Réchauffement climatique : le faux prétexte énergétique
Sécurité énergétique
Certains politiciens reconnaissent (en privé) qu’ils ne croient guère aux catastrophes annoncées par le GIEC si la terre se réchauffe d’un degré ou deux en cent ans. Par contre, ils rétorquent en affirmant, toujours hors caméra, que (je résume) : "Il faut acheter moins de pétrole aux pays producteurs dont la plupart ne nous veulent pas du bien, mais annoncer une politique de restrictions au nom de la sécurité énergétique n’est pas assez politiquement vendeur, alors que faire croire à un catastrophe climatique est plus efficace"...
Entendons nous bien : je n’affirme pas que LA cause cachée derrière les politiques anti-CO2 est une recherche de la sécurité énergétique. Il y a bien d’autres raisons pour les politiciens, groupes de pression financiers et autres, de vouloir utiliser la polémique autour du RC. Mais cet argument circule couramment dans la plupart des cercles politiques, et bien des politiciens ou activistes promouvant les thèses réchauffistes pour d’autres raisons n’hésitent pas à se servir de celui là lorsque cela les arrange. Il convient donc de l’examiner en détail.
Le fait est que bien des réserves pétrolières mondiales sont localisées dans des zones non seulement étrangères à la démocratie, mais dont certains régimes sont imprégnés d’idéologies pour le moins opposées au développement de la liberté individuelle, et parfois prêt à répandre leur propre conception de la société chez nous grâce à l’argent du pétrole. Nombre d’auteurs ont d’ailleurs montré que le pétrole était souvent non pas une "ressource" pour leur peuple, mais une source de puissance pour les dictateurs qui les maintiennent sous leur main de fer, et que la corrélation entre localisation des puits de pétrole et régimes autoritaires n’était de ce fait pas un hasard.
En outre, certains s’alarment de la capacité que les fonds souverains de ces pays à racheter nos économies par le biais des revenus pétroliers. Là encore, la crainte est parfaitement exagérée, mais je n’aborderai pas cette question en détail maintenant.
Le risque de rupture brutale des approvisionnements énergétiques
D’autres enfin, s’inquiètent des conséquences d’un possible conflit au moyen orient susceptible, par fermeture du détroit d’Ormuz, d’amener une soudaine baisse brutale de nos capacités d’approvisionnements en or noir, faisant flamber brutalement le coût de notre énergie et mettant nos économies à genoux. Cette menace ne peut être écartée d’un revers de manche, et peut se traiter comme un classique problème d’assurance : dans quelle mesure est il souhaitable de remplacer une partie de notre consommation d’une énergie encore relativement bon marché (en termes constants) par des énergies ou des politiques volontaristes de réduction des consommations plus chères dans l’immédiat que la consommation de pétrole, mais susceptibles de nous éviter une "crise de la guerre de Yom Kippour 2.0" ?
Le question n’est pas illégitime, même si certains de mes amis libéraux la rejettent par principe, ce qui est à mon sens une erreur.
En effet, l’argument que je lis dans divers débats, y compris sur les commentaires de mon blog, est que si une énergie est moins chère, il est idiot de mettre de l’argent public dans le développement d’énergies alternatives plus coûteuses. Le fondement de l’argument est recevable mais la réponse simpliste.
Lorsque une activité privée réalise un profit, ses promoteurs doivent s’assurer de la pérennité de ce profit : d’abord par un ré-investissement d’une part de ces profits, et aussi par une politique de gestion des risques appropriée, laquelle, notamment, peut se traduire soit par le paiement de primes d’assurance, qui réduisent le profit immédiat, soit par la diversifications des fournisseurs même si cela conduit à augmenter légèrement le prix moyen d’achat de la fourniture incriminée, et donc réduit le profit.
Bref, la gestion de la pérennité de l’activité économique dans le temps peut conduire des décideurs privés à renoncer à une part de profit immédiat pour s’assurer contre les risques futurs liés à leur activité, mais améliorer de ce fait la probabilité de réaliser des profits futurs.
Or, le risque de disruption brutale de l’approvisionnement énergétique n’est pas facilement assurable par des moyens purement privés. Je ne dis pas que c’est impossible, mais cela requerrait des changements paradigmatiques importants dans la gestion de la ressource mondiale en pétrole.
En effet, que nous le voulions ou non, la plus grande partie du marché mondial du pétrole est sous forte contrainte étatique. C’est sans doute regrettable, mais cela ne changera pas demain par simple imprécation. Aussi l’intrusion des états des pays consommateurs paraît inévitable dans la mise en place de politiques de sécurité des approvisionnements énergétiques, par le biais d’accords d’état à état, ou par des politiques intérieures visant à substituer l’emploi d’énergies "instables" par des énergies plus sûres géopolitiquement parlant. Cela ne doit pas éviter que la société civile ne puisse chercher de son côté à s’assurer contre ces risques, et l’état ne doit pas empêcher les solutions privées de se substituer à son intervention lorsque cela est possible.
Mais il paraît dans le contexte actuel irréaliste de nier aux états un rôle dans la mise en place de politiques visant à assurer la continuité de la disposition d’une énergie en quantité suffisante pour produire notre électricité ou fournir les moyens de notre mobilité. A condition, toutefois, que ce débat se fasse sur des bases rationnelles et guidées par la science plutôt que par les exigences de la politique spectacle. Et de ce point de vue, la situation actuelle est catastrophique.
Cacher les bonnes questions derrière de faux problèmes : une bien triste façon de concevoir la politique
Les questions ci dessus, qui pourraient faire (et feront sans doute) l’objet d’articles fleuves à elles seules, mériteraient à l’évidence d’être abordées dans un débat public raisonné et argumenté sur les politiques énergétiques. Notamment, un problème d’assurance pourrait se traiter par des raisonnements d’assureur : quel est le risque exact encouru, quel est le coût de l’occurrence du risque, comment évaluer sa probabilité sur une durée donnée, et comment déduire de ces éléments le coût maximal des politiques d’assurance mises en place pour se prémunir du risque. Ce sont des raisonnements rationnels mais visiblement jugés trop peu porteurs par nos dirigeants.
Ceux-ci préfèrent alimenter l’hystérie du réchauffement climatique car ils pensent que les citoyens n’accepteront pas de changer de comportements et de choix de vie sur de simples considérations de sécurité énergétique. Ils pensent pouvoir nous imposer des réductions et des changements de mode de consommations d’énergie par la peur de catastrophes climatiques.
Cette approche est déplorable, antidémocratique, et injustifiable, pour de multiples raisons.
Tout d’abord, c’est une bien triste façon de concevoir la politique que de vouloir cacher de vraies bonnes questions aux réponses complexes derrière de faux prétextes aptes à alimenter les fantasmes les plus délirants. Autant le dire crûment : nos politiciens croient que nous sommes trop stupides pour comprendre les enjeux derrière les questions purement énergétiques. Aussi une bonne propagande visant à effrayer les populations permettra plus sûrement de faire passer de mauvaises pilules. Les régimes hitlériens et staliniens n’agissaient pas autrement pour faire marcher leurs embryons d’opinions publiques dans "la bonne direction".
Ce biais propagandiste en dit long sur la dérive anti-démocratique qui semble affliger l’ensemble des élites dirigeantes des principales démocraties ces dernières décennies. Mais peut être faudra-t-il parler de pseudo-démocraties dans un avenir proche ? Car enfin, que penser de gens qui aiment la démocratie tant qu’ils ne sont pas élus, mais qui, une fois les électeurs charmés, agissent comme si ils voulaient leur retirer toute faculté d’analyse critique, de débat et d’opposition respectueuse aux choix politiques proposés ?
Nos politiques, même lorsqu’ils confondent couche d’ozone et CO2 – ce qui en dit long sur leur volonté de conduire ce dossier de façon rationnelle...- ne peuvent pas ignorer l’existence d’une lourde controverse autour des théories du GIEC qui leur servent de canevas d’aide à la décision. Pourtant, ils continuent de vouloir nous guider vers les chemins d’un accord de Kyoto bis à Copenhague, accord dont les termes pourraient se révéler particulièrement désastreux pour les nations développées, comme si de rien n’était, et en considérant comme normales des propositions qui portent en germe de très lourdes réductions à venir de nos libertés individuelles. Voilà qui laisse de lourdes interrogations en suspens sur le ou les objectifs cachés derrière ces choix politiques pour le moins contestables, et qui laissent croire que l’argument de la sécurité énergétique n’est qu’un paravent parmi d’autres pour aider à justifier l’injustifiable auprès de certains publics.
Le changement climatique est un mauvais "proxy" de la sécurité énergétique
Mais foin de polémique politique, quand bien même celle-ci est majeure. Rationnellement, est-il intelligent de brandir l’épouvantail du réchauffement climatique si l’objectif réel est de développer une certaine sécurité énergétique ?
Le raisonnement de ceux qui répondent par l’affirmative est limpide : nos rejets de CO2 proviennent du pétrole en grande majorité, limitons nos rejets de CO2 et nous limiterons l’usage du pétrole.
Hélas, l’intrusion de l’argumentaire anti CO2 dans la question énergétique rend caduque bien des solutions correctes du point de vue de cette sécurité des approvisionnement énergétiques.
Deux sources d’énergie pourraient assurer une notable sécurisation de nos approvisionnements en carburants divers :
> Les schistes bitumineux, dont les réserves sont estimées à largement plus d’un siècle, mais dont l’extraction n’est actuellement rentable que si le prix des énergies concurrentes reste durablement au dessus de 70 à 80$ par barril.Une part importante de ces ressources est localisée dans des pays tels que le Canada, qui ne pose pas de problème géopolitique particulier.
> Le charbon, dont les réserves sont également importantes, qui peut être transformé en carburant par divers procédés chimiques, dont le plus ancien, Fischer Tropsch, fut utilisé par les nazis pour leurs engins de guerre, et l’Afrique du Sud pour contourner les embargos anti-apartheid. Ces deux précédents ne constituent certainement pas une bonne publicité pour la transformation du charbon en pétrole, mais prouvent que l’opération est possible et connue depuis longtemps. Le Charbon reste abondant aux USA, au Canada, et en Europe de l’est. Il semble d’ailleurs que depuis, le procédé ait été grandement amélioré du point de vue de son efficacité énergétique.
Seul problème : tant l’extraction, la purification et la consommation de carburant issus de schistes bitumineux que la transformation, puis la consommation de charbon liquéfié, augmentent les rejets de CO2 fossiles dans l’atmosphère. Ces sources d’énergie, qui font partie des solutions aux éventuels problèmes de gestion des risques pétroliers géopolitiques, sont donc bannies de la panoplie des politiques possibles au titre de la réduction des émissions de dioxyde de carbone. Il n’y a donc pas correspondance entre changement climatique et sécurité énergétique.
Conclusion
Quel que soit la façon d’envisager le problème, utiliser la lutte contre les rejets de CO2 comme "proxy", comme "outil de mystification de masse" pour promouvoir la sécurité énergétique ne fonctionne pas. Ceux qui utilisent ce prétexte pour justifier les politiques réchauffistes sont donc soit incompétents, soient malhonnêtes, et dans ce dernier cas utilisent la sécurité énergétique comme un énième prétexte frelaté pour faire passer bien d’autres pilules plus amères à des esprits rationnels qui ne se laisseraient pas impressionner par l’argument de la hausse des températures.
Les citoyens ne doivent pas se laisser abuser par ce genre d’argument lorsqu’il leur est servi, ne serait-ce que parce que l’usage de tels procédés propagandistes en dit long sur la conception particulièrement perverse de la démocratie des politiciens qui les mettent en oeuvre. Si la sécurité énergétique est une vraie question, si nos dirigeants identifient de réelles menaces sur nos approvisionnements, alors les réponses politiques qui doivent y être apportées doivent l’être par un débat sincère et sans masques, débat qui permettra de réfuter,sans aucun doute, certaines thèses alarmistes quant aux risques de rupture brutale des capacités d’approvisionnement, et d’y apporter des réponses à la fois publiques et privées proportionnées à la réalité de la menace et à sa probabilité.
Au contraire, la dramatisation autour du réchauffement climatique confinant à l’hystérie, voire au ridicule lorsque des autorités politiques y mêlent des poêles à frire et la couche d’ozone, conduit à adopter des réponses totalement disproportionnées, déraisonnables, et liberticides, visant à réduire nos libertés essentielles qui sont celles d’habiter dans les maisons que nous souhaitons, de nous déplacer aussi librement que nous le pouvons, et de consommer une énergie aussi bon marché que possible pour satisfaire nos besoins domestiques et professionnels.
Utiliser des techniques de propagande pour égarer les masses ne peut en aucun cas aider à trouver de bonnes solutions aux problèmes posés à l’humanité, et ne peut que favoriser l’émergence de politiques liberticides soutenues par des groupes fanatisés agissant pour "notre bien". Toute ressemblance avec les deux grandes idéologies meurtrières du XXème siècle est hélas bien réelle.
Ps. Le problème est très vaste et ce "court" article élude bien des questions connexes. Je tenterai de revenir sur certaines d’entre elles dans les semaines à venir, si l’actualité m’en laisse le temps. Je ne veux pas qu’Ob’Lib’ ne parle que de réchauffement climatique !
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