Qui remportera le juteux marché de la reconstruction syrienne ?
Pour l'instant, seuls les marchands d'armes s'enrichissent en Syrie. Après la guerre, il faudra reconstruire le pays. Et si une des raisons de l'acharnement occidental officiel contre l'intervention russe en Syrie était le contrôle du marché juteux de la reconstruction ?
La reconstruction de la Syrie est planifiée depuis 2013 par les Nations Unis. Cette planification est dirigée par un ancien ministre syrien du Plan, Abdullah al-Dardari, éduqué aux Etats-Unis et impliqué, avant la guerre, dans les réformes économiques du pays. Il chiffrait, en 2013, les dommages aux infrastructures syriennes entre 60 et 80 milliards de dollars. Le premier ministre par intérim de l'opposition, Ibrahim Miro estimait le coût de la reconstruction à 100 milliards de dollars.
Un article de décembre 2015 suggère que la politique anti Assad de l'Occident est due à l'alliance économique de la Syrie avec les Chinois, les Russes et les Iraniens. Effectivement, La Russie a l'intention de mener la reconstruction de la Syrie. Assad veut accorder aux firmes russes des milliards de dollars de contrat après la guerre. Il faut noter que les Russes et les Iraniens avaient déjà investi massivement dans le pays avant l'intervention militaire russe. Ces investissements pourraient rapporter gros après la guerre. Les Chinois seront aussi partie prenante. La Chine, soutien d'Assad a prévu d'investir 30 milliards de dollars pour la reconstruction de la Syrie, selon Seymour Hersh. Et Assad a déclaré qu'ils n'autoriserait aucune firme liée à l'occident ou aux pays du golfe à investir dans son pays.
Mais les puissances occidentales ne l'entendent pas de cette oreille. Dès 2013, l'ambassadeur français au Liban, déclarait que les entreprises françaises au Liban se préparaient aux opportunités économiques que la reconstruction syrienne allaient amener. L'Europe compte sur la reconstruction syrienne pour booster un peu sa croissance morne. Il y a quelques années, c'était la Turquie qui se réjouissait de contribuer à la reconstruction et qui voyait des retombées économiques positives. Récemment Cameron a promis de consacrer un milliard de livres sterling à la reconstruction de la Syrie, au cours du débat sur la participation britannique à la guerre en Syrie. Une façon un peu cynique de relancer les affaires... En avril 2013, le général Wesley Clark, un banquier de Los Angeles et une banque du Golfe ont annoncé la création d'un fonds d'investissement destiné à la reconstruction de la Syrie, après le départ d'Assad. Pour mémoire, le général Wesley Clark est l'ancien commandant en chef de l'OTAN pendant la guerre du Kosovo. Il a aussi été ancien candidate démocrate à la maison blanche en 2004. Il s'est reconverti dans la finance.
Et pour obtenir ces marchés, l'Occident soutient les rebelles économiquement : La banque allemande Kfw, spécialisée dans l'aide au développement a créé un fonds de 85 millions d'Euros, destinés aux zones rebelles de Syrie, créé par les Emirats Arabes Unis, l'Allemagne et les Etats-Unis en 2013. La brochure de ce fond reconnaît comme représentant légitime du peuple syrien la coalition nationale de l'opposition syrienne. La France a rejoint ce fonds en juin 2014. On trouve des articles datés de 2012 qui demandent la création d'un fonds pour la reconstruction syrienne financé par les pays du Golfe et dirigé par les Amis de la Syrie (USA, France, Qatar, Arabie Saoudite et Turquie principalement).
Rappelons-nous les exemples précédents de reconstruction guidés par les USA. Les guerres d'Irak et d'Afghanistan auraient coûté 1.6 trilliard de dollars au contribuable américain. Elles ont été des sommets dans le détournement de fonds et le gaspillage d'argent public. Ces sommes ont été englouties sans améliorer la vie des populations dans ces deux pays. Mais elles n'ont pas été perdues pour tout le monde : En Irak, une dizaine de sociétés se sont partagés 72 milliards de dollars. KBR, une société de construction, filiale de Halliburton dont Dick Cheney fut dirigeant, a empoché 39 milliards de dollars. Souvent, ces compagnies ont financé le parti républicain. Le prix de l'action Halliburton est passé de 6$ en 2001 à 50$ en 2013. Et les Etats-Unis ont l'intention de recommencer en Irak, puisque, en 2014, Kerry demandait que les pays de la région contribuent à un fonds de construction pour les zones libérées de l'EI.
Ce qui est sûr, c'est que la stratégie du choc va s'appliquer aussi en Syrie. Le fameux Abdullah al-Dardari prétend que la Syrie ruinée n'aura d'autres choix que la dette pour sa reconstruction. Les Syriens n'ont pas fini de souffrir...
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