De la désinformation pure et simple sous couvert de défoncer des portes ouvertes.
La plupart des internautes francophones sont contre la peine de mort (il suffit de parcourir les débats sur le sujet sur la toile pour s’en convaincre). Alors évidemment, revenir sur ces cinq condamnations, c’est un peu mettre les lecteurs de son côté.
Alors que les échanges entre la magistrature française et chinoise sont de plus en plus nombreux et que la justice chinoise fait des progrès maintes fois relevés par les personnes qualifiées, la tendance reste aux a-priori et idées reçues quant à la qualité de la justice chinoise. L’ineptie qui consiste à présenter comme un argument que la torture serait systématique dans les prisons chinoises en est un exemple. Les lois chinoises ne permettent pas la torture, et s’il y a peut-être (j’en suis persuadé sans en avoir eu la preuve) des entorses, violations de ces lois, ce ne saurait être de manière « systématique ».
L’organisation Amnesty International fait son boulot. Elle aide à convaincre les opinions libres. Mais elle n’apporte jamais (en tout cas je n’en ai jamais vu) de preuves réutilisables. Autrement dit, de son sérieux, et de son sérieux seul, dépend la véracité de ce qu’elle affirme.
Quand elle considère que les condamnations surviennent dans des procès qui ne sont pas équitables, cette considération s’appuie sur des éléments soumis à controverse. Le huis clos par exemple. La presse chinoise semble ne pas diffuser les mêmes information que l’organisation. Ensuite, elle avoue elle-même qu’elle base ses critiques en rapport au droit international. Quand bien sûr les procès eux sont attelés sur les rails du droit actuel de la Chine...
Pour ma part, je tiens à faire savoir aux hypothétiques lecteurs que je suis contre la peine de mort, mais que je reste persuadé que ces procès se sont déroulés dans les règles. J’en suis convaincu jusqu’à preuve du contraire pour la simple et bonne raison qu’il est pour moi inconcevable que le gouvernement chinois ait laissé s’installer des manquements juridiques dans ces affaires hautement sensibles. En d’autres mots, le gouvernement sait et savait que le moindre faux pas serait exploité par les organisations séparatistes du style de celle de l’auteur du billet. On peut difficilement considérer après les événements de 2008 que la Chine ne se doutât point qu’un regard aiguisé serait lancé depuis l’Occident vers ces procès...
Je n’irais pas jusqu’à dire que ces procès sont irréprochables du début à la fin de la procédure, mais j’entends bien que même AI devra chercher loin les détails qui justifieront son adjectif « inéquitable ».
Revenons maintenant sur l’article lui-même. De la désinformation pure et simple.
Honteux n’est pas le mot. La honte est un sentiment qui n’entre pas dans ce genre de matraquage.
On a jamais honte de dire une ineptie qui indignera tous les lecteurs quand le but est de faire passer un message plus sensible derrière ces fausses polémiques.
Le recours de plus en plus grotesque à l’adjectif « pacifique » cache par exemple des déformations peut-être plus difficiles à démasquer pour les lecteurs non-avertis.
Examinons par exemple ce passage :
"la manifestation avait dégénéré suite au passage à tabac de deux moines
par les forces de l’ordre, information qui s’était propagée à Lhassa.
C’est à ce moment que les policiers et militaires chinois sont
intervenus et ont tiré sur les manifestants et alors que ceux-ci ont
incendié des boutiques.«
Outre le fait qu’on ne parle pas de lynchages, et qu’on ne lise même pas le mot émeute dans ce passage censé rappeler les »faits« , on essaiera de dénicher au moins une »vérité« . Ce sera peine perdue...
D’abord le passage à tabac de deux moines annoncé comme précédant la dégénérescence (en quoi ?) de la manifestation est nullement démontré et hélas, il y a fort à parié que ce soit indémontrable. J’imagine que bon nombre de sites pro-tibétains (je n’aime pas cette appellation qui désigne son contraire quand on sait que la plupart des Tibétains ne vivent pas en Inde ni ne travaillent pour des agences américaines et j’utiliserais désormais le terme séparatistes qui lui veut dire ce qu’il veut dire), des sites séparatistes donc, en grand nombre reprennent sûrement cette fausse information qui pour créer une simple chronologie des événements, qui pour expliquer, voire justifier les violences que notre auteur semble nier.
Même la presse francophone (qu’on peut difficilement taxer de pro-chinoise au vu des médias occidentaux qui présentent des images de manifestations réprimées en Inde et au Népal comme se déroulant à Lhassa, juste après le début des événements, qui donnent d’abord seulement les infos délivrées par le GTE, qui passent sous silence avant de révéler de manière inaudible les témoignages de journaliste -James Miles- et de touristes présents, qui dès le début et encore maintenant utilise une expression qui ne correspond à rien d’établi : »repression sanglante« , qui après les événements passent sous silence le témoignage de leur confrère allemand Georg Blume, etc...) même cette presse francophone ne parle de ces passages que comme »rumeurs« et pas, comme notre auteur le fait, »informations« .
Pour ma part, je suis prêt à croire à l’existence de ces rumeurs, car qui connait la situation tibétaine sait l’influence et l’efficacité pour propager des rumeurs de ces outils de propagande que sont Radio free asia, Voice of Tibet ou Voice of américa (Radio free asia a notamment été fondée par la CIA et est financée actuellement par le NED et par le congrès des States...).
Bref, des émeutiers quelque peu énervés, ça on le comprend.
»C’est à ce moment que les policiers et militaires chinois sont
intervenus et ont tiré sur les manifestants« , nous dit notre voix agoravoxienne soit-disant favorable à un dialogue sino-tibétain...
80 morts selon le Gouvernement Tibétain en Exile...
Seulement voilà. Rien, ni personne, ne vient prouver que ces tirs et ces morts ont existé. Il existe en tout et pour tout un seul »témoignage« recueilli par les exilés qui attesterait de ce genre de répression : un Tibétain qui se serait enfui du Tibet... Quelques Étrangers dont une partie est en relation avec l’ambassade des États-Unis parlent seulement de »sons« pour évoquer des coups de feu. Mais la plus grande partie des Étrangers présents (et ils étaient nombreux à Lhassa) donnent un témoignage qui veut confirmer que les policiers n’étaient pas armés le 14 (il ne le seront que le 15 quand le renfort de l’armée arrive) et qu’il n’y a pas eu de coup de feu ce jour-là. Parmis cette majorité de points de vue, on retrouve le journaliste James Miles qui n’a rien vu ni entendu de tel. Il ya aussi Georg Blume qui récolte les premiers témoignages de Tibétains dont même le plus hostile au gouvernement chinois reconnait qu’il n’y a pas eu de coup de feu par la police.
On est alors en droit de demander une réponse claire à notre propagandiste :
Pourquoi écrit-il : »Les victimes des incendies ont-elles été tués par les coups de feu, ont-elles paniqué à cause des coups de feu ? « ?
Quand on sait qu’il est fortement improbable qu’il y ait eu des coups de feu ce jour-là, que veut signifier sa question ?
Par ailleurs, il parle de »boutiques« incendiées, mais d’après Qiangba Puncog, président du gouvernement de la Région autonome du Tibet, il ya eu aussi le cas d’un civil aspergé d’essence et brûlé vif...
Les cas violents sont multiples, rapportée par Miles, cet enfant qui se fait lapidé, ou par des touristes, cyclistes, vieillards, lynchés en pleine rue ou par les rescapés eux-mêmes (en chinois, apparemment leurs témoignages n’intéressent pas les francophones), cas de violence filmés par des caméras de surveillance, ou le lendemain par les journalistes dépêchés sur place (la vidéo qui montre cette victime dont la fesse fut entaillée par les émeutiers, apparemment ils en auraient sectionné un morceau de chaire après qu’elle se soit évanouie..., me reste en mémoire tant les images de son transport à l’hôpital sont édifiantes ), rapportés via Blume par les Tibétains eux-mêmes, bref, des actes de violence dont le déni m’exaspère.
Que notre propagandiste ne soit pas »au courant« de ces faits est pour moi une impossibilité indéniable. Car il se nomme France-Tibet Ile de france, et qu’il ose »renseigner« les francophones en publiant article sur article sur Agoravox.
Il me semble peu probable par exemple qu’il ne soit pas au fait de ce que même l’encylopédie participative Wikipédia publie.
Je réchigne toujours à donner des liens vers cette »encyclopédie" qui est le terrain de la pensée unique occidentale. Je m’explique : celle-ci sur des faits concernant la Chine ne peut être impartiale. Parce qu’elle se propose de référencer tous les faits évoqués par des articles de presse ou par des références connues et admises. Or chacun sait que la presse francophone (hormis les récentes traductions en français des organes du PCC) est impartiale de fait concernant la Chine. Par ailleurs, à supposer que des Chinois francophones auraient pu contribuer à ces articles, il s’agit forcément de contribution très récentes de Chinois de Chine étant donné que Wiki fut longtemps censurée en Chine...
Bref, les articles de Wiki sont à prendre avec des pincettes.
Mais ce lien, même imparfait, peut, je crois, informer les lecteurs de la désinformation patente dans cet article que nous commentons comme dans beaucoup d’autres :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Troubles_au_Tibet_en_mars_2008
Un article sur les troubles au Tibet. J’invite par ailleurs les lecteurs à lire l’historique de l’atricle et sa page de discussion pour se faire une idée de l’impossible partialité de ce même article. Je précise que je n’ai pas contribué à Wiki, et que si je le fais un jour je signerais Haina.
On a beaucoup de mal à imaginer que ce manifeste qui auto-promeut l’association-auteur soit autre chose que de la mauvaise foi. En effet comment favoriser un dialogue sino-tibétain en relayant les pires mensonges qui soient ?