Quand les islamistes passent à l’exécution
Au Maroc, le Parti pour la justice et le développement (PJD) emporterait les élections de 2007, d’après un sondage d’un institut américain réalisé récemment.

Les
résultats de ce sondage, qui n’ont pourtant rien d’étonnant, prévoient la
victoire de ce parti islamiste ( modéré ) avec 47% de voix. Or, si les futures
consultations sont transparentes, le PJD sera à la tête du prochain
gouvernement. Quel sera alors le paysage politique marocain à partir de
2007 ? Cette victoire prévue des islamistes
constituera-t-elle une menace pour le processus démocratique et la stabilité
politique au Maroc ?
Ces
questions légitimes, que posent un certain nombre d’acteurs politiques et quelques
journalistes et intellectuels, ne suscite, au moins jusqu’à aujourd’hui, qu’un
débat timide et très limité. Selon Abdellah Saâf, professeur de sciences
politiques à la faculté de droit à Rabat, dans son article publié à Assahifa
(Le journal), ce qui est fort probable, dans les années à venir, c’est la
continuité du statu quo. C’est-à-dire que les élections de 2007 n’apporteront
pas grand-chose, et ne modifieront pas les équilibres déjà en place. Car, pour ce
même chercheur, il n’existe pas d’acteurs politiques capables de tracer une
structure d’un processus politique différent. La droite est très faible,
la gauche se trouve dans des situations sans influences, tandis que les
islamistes, paraît-il, sont arrivés à la limite de leur évolution et ont pris
leur place quasi normale dans les équilibres actuels. Et il est improbable que
l’expérience algérienne (guerre civile après l’interruption du processus
électoral) se reproduise au Maroc. Ce dernier ne connaîtra pas non plus une
victoire des islamistes comparable à celle des Frères musulmans en Egypte par
exemple, ou à celle du mouvement islamiste Hamas en Palestine.
Certes,
le PJD a une place importante dans la scène politique marocaine.
En
septembre 2002, déjà avait raflé 42 sièges, talonnant l’Istiqlal (l’Indépendance) et l’USFP (Union socialiste des forces populaires), alors qu’il
s’était délibérément abstenu de présenter des candidats dans toutes les
circonscriptions. Et s’il prend « la responsabilité du prochain
gouvernement, dit un acteur de la société civile, il devra respecter la
constitution et les institutions en place ». Parmi ces institutions, le Roi
« qui jouit d’une crédibilité et d’une légitimité essentielles, et qui ne
permettra, demain, aucune tentative d’appliquer la chariaâ (loi islamique ) ou
des idées fondamentalistes et révisionnistes », poursuit le même activiste
civil, dans un entretien accordé dernièrement à un hebdomadaire national.
Si
les islamistes sont devenus fréquentables et ne font plus peur au Maroc, la
situation socio-économique, chaque jour plus dégradée (pauvreté et chômage d’une
grande majorité de la population, notamment parmi les jeunes), ne peut que
renforcer un islamisme radical, hostile à la démocratie et à la modernité. Seuls
un effort et une volonté politique de résoudre ces problèmes peuvent empêcher
le Maroc de plonger dans un chaos comme son voisin, l’Algérie.
Ahmed Bezzaoui
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