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Quelques nouvelles de Grèce

Depuis les élections de juin dernier, il y a eu quelques changements en Grèce. La majorité formé d'une coalition entre le PASOK, la ND - les deux partis qui ont alterné au pouvoir de 1980 à 2012 - et la DIMAR s'est quelque peu réduite, en quelques mois. De 179 sièges sur 300 après les élections, la majorité s'est réduite à 167. Tout cela à cause du comportement ultra-rigoriste de la coalition pro-mémorandum.

En effet, jusqu'à présent, chaque fois qu'un député d'un des trois partis votait contre un texte du mémorandum, il était immédiatement exclu. Ainsi, 4 députés ND ont été exclus, ainsi que 6 du PASOK et 1 de la DIMAR (ce dernier ayant rejoint le groupe SYRIZA). De plus, 1 député PASOK a choisi de quitter le groupe avant d'en être renvoyé. Si pour le moment ces exclusions à répétition n'ont pas remis en cause la majorité, la situation pourrait bien changer pour peu que l'habitude des exclusions demeure. En effet, le dernier texte sur le mémorandum n'a été adopté qu'à une seule voix de majorité. Pour le moment, tous les députés PASOK, ND et DIMAR qui ont voté contre n'ont pas été sanctionnés (cependant, 7 députés auraient été exclus de leurs groupes, réduisant la majorité à 160 sièges sur 300, information à confirmer car le site officiel du parlement hellène ne l'indique pas), mais la situation du gouvernement devient de plus en plus précaire.

Contrairement à ce qu'il s'était produit en 2010 et 2011, les députés exclus de leurs groupes ne se sont pas encore structurés. Ainsi, les députés exclus du groupe ND n'ont pas rejoint l'ANEL (qui est née suite à l'exclusion de députés de la ND en 2011), pas plus que ceux exclus du groupe PASOK n'ont rejoint le groupe SYRIZA, qui comprend notamment 2 députés du KOISY, une scission anti-austérité du PASOK.

 

Si les partis de la coalition majoritaire continuent de faire preuve d'une telle intransigeance envers leurs propres députés, s'ils conservent leur ligne de défense absolue du mémorandum, il est fort probable que le parlement chute à plus ou moins court terme, entraînant, si aucune nouvelle majorité n'émerge, de nouvelles élections. Et c'est là que tous les commentateurs se jettent sur les sondages. Car en Grèce comme en France, la saison des sondages, c'est presque toute l'année !

Après une brève accalmie dans les deux mois qui avaient suivi les élections de juin, c'est depuis le 6 septembre que les instituts grecs ont décidé d'initier des batteries de sondages électoraux. Et les chiffres avancés sont explosifs.

Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire une analyse détaillée de tous les sondages (12) parus entre le 6 septembre et aujourd'hui (le plus récent date d'hier 26 novembre). Pour ceux que ça intéresse, à la fin de cette note, j'ai récapitulé les chiffres (avec les sources, toutes tirées du site eklogika.gr qui répertorie les sondages politiques en Grèce). Néanmoins, et même si je suis très critique quant à la théorie sondagière, le simple pouvoir d'injonction qu'ont les sondages sur les électeurs me pousse à faire une analyse globale sommaire.

 

  • Premier enseignement de cet ensemble de sondages : SYRIZA est donnée gagnante.

    Seuls 3 sondages (tous publiés en septembre) sur 12 la donnent battue par la ND. De plus, plus les sondages publiés sont récents, plus l'avance accordée à SYRIZA sur la ND est importante. Ceci est cohérent avec un sondage SKAI selon lequel 59% des personnes interrogées pensent que SYRIZA gagnerait en cas d'élection anticipée, contre 26% qui pensent que la ND resterait vainqueur.

  • Deuxième enseignement de cet ensemble de sondages : la XA progresse nettement.

    En effet, les sondages sont unanimes à accorder au parti ouvertement néo-fasciste (qui a relativement mis de l'eau dans son vin : ses deux députés les plus turbulents ont été remplacés par leurs suppléants, le logo du parti, représentant le dédale grec en noir sur fond rouge, référence directe au parti nazi, a été officiellement remplacé par le dédale encadré d'une couronne de lauriers en noir sur fond blanc, et le parti ne soutient plus officiellement les milices violentes qui s'en prennent aux immigrés à Athènes et dans d'autres villes), qui s'était maintenu à 7% entre les scrutins de mai et juin, au grand désespoir de ses dirigeants qui cultivaient l'objectif d'atteindre les 10%, une troisième place avec un résultat à deux chiffres. Elle pourrait obtenir jusqu'à 15% des suffrages, mais un résultat situé entre 12% et 13% semble plus probable. Cela n'en constituerait pas moins un record historique pour un parti d'extrême-droite en Grèce.

  • Troisième enseignement de cet ensemble de sondages : le PASOK s'écroule.

    Il avait déjà enregistré une importante baisse au scrutin de mai dernier, mais avait stoppé sa chute en juin, se maintenant comme troisième force à 12% des voix. Il semble acquis que l'ancien parti social-démocrate le plus puissant d'Europe ne dépassera pas les 10% en cas de scrutin anticipé. De plus, dans les sondages les plus récents, il est donné au coude-à-coude, voire dépassé par l'ANEL, la DIMAR et le KKE.

  • Quatrième enseignement de cet ensemble de sondages : la DIMAR régresse, le KKE ne progresse pas.

    En effet, et comme l'avaient prévu nombre d'observateurs, la participation de la DIMAR à la coalition pro-mémorandum fait fuir ses anciens électeurs. Elle qui s'était maintenue autour des 6% en mai et juin pourrait chuter à 5%, voire 4%.

    Le KKE, quant à lui, avait enregistré en juin le plus mauvais résultat de son histoire, avec 4,5% des voix seulement, alors qu'il a obtenu pratiquement le double en mai et au scrutin de 2009. Au mieux, on lui accorde un peu plus de 5%, mais la plupart des sondages le situent entre 4% et 4,5%. Toutefois, aucun sondage ne semble indiquer qu'il réaliserait moins que les 3% nécessaires à l'entrée au parlement.

  • Enfin, le cinquième enseignement de cet ensemble de sondages : aucun "petit parti" ne devrait pouvoir intégrer le parlement.

    Si la coalition libérale anti-austérité DX-Drasi semble maintenant bien implantée dans le paysage politique grec, les sondages lui accordent royalement entre 1% et 2% des voix. L'OP écologiste, après avoir réalisé successivement en 2009 et en mai 2012 deux résultats historiquement élevés pour un parti écologiste en Grèce, au point de frôler de quelques centaines de voix seulement l'entrée au parlement en mai 2012, avait brutalement régressé en juin. Il semblerait que cette tendance se confirme, les sondages lui accordent au mieux 1,5%, plus sûrement entre 0,5% et 1%.

    Le Laos, quant à lui, ne se remet toujours pas de sa participation au gouvernement d'union nationale avec le PASOK et la ND en 2010 et 2011. Sorti du parlement de justesse en mai dernier, il avait encore reculé en juin. Le rôle de fédérateur de l'extrême-droite grecque (qui a toujours réalisé entre 7% et 10% des voix mais ne parvenait pas à intégrer le parlement du fait de ses divisions) qu'il a patiemment construit depuis son entrée surprise au parlement en 2007 semble lui échapper au profit de la XA, et ce n'est pas sa rénovation (avec un nouveau logo bien plus "abstrait" que la vieille croix orthodoxe stylisée) en parti conservateur classique qui changera quoique ce soit à sa chute. Il est donné entre 0,3% et 1,5%, et il est très douteux qu'il dépasse 1% des suffrages.

    Pour ce qui est de la fédération d'extrême-gauche ANTARSYA, elle serait très probablement, en cas d'élection anticipée, le seul parti d'extrême-gauche en position de se présenter. En effet, trois élections en moins d'un an, ça vide les caisses, et si les deux partis marxistes-léninistes avaient pu être présents en juin, il est douteux qu'ils puissent l'être cette fois encore. Ainsi, ANTARSYA pourrait faire le plein de voix à l'extrême-gauche, bien que le succès de SYRIZA ai considérablement réduit les perspectives électorales de cette dernière (qui, en comptabilisant toutes les listes, parvenaient à recueillir près de 5% à chaque élection législative, contre 1,5% en mai et moins de 0,5% en juin derniers). Les sondages lui accordent généreusement 1,5% des suffrages environ ; pour ma part, je la situerais plutôt autour de 1%, soit environ son niveau de mai dernier.

    Quant aux autres partis qui pourraient être présents (le parti "Nous ne paierons pas", le Parti Pirate, le Parti Libéral, etc), il leur est accordé suivant les sondages entre 1% et 2% pris ensemble. D'une manière générale, l'ensemble des "petits partis" devrait réunir entre 5% et 7% des suffrages, soit sensiblement le même niveau qu'en juin, confirmant que les résultats du 6 mai (où l'ensemble des partis non représentés au parlement représentait près de 20% des suffrages) demeurent exceptionnels.

 

Pour ce qui est de l'analyse des sondages, ils sont assez difficiles à comparer. En effet, il n'y a pas comme en France de consensus entre les instituts sur la manière de présenter les données. Ainsi, tous les sondages n'indiquent pas les mêmes partis (ce qui, compte tenu du caractère très hypothétique d'une élection et donc de l'ignorance pure et simple de quels partis pourraient être présents en-dehors des 7 plus importants, est assez logique), certains prévoient une catégorie "autres partis" et d'autres non, et les catégories "Blanc", "Nul", "Indécis", "Ne vote pas" et "Non répondu", outre qu'elles ne sont pas toujours toutes présentes (et parfois aucune ne l'est), sont souvent peu crédibles (exemple : même en les combinant toutes, on ne dépasse pas les 25% d'abstentionnistes potentiels, alors que l'abstention était de 38% en juin et 35% en mai) et parfois combinées en dépit du bon sens (que "blanc" et "nul" soient combinés passe encore, mais pourquoi agréger les "indécis" avec les non répondants ?). De plus, certains sondages prennent en compte de telles catégories mais sans les indiquer sur les données finales (on s'en rend compte en faisant la somme des résultats : elle est inférieure à 100).

Du coup, pour pouvoir comparer les sondages entre eux (dont de toutes façons j'ai retranscris le contenu en fin d'article), il faut opérer des recalculs. Comme la méthode de présentation en France consiste à prendre comme base les seuls répondants valides (c'est-à-dire pas ceux qui indiquent vouloir s'abstenir ou voter blanc ou nul), j'ai réalisé un graphique comparatif des différents sondages publiés en prenant comme base les seuls répondants valides et en regroupant les "petits partis" (DX-DRASI, ANTARSYA, LAOS, OP, DEN, KPE, etc) et la catégorie "autres" en une catégorie "autres".

 

Voici le résultat :

(lien direct)

Il est très probable que la lecture de ces sondages alarme quelque peu les responsables politiques de la majorité, qui vont probablement s'efforcer d'éviter le scénario d'une troisième élection anticipée en un an qui conduirait soit à l'impasse politique (car il est fort possible, surtout avec le résultat annoncé de la XA, qu'aucune majorité ne puisse émerger d'une telle élection) soit à un gouvernement de gauche radicale constitué autour de SYRIZA.

 

Cet article est originellement une note de mon blog.

En complément, je vous encourage à aller lire ma note sur le scrutin du 6 mai et celle sur celui du 17 juin derniers.

 

En guise d'annexe à l'article, les contenus et sources des différents sondages publiés depuis deux mois :

Sondage Pulse RC du 06/09/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/PulseRC-Pontiki_6-9-12.pdf) :

ND : 22,5

SYRIZA : 21,5

XA : 9,5

PASOK : 7,5

ANEL : 6

KKE : 4,5

DIMAR : 4

ANTARZYA : 1

OP : 1

DX+DRASI : 1

Autres : 3,5

Sondage VPRC du 07/09/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/VPRC-ElladaAurio_7-9-12.pdf) :

SYRIZA : 30

ND : 28

XA : 12

PASOK : 7,5

ANEL : 7

KKE : 6

DIMAR : 4

LAOS : 1,5

OP : 1,5

DX+DRASI : 1

ANTARSYA : 0,5

DEN : 0,5

KPE : 0,5

Sondage Metron Analysis du 22/09/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/MetronAnalysis-Ependytis_22-9.pdf) :

SYRIZA : 20,8

ND : 19,6

XA : 8,8

PASOK : 7,3

ANEL : 5,4

DIMAR : 4,8

KKE : 3,9

OP : 1,1

Autres : 3,4

Blanc ou nul : 6,6

Ne voterons pas : 11,4

Indécis : 4,7

Non répondu : 2,2

Sondage RASS du 22/09/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/Rass_parapolitika_22-9-12.pdf) :

ND : 24,2

SYRIZA : 23,1

XA : 9,3

PASOK : 8,2

ANEL : 6,3

DIMAR : 5,2

KKE : 4,6

OP : 1,3

DX+DRASI : 1,1

Autres : 3,1

Blanc ou nul : 3,4

Ne voterons pas : 10,2

Sondage MRB pour Real News du 23/09/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/Real_News_23-9-12.pdf) :

ND : 22,9

SYRIZA : 22,4

XA : 9,0

PASOK : 7,9

ANEL : 5,0

DIMAR : 4,2

KKE : 4,0

OP : 1,2

Autres : 3,3

Ne voteront pas : 5,7

Non répondu : 4,3

Indécis : 7,8

Nul : 0,9

Blanc : 1,4

Sondage VRPC du 18/10/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/Political_Conjuncture_and_Governance_Oct2012.pdf) :

SYRIZA : 30,5

ND : 27,0

XA : 14,0

ANEL : 7,0

KKE : 6,5

PASOK : 5,5

DIMAR : 5,5

DX-DRASI : 1,0

OP : 1,0

LAOS : 0,5

Autres : 1,5

Sondage RASS du 20/10/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/Rass-Parapolitika_20-10-12.pdf) :

SYRIZA : 23,8

ND : 22,7

XA : 9,2

PASOK : 7,2

ANEL : 6,1

DIMAR : 5,0

KKE : 4,5

DX-DRASI : 1,8

OP : 1,4

Autres : 3,6

Blanc ou nul : 3,1

Ne voteront pas : 11,6

Sondage Alpha du 23/10/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/Marc-Alpha_23-10-12.pdf) :

SYRIZA : 23,2

ND : 21,3

XA : 9,6

PASOK : 6,0

ANEL : 5,5

DIMAR : 4,9

KKE : 4,8

Autres : 5,4

Ne voteront pas : 8,8

Indécis : 10,5

Sondage Pulse RC du 02/11/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/Pulse-ToPontiki_2-11-12.pdf) :

SYRIZA : 23

ND : 20

XA : 11,5

PASOK : 6,5

ANEL : 6,5

KKE : 5

DIMAR : 4,5

DX+DRASI : 1,5

ANTARSYA : 1,5

OP : 1

Autres : 2

Blanc ou nul : 9

Indécis : 8,5

Sondage KAPA Research du 11/11/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/KapaResearch-ToVima_11-11-12.pdf) :

SYRIZA : 23,1

ND : 20,4

XA : 10,4

PASOK : 7,5

ANEL : 6,4

KKE : 5,7

DIMAR : 4,6

DX-DRASI : 1,6

ANTARSYA : 1,4

OP : 1,2

LAOS : 1

Autres : 1,9

Indécis : 14,8

Sondage GPO pour MEGA du 19/11/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/mega-gpo_19-11-12.pdf) :

SYRIZA : 22,3

ND : 20,1

XA : 10,3

PASOK : 7,5

ANEL : 6,5

DIMAR : 5,0

KKE : 4,6

OP : 0,7

LAOS : 0,3

Autres : 3,4

Blanc : 2,2

Nul : 1,8

Ne voteront pas : 5,1

Indécis : 10,2

Sondage Pulse RC du 26/11/2012 (http://www.eklogika.gr/uploads/files/Dimoskopiseis/PulseRC-6meres_26-11-12.pdf) :

SYRIZA : 23,5

ND : 19

XA : 12

ANEL : 6,5

PASOK : 6

KKE : 5

DIMAR : 3,5

ANTARSYA : 1,5

DX-DRASI : 1

OP : 1

Autres : 2

Blanc ou nul : 10,5

Indécis/Non répondu : 8,5


Moyenne des avis sur cet article :  4.67/5   (12 votes)




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7 réactions à cet article    


  • jako jako 28 novembre 2012 09:30

    Merci de cet éclairage non radiophonisé.


    • jullien 28 novembre 2012 12:17

      Indéniablement le meilleur article du jour. Merci l’auteur.


      • Brath-z Brath-z 28 novembre 2012 15:20

        Merci du compliment. C’est vrai que l’actualité de la situation politique en Grèce n’est plus guère présente dans nos journaux, y compris sur le média participatif.


      • Aldous Aldous 28 novembre 2012 13:25

        Article limpide.


        La situation politique a décrédibilisé le clivage droite/gauche et on voit bien que l’enjeu véritables clivage est de se plier au système ou d’en sortir.

        Le parti socialiste et la droite conservatrice se sont alliés pour continuer la politique qui convient au système.

        Quand l’étroite majorité de cette coalition hétéroclite sera usée, il y aura un moment de basculement potentiellement dangereux.

        Dans les années 20 ce sont les extrêmes qui ont accédé au pouvoir, les rouges ou les bruns en fonction du pays.

        La situation se complique par l’existence de l’UE, une puissance tutélaire antidémocratique qui a montré par deux reprises, en renversant Papandreou et Berlusconni, qu’elle savait imposer ses hommes aux peuples.

        Je suis persuadé qu’en cas de victoire de SYRIZA ou d’Aube Dorée, l’UE transformera la Grèce en gouvernorat et contournera le régime démocratique. 



        • Fab81 28 novembre 2012 14:59

          Merci pour ces informations. Je me réjouis de voir Syriza grignoter du terrain, mais l’écart reste tout de même faible avec les conservateurs, qui étaient arrivé en tête lors du dernier scrutin, bénéficiant ainsi de sièges supplémentaires. Et je crains fort, que même en cas de victoire, Syriza peine à rassembler une majorité...


          • Brath-z Brath-z 28 novembre 2012 15:17

            Oui, c’est là tout l’enjeu. Une majorité peut être impossible à trouver pour vraiment peu de choses. S’il y a des élections anticipées, on peut fort bien se trouver à nouveau dans une impasse. Du coup, quelle perspective ? Faire voter une quatrième fois, avec le risque que la montée de la XA continue ?
            Si la majorité actuelle continue de se déliter, et que de nouvelles élections sont convoquées, il y a fort à parier que même les partis les plus réticents, tel le KKE, mettront de l’eau dans leur vin pour éviter d’avoir à voter une quatrième fois. Mais cela sera-t-il suffisant ? La dernière fois, même en additionnant KKE, SYRIZA, DIMAR et PASOK, il n’y avait pas de majorité. Si SYRIZA arrive en tête, la « prime » de 50 sièges pourrait permettre de faire la jointure, mais il n’y a aucune garantie. A moins que les baisses du PASOK et de la DIMAR ne soient compensées par une remontée de SYRIZA à 35% ou plus des suffrages, l’avenir est incertain même en cas de législatives anticipées.


          • BA 2 décembre 2012 14:51

            Dimanche 2 décembre 2012 :

             

            A propos du parti néo-nazi « l’Aube Dorée » :

             

            Plusieurs manifestations anti-fascistes ont eu lieu en Grèce au cours de la semaine, dont la plus importante le samedi 24 Novembre. Une manifestation spontanée de plus d’une centaine de personnes s’est formée dans la banlieue sud d’Athènes à Elliniko et Glyfada et a suivi un groupe de quelque 30 néo-nazis qui tentaient de marcher dans le quartier, les forçant à fuir. A midi, une grande manifestation s’est rassemblée devant le bâtiment historique de l’Université d’Athènes, réunissant des militants anti-fascistes de divers mouvements de gauche et anarchistes.

             

            Une autre manifestation, plus petite, s’est déroulée dans l’après-midi sur la place Kypseli et s’est dirigée vers la place Amerikis, un quartier où les tensions entre les Grecs et les immigrants sont constamment agitées par l’Aube Dorée. Des préparatifs sont en cours pour une manifestation anti-fasciste massive prévue pour le 19 Janvier 2013.

             

            Une nouvelle attaque contre les bureaux de l’Aube Dorée a été rapportée le jeudi 29 Novembre à Nea Michaniona, près de Thessalonique, où des inconnus ont jeté des pierres sur les fenêtres du bureau.

             

            Entre temps, la Fondation « Pain de Vie » (Άρτος Ζωής) a organisé lundi une conférence sur le « Paganisme néo-nazi et l’Eglise Orthodoxe » avec les haut-parleurs de l’église ainsi que des théologiens. Comme nous l’avons mentionné dans des bulletins précédents, la division qui traverse l’Église de Grèce est devenue plus intense ces derniers mois, avec quelques prélats qui ont déclaré leur soutien à l’Aube Dorée, tandis que d’autres, tels que le métropolite de Siatisti, ont indiqué très fermement leur opposition au fascisme et au racisme, sur la base que toute idéologie qui promeut la haine des autres n’a rien à voir avec le concept chrétien de l’amour.

             

            Action anti-facistes en Crète et le cas Kasidiaris.

             

            D’autres manifestations anti-fascistes ont été organisées dans les villes de Chania et Héraklion, en Crète, contre la venue de députés de l’Aube Dorée sur l’île samedi. A Chania, quelque 100 membres de l’Aube Dorée se sont rassemblés devant leurs bureaux, tandis que pas moins de 800 manifestants anti-fascistes se sont rassemblés pacifiquement un peu plus loin, organisant des danses grecques devant des bus de la police anti-émeute qui séparaient les deux manifestations.

             

            Le député de l’Aube Dorée Ilias Kasidiaris, avec les membres de son groupe [ l’Aube Dorée a 18 députés au parlement grec ], ont agressé un journaliste de Crète FM 105,5 et l’ont forcé à supprimer ses photos du rassemblement de l’Aube Dorée devant la police, qui n’est pas intervenue. Ilias Kasidiaris encore a prononcé un discours effrayant à ses partisans, dans lequel il a clairement exprimé son aversion pour les institutions démocratiques et l’État de droit :

             

            - "Comme vous le savez depuis plusieurs années, nous n’aimons pas le statut des députés. Nous avons bien sûr profité de certains privilèges par l’occupation de cette fonction. Nous avons maintenant l’autorisation formelle de porter des armes, nous ne pouvons pas être arrêtés en flagrant délit si il y a des affrontements, ce qui nous donne plus de latitude pour agir. Comme pour tous les autres privilèges, nous en avons fait cadeau."

             

            A Héraklion, les partisans de l’Aube Dorée ont tenu une réunion au cours de laquelle le député Christos Pappas a rendu les intentions anti-démocratiques du parti encore plus claires en affichant un drapeau avec l’emblème de la junte [ la junte a exercé une dictature d’extrême-droite entre 1967 et 1974 : « la Dictature des Colonels » ].

             

            Par ailleurs, le caractère pro-junte de l’Aube Dorée a été souligné dimanche, quand l’ancien dictateur emprisonné Stylianos Pattakos a donné une interview au journal Parapolitika, dans laquelle il déclarait que "l’Aube Dorée est là pour rester", et qu’il est actuellement le seul mouvement politique qui se tient en Grèce.

             

            Stylianos Pattakos a également révélé que le député de l’Aube Dorée Ilias Kasidiaris lui avait rendu visite en prison au début du mois de novembre pour lui souhaiter un joyeux 100ème anniversaire.

             

            Ilias Kasidiaris a cependant couru vers les ennuis avec la police à Héraklion, samedi, quand il a essayé de briser le cordon de police qui séparait l’évènement de l’Aube Dorée d’une manifestation anti-fasciste qui s’était rassemblée à proximité. Empêché d’avancer par la police, il a menacé l’officier en charge, en disant : « Je vous jure, vous aurez des morts ce soir. » Il s’est en outre plaint que "l’Aube Dorée est le seul parti politique légal contre lequel les manifestations sont autorisées". La direction de la police locale a transmis la vidéo des menaces de Ilias Kasidiaris au Procureur, demandant qu’une enquête soit menée, tandis que l’association des employés de la police de l’Attique a publié une déclaration condamnant Kasidiaris :

             

            - « Étant donné que ces députés ne nous respectent manifestement pas comme ils le devraient, nous déclarons à notre tour que nous n’avons pas de respect pour ceux qui, par leurs discours ou leurs actions, nous rabaissent et nous insultent. Nous voudrions enfin les informer que la police grecque ainsi que le peuple grec ont été durement touchés par les mesures d’austérité, mais qu’ils restent fidèles à leur serment de servir la démocratie et la primauté du droit.  »

             

            Venizelos souhaite interdire l’Aube Dorée.

             

            Le leader du PASOK, Evanggelos Venizelos, en sa qualité de professeur de droit international, a annoncé mercredi qu’il allait entreprendre une initiative pour interdire l’Aube Dorée, alors que le leader de l’Aube Dorée Nikolaos Michaloliakos, dans une interview mardi, a déclaré que "toute tentative visant à interdire l’Aube Dorée doublera son électorat". Il faut noter qu’Evanggelos Venizelos était sous-ministre à la Présidence et porte-parole du gouvernement quand le mandat en cours de l’Aube Dorée a été enregistré en tant que parti politique légal le 01 Novembre 1993.

             

            Inquiétudes concernant les actions de l’Aube Dorée.

             

            Les préoccupations concernant l’Aube Dorée continuent de croître, en Grèce et à l’étranger. Il est apparu cette semaine qu’un homme arrêté à Volos plus tôt ce mois-ci avec des cocktails Molotov avait l’intention d’attaquer une mosquée de fortune sur les ordres de l’Aube Dorée. Ce rapport est le deuxième concernant des sympathisants de l’Aube Dorée étant en possession de grandes quantités d’explosifs. Dans le premier cas à Sparte au mois d’août dernier, un homme avait été tué lors de la manipulation d’explosifs, tandis que son complice avait été laissé libre malgré la découverte d’une cachette avec du matériel permettant de fabriquer environ soixante bombes.

             

            Des agressions racistes ont été rapportées cette semaine : une tentative d’incendie d’une maison habitée par des immigrants à Spata, près d’Athènes, une attaque monstrueuse dans laquelle les auteurs ont gravé les initiales de l’Aube Dorée sur le dos de leur victime originaire du Soudan, et un cas d’attaque meurtrière contre deux travailleurs immigrés dans un marché de producteurs à Kallithea.

             

            Six députés du SYRIZA ont déposé une question parlementaire aux ministres de l’ordre public, de la justice et de la santé au sujet des attaques homophobes et de l’absence de toute action de fond par l’Etat sur ce sujet.

             

            Cette semaine, l’initiative française "Réseau de solidarité et d’information pour l’action antifasciste et antirépressive en Grèce" a posté sur Vimeo un court documentaire sur l’Aube Dorée :

             

            http://www.okeanews.fr/lactualite-complete-de-la-grece-pour-la-semaine-du-24-au-30-novembre-2012-avec-rbnews/


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