Pris en tenaille, les djihadistes se résignent à négocier
Mali : Pour les djihadistes, l’étau se resserre
Dans une nouvelle vidéo diffusée par Sahara Medias et supposée du 17 janvier dernier, la qatiba des « Signataires avec le sang », ce groupe islamiste responsable de la prise d’otage meurtrière sur le site gazier d’In Amenas en Algérie, se dit désormais prêt à négocier. Ils sont maintenant acculés. Explications…
- Crédit photo : Sahara Medias
- L’enregistrement était prévu pour être distribué avant la fin des opérations algériennes contre les ravisseurs
« Nous sommes prêts à négocier avec les pays occidentaux et le régime algérien à condition que cesse l’agression et le bombardement contre le peuple malien musulman, notamment de la province de l’Azawad, et (que soit respectée) la charia sur son territoire », annonce dans une nouvelle vidéo, Moctar Belaour, alias Khaled Abu El Abass. Pour l’émir de la quatiba des « enturbannés » et créateur des « Signataires avec le sang », responsable de la prise d’otages meurtrière d’In Amenas, au sud de l’Algérie, négocier n’est-ce pas signe d’un affaiblissement criant ? Les « conditions » serviraient, tout du moins en apparence, à garder la tête haute.
Fait indiscutable au Mali, pour les djihadistes, l’étau se resserre. C’est la conséquence de la fermeture des frontières de l’Algérie au Nord et de la Mauritanie à l’Ouest. L’aide militaire apportée par la France est bien visible. Mais dans les faits, le rôle « discret » de ces deux pays limitrophes ne reste pas moins incontournable dans la résolution de la crise. Car, s’ils affichent une aide « indirecte » par le renforcement de leurs patrouilles dans les zones frontalières, ils jouent en réalité un rôle « actif » dans la lutte contre le terrorisme.
L’Etat mauritanien est bien en guerre contre les groupes armés islamistes. Ses soldats, qui n’ont pas encore officiellement foulé le sol malien, participent activement au conflit, bien plus que n’importe quel autre pays africain. Et ce n’est pas l’expérience qui lui manque (voir une vidéo de France24 sur youtube) : cet Etat dispose d’unités spéciales dédiées.
Aujourd’hui, il est nécessaire de faire la part des choses. Qui, le colonel Teyib Ould Brahim (Tawary), chargé de communication de l’état-major national mauritanien, pense-t-il berner quand il confirme la présence de ses forces armées dans l’Assaba et aux deux Hodhs pour des raisons de sécurité des frontières ou de préparation de séances d’entraînement ? Personne. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz (Noor Info) avait déjà soumis l’engagement des troupes mauritaniennes dans une éventuelle guerre dans le Nord Mali, sous couvert d’une résolution des Nations unies et en cas d’attaques des groupes islamistes. Ces deux conditions étant réunies, tout n’est que question de temps. Sous la pression de la CEDEAO et de la France, la Mauritanie ne viendra-elle pas en aide à son voisin qui se bat pour sa propre survie ? Les commentateurs sont formels : sa participation est inéluctable !
De son côté, l’Algérie vient de prendre un véritable tournant, probablement parce que sa stratégie diplomatique a récemment échoué. Contre les groupes armés islamistes qui avaient pris le contrôle des territoires au nord du Mali, (Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et Ansar Dine), la guerre est affichée. Et elle est désormais menée en pleine conscience.
Déjà, fin 2012, le président algérien Abdelaziz Bouteflika expliquait sa position à l’AFP, qui en a diffusé desextraits le 11 décembre dernier : « Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, aujourd'hui considérée, à juste titre d'ailleurs, comme une menace globale qui n'a pas de nationalité, ni de région ou de religion d'appartenance, il est normal que le Mali bénéficie de l'appui de la communauté internationale pour son éradication (…) L'Algérie, en ce qui la concerne, continue d'oeuvrer dans la limite de ses moyens, à mobiliser les pays de la région et à fournir une aide appropriée, pour lutter contre ce fléau, assurer la stabilité régionale et se consacrer au développement et à l'amélioration des conditions de vie des populations. »
Jusqu’alors favorable au dialogue et réticent à toute forme d’intervention militaire, Alger a finalement autorisé le survol de son territoire par les avions français, puis a annoncé la fermeture de sa frontière avec le Mali, privant ainsi les djihadistes maliens de bases de repli et de tout approvisionnement éventuel en armes et en essence. La « résolution » des évènements d’In Amenas vient appuyer sa « fermeté ».
Dans un communiqué publié par le site mauritanien Alakhbar, il y a à peine quelques jours, le groupe islamiste de Moctar Belaour se vengeait du régime algérien « pour avoir permis au colonisateur d’hier d’utiliser son sol et son espace ». Désormais et inévitablement, sa posture ne peut que changer.
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