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Quand TéléMadrid compare les syndicats espagnols à ceux de Franco

Alors que s’organisait le week-end dernier, dans les rues de Madrid, une manifestation pour la défense de l’emploi par deux des plus grandes organisations syndicales du pays, au moment où l’Espagne subit de plein fouet la crise économique, « Siete días »-un programme de la chaine publique TéléMadrid - a fait un parallèle ambigu et maladroit de cette manifestation avec celles que l’on pouvait voir pendant la dictature franquiste. Ambiance.

"Du tourisme pour manifestants. Comme pendant les bons vieux jours de la dictature". C’est par ces mots que le présentateur de l’émission Siete dias (7 jours) s’est amusé à définir la manifestation pour la défense de l’emploi du week-end dernier qui a réuni plus de 57 000 personnes dans les rues de la capitale espagnole.

Alors que se terminait un reportage sur le groupe terroriste Al-Qaeda, José Antonio Ovies - le présentateur, connu pour ses prises de position tranchées et fervent opposant au gouvernement de Zapatero - a enchainé son émission par un reportage sur les manifestations des Sindicatos Verticales (Les Syndicats Verticaux), soutien de Franco pendant la dictature. Sur les deux minutes de reportage, ne montrant aucune image de la manifestation du jour, le présentateur ose son parallèle : "Des syndicats fidèles et à la botte du gouvernement de Zapatero. Ce que vous allez voir de nous rappelle rien ?". Les mots du présentateur laissent place alors à des images illustrant le dictateur espagnol qui harangue la foule. "Pour ces manifestations de soutien à Franco, il n’était pas rare que l’on offre le voyage aux personnes qui souhaitaient se rendre dans la capitale espagnole, sandwich compris" (il faut dire que le bocadillo en Espagne était et reste toujours une institution). La caméra revient ensuite sur le présentateur qui se met à lire un communiqué du Comisiones Obreras (Commissions Ouvrières, CC OO), l’un des deux syndicats avec l’Unión General de Trabajadores (Union Générale des Travailleurs, UGT) organisateurs de la manifestation du week-end. José Antonio Ovies assène : "Ecoutez bien maintenant. CC OO a mis à disposition un train et offre le voyage à celui qui le souhaite depuis Albacete - une commune située à près de 300km au sud-est de Madrid - ainsi qu’une petite collation pour tenir jusqu’à l’arrivée...". Effet réussi et ambiance assurée, le ton glacial et provocateur du présentateur n’a pu que laisser perplexe le téléspectateur de la chaîne. Alors, TéléMadrid aurait-elle poussé la comparaison un peu trop loin ?

Pas l’ombre d’un doute pour les syndicats mobilisés qui ont immédiatement réagi aux propos du présentateur en demandant la démission d’Isabel Linares, la directrice générale de TéléMadrid. "La chaine est allée trop loin. C’est indigne." s’est insurgé José Ricardo Martínez, le secrétaire général de l’UGT, ajoutant par la suite que c’était "une insulte à la démocratie". Javier López, le secrétaire général de CC OO va même plus loin dans la dénonciation : "Parler ainsi de la manifestation porte atteinte à l’article 20 de notre constitution" qui garantit l’accès aux moyens de communication dépendant de l’Etat aux groupes sociaux et politiques représentatifs. Il faut savoir que 80% des représentants élus aux élections syndicales à Madrid sont issus de ces deux formations, la CC OO et l’UGT.

L’histoire aurait pu s’arrêter là si le monde politique ne s’y était pas mêlé. Mais voilà, Francisco Granados, le secrétaire général du PP (Parti Populaire) madrilène, a rajouté de l’huile sur le feu de la polémique en déclarant que cette manifestation était un "scandale" et une "honte" pour le pays. "Les syndicats vivent de l’argent public et en font un mauvais usage quand ils ne remplissent pas leurs obligations. Qu’ils défendent plutôt les intérêts des travailleurs que ceux de Zapatero".

Les deux organisations syndicales n’ont pas tardé à réagir aux propos du secrétaire général en publiant un communiqué commun dénonçant les propos "fascistes" de Granados et appellent la présidente de la Communauté de Madrid, Esperanza Aguirre, à prendre ses responsabilités "en isolant et en mettant à la marge les radicaux de son parti".

Les deux syndicats envisagent aujourd’hui de porter l’affaire devant les tribunaux. A suivre donc, mais la polémique ne risque pas d’arranger les difficultés que connait actuellement l’Espagne pour sortir de la crise économique.

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Aaborg


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