population.
Mais si à l’origine il y a certainement une aspiration libérale chez nos voisins, il est vraisemblable que les développements des évenements ne sont pas « populaires » sans doute même pas complètement ni démocratiques ni libéraux.
Dans le cas de la Tunisie comme dans celui de l’Egypte notamment, on a beaucoup parlé du rôle d’Internet. Mevedev lui-même…
Pas forcement libéral : le rôle des syndicats dans les « révolutions »
Oui à l’origine, en Tunisie, il y a un commerçant spolié par ces fonctionnaires pléthoriques et avides que produisent tous les socialismes, mais ensuite ? Certains commentateurs ont insisté sur le rôle des syndicats de « travailleurs ». Or, en regardant de prêt, on peu voir que furent particulièrement actif….les postiers et les enseignants.
Un peu comme chez nous, les syndicats forts sont des syndicats d’agents publics. Cela parait d’autant plus évident que l’on affaire à des pays qui se voulaient socialistes. Mais, plus encore que chez nous, être agent public dans ces pays revient à faire parti du système. Par l’allégeance, par le recrutement (les proches, les clients) par la formation, par la rémunération (faible mais avantage en nature et possibilité de se payer sur l’administré) etc…
Tout semble se passer comme en Russie en 91, les petits et moyens fonctionnaires, les jeunes du régime, exigeraient un partage plus juste des prébendes, un assouplissement relatif du système et s’attaquent aux grands chefs peu partageux.
Avec eux, la classe moyenne economique et ses enfants. Mais au fond c’est un peu la même chose, car dans ces pays « socialistes » la réussite economique passe nécessairement par des rapports au moins ambigus avec l’administration (pots de vins, autorisations, etc…)
D’ailleurs, on ne peut pas s’y tromper, le régime Moubarak n’était sans doute pas plus ignorant qu’un autre des réalités de son propre pays. Face a la persistance de « l’agitation sociale populaire » sa réaction a été de proposer une hausse du salaire….. des fonctionnaires…
http://www.liberation.fr/monde/01012318455-la-place-tahrir-toujours-occupee-par-les-anti-moubarak
Une des causes des « révolutions » tunisienne et égyptienne est donc peut être aussi que des dirigeants raisonnables ont tenté de résister à la pression de leur fonction publique pour échapper à l’austérité provoquée par la crise. Chez nous aussi, le premier Président à tenter de limiter l’inflation bureaucratique, atteint des records d’impopularité.
En revanche, il est vraisemblable que la principale revendication des fonctions publiques arabes n’est pas réellement plus de libéralisme economique. Si elles souhaitent être plus présentes dans le débat politique c’est sans doute pour un autre partage interne des ressources de l’Etat, pour ne pas faire les frais de l’austérité qui s’annonce. Pas pour débureaucratiser le pays.
Enfin le rôle des armées
Dans les régimes autoritaires, si il y a deux enfants chéris, ce sont les forces de l’ordre et l’armée. Ils sont par nature au cœur du système. En Egypte et en Tunisie, en Lybie et d'une certaine maniere en Algerie, les dirigeants étaient eux-mêmes des militaires. Leur abstention dans la défense des dirigeants, rappelle assez la prise de position des forces armées en 91 en Russie. Certes, ils ne voulaient pas tirer sur leur peuple, mais surtout, entre trois dirigeants du PCUS, entre trois produits du système, dans un contexte de tensions économiques et sociales, elles ont choisi le moins impopulaire. Le plus susceptible de sauver quelque chose de l’essentiel ?
On fait donc ici l’hypothèse que les « révolutions Arabes », au stade actuelle, sont gérées par la frange plus jeune, plus moderniste, plus ouverte, des privilégiés du système. Elles s’appuie entre autre sur sa base, ulcérée par les conséquences du contexte economique et l’incapacité de ceux « d’en haut » a partager. Face à des contestations populaires latentes du régime, mais aussi du fait de leurs propres insatisfactions, elles procèdent à des changements de tête. Leur avenir, si elles réussissent, pourrait être au mieux une prolongation des ouvertures engagées par leurs grands anciens avec des tentatives de limiter les abus les plus flagrants et d’ouvrir un peu plus la société, l’économie et le jeu politique.
A bien des égards, ce sont peut être plus des putchs à l’intérieur des systèmes en place que des « révolutions »..
Mais cela ne fonctionnera pas nécessairement :
Pour que cela réussisse, il faudra que le consensus entre les classes moyennes économiques, les fonctionnaires et syndicats et les forces de l’ordre pour se débarrasser des figures embarrassantes des anciens régimes et ouvrir un peu le système se maintienne. Ce n’est pas joué d’avance. Leurs intérêts sont divergents.
Déjà en Tunisie, on devine des empoignades entre les sous tendances.
Même si cela marche, ce ne sera pas forcement satisfaisant pour tous
Ces régimes, « socialistes », rappelons le, tiraient leur légitimité, entre autre, de leur lutte « laïque », mais musulmane quand même contre « l’islamisme ». Il est vraisemblable que l’on ne recrutait pas massivement dans les prébendes publiques des jeunes diplômes réputés de sensibilité islamiste. Dans des pays ou les liens avec les fonctionnaires et le pouvoir sont déterminants dans la réussite dans les affaires, on ne devait pas non plus leur faciliter la vie dans le business.
L’inverse étant d’ailleurs également vrai. Le jeune diplômé ne trouvant pas une place dans le système ayant tendance à aller voir chez les islamistes si il n’y aurait pas des choses à faire. Cela, quel que soit son degré réel d’engagement religieux. C’est en tout cas ce que j‘ai eu l’impression de voir par exemple chez les frères musulmans en Syrie. Soit dit en passant, cela est rassurant pour l’avenir. Ceux la, si on parvient a leur ouvrir des perspectives, deviendront sans doute, pour beaucoup, moins « fondamentalistes ».
Il est vraisemblable qu’il reste une classe moyenne de jeunes diplômés de sensibilité islamiste qui ne trouve et ne trouvera pas son compte dans ces révolutions si on ne leur y fait pas une place. Il vaut mieux être un jeune diplômé fonctionnaire mal payé qu’un jeune diplômé islamiste chômeur.
Tous cela se passant pour le moment sous le contrôle des armées, « laïques » ( !?) ils semblent rester en embuscade. Si il n’y a pas de consensus chez les « révolutionnaires » et que cela dégénère, ils n’ont sans doute pas dit leur dernier mot.
Associer les mouvements politiques islamistes aux nouveaux pouvoirs est donc sans doute un enjeu déterminant.
Et le peuple ?
Comme dans toutes les « révolutions » il est bien entendu absent mais cela ne durera peut être pas.
Les révolutions sont le fait des classes moyennes. Le « peuple » se livre à des jacqueries. Cependant, il est sans doute dans la même situation objective que les islamistes : en marge des avantages de la société. En ce sens au moins il doit être spontanément plus proche d’eux. Et puis, par culture, il doit être plus sensible à un discours social islamisant qu’a des revendications de libéralisme economique et, ou, politique.
Le contexte actuel est potentiellement explosif. D’un coté, on a une explosion des prix des denrées alimentaires. En face, un relâchement des systèmes répressifs de contrôle social délégitimés par les « révolutions ».
La vive satisfaction supposée des plus petits d’avoir été libéré des « dictateurs sanguinaires » ne suffira pas nécessairement longtemps à leur faire prendre patience face a ces vraies difficultés.
Cette situation pourrait devenir particulièrement préoccupante si les périodes d’incertitudes devaient durer. Plus particulièrement en Egypte et Tunisie, avec les conséquences prévisibles sur le tourisme, source majeure de revenus. Et on ne parle même pas du risque du retour massif de migrants égyptien, notamment de Libye mais pas seulement.
On se trouverait dans la situation ou les pays arabes les plus proches d’une démocratisation se trouveraient en même temps dans la situation la plus propice à un retour en arrière. Cela aussi est logique. Les pays « libéraux » sont plus fragiles que les « dictatures socialistes » aux crises conjoncturelles.
A priori, pour toutes ces raisons, on peut supposer qu’il y a une large « fenêtre d’opportunité » pour des partis islamisant si on procède à de vraies élections démocratiques.
Du reste en Russie, si les élections avaient été libres, ce serait sans doute les communistes qui auraient gagné au moment de Eltsine II et Poutine I.
Les suites des « printemps arabes » pourraient donc être très variées.
Réelle adhésion populaire et démocratique à un vrai programme de poursuite des changements vers plus de libéralisme economique et social sous la houlette quand même de gens issus du système et qui en préserverons une large part ?
Plus ou moins pseudo élections plus ou moins pseudo démocratiques portant au pouvoir les rejetons du système avec la bénédiction des forces armées pour poursuivre une libéralisation progressive mais surtout economique sans remise en cause réelle.
Prise démocratique du pouvoir par les classes moyenne islamisantes soutenus pas les suffrages populaires et accepté par le système sous garantie des armées
Désordre généralisé et retour à la case départ autoritaire en renvoyant peuple et islamiste à leurs affaires.
Prise démocratique du pouvoir par des partis islamiques a la turque.
Vraie révolution islamique.
Dans tous les cas, les armées auront une position clef. Il y a encore moins de chance pour que des islamistes aient put être nommés officiers supérieurs que pour qu’ils soient présents dans la petite fonction publique ou le business. Il existe dans tous ces pays un certain "passif" entre islamistes et armées. Il sera notamment intéressant de regarder le cas échéant si elles ont les mêmes scrupules à tirer sur le « peuple islamiste » que sur les enfants du système.
Il me semble qu’un des enjeux absolument clef d’une vraie démocratisation sera la manière dont les sensibilités islamistes seront ou non associées aux processus démocratiques.
L’arrivée démocratique au pouvoir de partis islamistes n’est pas nécessairement la perspective la plus inquiétante.
L’expérience Turque est assez encourageante de ce point de vue.
En tout état de cause, rien ne semble joué ou gagné, tout reste à faire et rien ne sera facile.
Mais il y a certainement un vraie occasion, fragile, de vrai progrès pour nos voisins ou au moins certains d’entre eux.
Dans ce contexte, le rôle de l’Occident, de l’Europe ou de la France devra absolument être d’aider ces pays autant que faire ce peut et quels que soient leurs choix. Comme tous le monde ne peut pas être partout et compte tenu de nos liens historiques, mais aussi des faibles chances que tous cela se termine bien dans la plus part des autres pays, cela veut dire qu’il faudrait que la France aide massivement la Tunisie à franchir ce nouveau cap.
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