Régularisation : la leçon d’Obama aux Européens
La politique de l’Europe en matière d’immigration est simple et s’inspire d’un concept militaire défensif : le blocus. Raison pour laquelle :
- en Grèce, les immigrés sans papier sont actuellement farouchement pourchassés. Aussi bien par une extrême droite délirante et totalement décomplexée par une Troïka qui impose à son pays une politique économique et sociale de sacrifice sans limite, ce qui lui profite largement. Mais également par un pouvoir de droite libérale fraîchement élu qui traque, arrête, expulse sans compter.
- en France, les politiques de quotas d’expulsions, les politiques de quotas de régularisations au compte gouttes, les politiques agressives à l’égard des minorités telles que les Roms mises en place sous Sarkozy ministre de l’intérieur et amplifiées par Sarkozy président sont désormais admises comme la règle et la norme par tous les conservateurs libéraux, de droite comme de gauche.
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L’Europe et ses dirigeants sont pour la liberté de circulation des marchandises et des capitaux. L’Europe et ses dirigeants sont pour la déification d’une dette pourtant totalement fictive afin d’imposer une rigueur sans limite, afin d’imposer un protectionnisme humain totalement illusoire plutôt qu’un protectionnisme économique raisonné et raisonnable. L’Europe et ses dirigeants appliquent finalement la politique capitaliste ultime, celle qui consiste à organiser la prédominance des biens plutôt que la prédominance de l’humain. En ce sens, les gouvernements sociaux démocrates qui ont participé à l’édification de cette Europe bunker et qui y participent encore aujourd’hui sont bien ancrés dans ce capitalisme financier qui non seulement ignore l’individu en tant que sujet, mais l’érige en simple variable d’ajustement de la machine de production des richesses qui ne sont jamais réellement partagées.
La justification rabâchée, ressassée, mastiquée et finalement digérée désormais par le plus grand nombre de manière réflexe est toujours la même : la dette nous a subitement rendu pauvre à tel point qu’aucune redistribution est possible, qu’aucune charge supplémentaire est supportable. L’immigré est l’une de ces charges insupportables. L’immigrés d’Europe est un lest, un poids mort dont il faut se débarrasser sans manière. Qui peut donc s’étonner de l’effrayante poussée des extrêmes droites d’Europe puisque dans les faits leur thèse est validée dans sa globalité : la richesse se crée et se partage entre soi identique et s’il faut expulser ou chasser l’étranger pour conserver son bien alors on expulsera et on chassera !
A ceux qui rétorquerons que le manque de création de richesse est bien une réalité nous leur rappellerons que jamais dans notre histoire contemporaine la croissance des richesses n’a été aussi gigantesque, mais que jamais dans notre histoire contemporaine son accaparement par une “élite” ultra minoritaire en nombre n’aura été aussi intense. La richesse existe mais elle est détenue par ceux qui ne la produisent pas. La richesse existe mais elle est concentrée dans des mains fermées et imperméables à l’autre.
D’évidence, le “modèle” outre-atlantique des sociaux démocrates européens et en particulier des sociaux démocrates français l’a compris. Si bien que “l’icône” venu des Etats Unis n’a pas hésité à mettre en place un système d’assurance maladie qui n’existait pas dans la première économie du monde au nom d’un dogme idéologique libéral selon lequel la richesse ne se redistribue pas, elle s’acquière puis se conserve par des mains fermées et imperméables à l’autre. Selon ce même dogme idéologique libéral, les Etats Unis, pays le plus endetté de la planète, ne pouvait s’offrir ce “luxe”. Mais pour Obama la richesse existait bel et bien et devait être redistribuée.
Toujours au nom du même dogme idéologique libéral, l’étranger est une menace pour la richesse. Les mains fermées et imperméables à l’autre se barricadent et expulsent l’immigré des droits humains à la richesse. Mais Obama en a décidé autrement. L’autre a également droit à la richesse que le libéral dogmatique dément posséder. Alors Obama régularise les clandestins par centaines de milliers, peut-être même par millions…
C’est ainsi que l’Europe se voit infliger un démenti cinglant en ce qui concerne sa thèse sur la dette. Et cela en provenance de la terre berceau du capitalisme moderne, un comble ! Car avec cette vague massive de régularisations de sans papiers on y voit sans l’ombre d’un doute une leçon magistrale d’économie humaine d’Obama à l’égard d’une Europe qui s’égare…
Sydne93
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