Rama Yade, Bernard Kouchner, Nicolas Sarkozy... et moi et moi et moi...
Rama Yade s’illustre à nouveau. Au quotidien Le Monde, samedi, elle a posé les « trois conditions indispensables » pour que Nicolas Sarkozy se rende à Pékin pour la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques. Mais quelques heures plus tard, elle dément ! « J’y pense et puis j’oublie »...
Rama Yade se rappelle au bon souvenir des droits de l’homme, quelques mois après avoir tancé le colonel Kadhafi d’un désormais célèbre "la France n’est pas un paillasson". Moult réprimandes plus tard, elle avait aménagé son propos. Samedi, au quotidien Le Monde, elle a lâché quelques déclarations fracassantes, mais à peine avions-nous eu le temps de finir de lire l’article que les dépêches tombaient : Le Monde, ce repaire de "charognards", avait tout inventé, elle n’a jamais dit ça.
Trois conditions indispensables
Selon le quotidien, Rama Yade déclare sans détour : "Nous demandons la remise en liberté immédiate de Hu Jia, qui vient tout juste d’être condamné à trois ans et demi de prison". Puis, au sujet de la présence de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d’ouverture, qui "parlera alors en tant que président en exercice de l’Union européenne", "trois conditions sont indispensables pour qu’il s’y rende : la fin des violences contre la population et la libération des prisonniers politiques, la lumière sur les événements tibétains et l’ouverture du dialogue avec le Dalaï-Lama". Détonant !
"Le Tibet est un pays envahi et on y stérilise les femmes"
Plus détonant encore que lorsque Nicolas Sarkozy a déclaré que "chaque fois que quelqu’un est humilié, est persécuté, est opprimé, il devient automatiquement Français", à l’occasion de la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien, en octobre 2007. Mais bien moins que lorsque Bernard Kouchner déclarait "se souvient-on que le Tibet est un pays envahi et qu’on y stérilise les femmes ?"... enfin, c’était en 1996. Car depuis, les choses ont changé. Nicolas Sarkozy se contente d’appeler le gouvernement chinois à la "retenue" et de déclarer que "toutes les options sont ouvertes". Bernard Kouchner, lui, est encore plus explicite... "Nous sommes aussi contraints de ménager un certain nombre d’intérêts économiques pour ne pas creuser le chômage : cela s’appelle gouverner". Les droits de l’homme pour plus d’un milliard de Chinois, c’est bien joli, mais il ne faudrait pas que ça aggrave le chômage, mazette ! C’est Nicolas Sarkozy qui doit se retourner dans son palais, lui qui affichait dans son programme présidentiel que "la mondialisation ne peut en aucune manière justifier que l’homme et l’environnement soient sacrifiés aux intérêts de l’économie et du commerce".
On pouvait penser que, suite à l’épisode "Kadhafi", Rama Yade avait obtenu l’accord de l’Elysée, et éventuellement du Quai-d’Orsay, pour se lâcher de la sorte. Mais on ne peut que constater, à la lecture des multiples démentis et autres correctifs, que ce n’était pas le cas. La confusion issue de la publication de l’article est grandiose. Et Rama Yade a rapidement démenti que le terme "condition" ait été employé. Le Monde maintient. Mais si l’entretien du "paillasson" n’avait pas été enregistré, n’aurait-elle pas démenti ?
Citation de Clement Attlee : "On serait tenté de dire que ce ne furent que des mots, mais, aux moments importants de l’Histoire, les mots sont des actes".
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