Quand la Wallonie fait sa rebelle
Comment avec un État dans l’État – comprenons la "technoligarchie bruxellois" non-élue – , une crise institutionnelle structurelle et un tissu social en proie à l'éclatement, la Belgique (par le truchement de la Wallonie) peut-elle encore titiller l'oligarchie mondialisée à coup de souveraineté populaire ?
Nos amis wallons seraient-ils allergiques à une "vaseline" nommée CETA ? Étonnant pour une Belgique qui serait, selon les propos du polonais Donald Tusk, président du Conseil européen, "une vraie championne en matière de compromis", et surtout lorsque le "grand frère français", lui, semble y prendre goût ! Notre gouvernement socialiste n'a en effet pas tardé à parler de "l'un des meilleurs accords jamais négociés par l'Union européenne"1 c'est dire...
Mais – trêve de plaisanterie – de quoi parle-t-on ?
Le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement, ou Accord économique et commercial global)2 est un nouvel accord commercial, dont l'objectif est de parvenir à une homogénéisation/harmonisation des normes (sociales, agricoles, environnementales, sanitaires, etc.) entre l'Union-européenne (UE) et le Canada, en matière de libre-échange. A l'instar de son plus connu "grand cousin" le TAFTA (Traité de libre-échange transatlantique), l'accord prévoit la suppression des barrières tarifaires (droits de douane) mais aussi et surtout, "non-tarifaires" pouvant (hélas...) constituer une entrave au doux commerce...
Mais beaucoup ont la saugrenue idée d'y voir un "cheval de Troie" (ou "une vaseline" pour les esprits plus imaginatifs), devant préparer la mise en place d'un "cauchemardesque TAFTA". Le rattachement à l'ALENA (Accord de libre-échange Nord-Américain) n'a "rien à voir avec les Etats-Unis (qui en sont membres)" ! Ce n'est vraiment rien comprendre au libre-échange voyons !
La signature formelle de l'accord était initialement prévue au moment du sommet Europe-Canada du 27 octobre prochain, mais la Wallonie, cette rebelle, hostile au texte dans son état actuel, a rejeté la dernière proposition de la Commission. Le sous-préfet de l'Union européenne pour la province « Belgique », Charles Michel, n'a d'ailleurs pas manqué de dénoncer une « radicalisation »3. Les « radicalisés » wallons anti-CETA seraient-ils en train de voler, en terre belge, la vedette à ceux de l’Émirat islamique de Molenbeek ?
Mais que tout le monde se rassure, l'accord a, « pour gagner du temps » la possibilité d'être « appliqué avant sa ratification définitive » ! En effet, l'usage veut que certaines clauses des accords commerciaux puissent être appliquées dès l'approbation du Parlement européen, sans attendre celle des parlements nationaux... Qui a dit qu'il n'y aurait pas de "préliminaires" ?
1http://www.lemonde.fr/international/article/2016/10/13/manuel-valls-et-justin-trudeau-plaident-a-l-unisson-pour-le-traite-de-libre-echange-canada-ue_5013347_3210.html
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