Relations Jordano-israéliennes, le point mort
Selon le quotidien Yediot Aharanot, les relations diplomatiques entre Israël et la Jordanie sont pratiquement rompues. Malgré les demandes incessantes du gouvernement israélien, les autorités jordaniennes traînent à accréditer un nouvel ambassadeur à Tel Aviv en remplacement de Ali Al Ayid, qui a quitté Israël depuis le mois de juillet 2010. Même les échanges commerciaux, un temps florissants entre les deux pays, sont maintenant au point mort.
Netanyahou aura eu beau jeu de mettre en garde le Roi Abdallah de Jordanie du danger auquel son gouvernement exposait l'avenir de leurs relations bilatérales en les gelant de la sorte, le monarque parait décidé à demeurer abonné absent.
Des sources proches du Roi indiquent que les relations entre les deux pays ont atteint leur niveau le plus bas depuis le retour en force de Netanyahou sur la scène politique israélienne. Le quotidien Al Qods Al Araby rapporte que le Roi, qui ne prête aucun crédit au Premier ministre israélien, est allé jusqu’à déclarer « en 1999, j’ai eu à collaborer avec Netanyahou durant trois années qui ont été les pires de ma vie ».
Le Roi n’est pas le seul. Tous les Jordaniens s’accordent pour dire qu’Israël et son ministre des affaires étrangères israélien Avidgor Lieberman sont leurs pires ennemis. Pas étonnant dans ce cas que la rupture de l’accord de paix jordano-israélien signé le 23 octobre 1994, figure sur la liste des revendications prioritaires des manifestants qui défilent dans les rues de la capitale.
A l’arrêt des négociations israélo- palestiniennes, une des causes de l’exaspération la Jordanie face à Israël, s’ajoutent l’expansion des colonisations ainsi que la judaïsation galopante de Jérusalem.
Totalement décalé par rapport au vent de révolte qui souffle sur le monde arabe, Israël continue, à travers ses ministres et ses députés, à rester aveugle aux changements en cours d’opération au Moyen-Orient et dans tout le monde arabe.
A l’heure où même aux Etats-Unis, la Maison Blanche a choisi la solution des « deux états » comme meilleure voie vers une paix équitable, le député israélien d’extrême-droite Arieh Aldad enfonce le clou en prêchant pour que la Jordanie devienne la patrie de substitution des Palestiniens.
Entêtement irréfléchi ou autisme réel ? Quoi qu’il en soit, la roue de l’histoire est en train de s’accélérer et Israël ne semble pas voir venir les choses. Après le Qatar et la Turquie, c’est au tour de la Jordanie de lui tourner le dos. La chute du Président Moubarak et le rapprochement syrio-égyptien qui s’en est suivi laissent présager que dans très peu de temps l’Egypte envisagera d’en faire autant.
Aujourd’hui, au Moyen-Orient les peuples sont bien décidés à reprendre leur destin en main. Ils vont y arriver parce que leurs aspirations à la démocratie et à la dignité sont légitimes.
En campant sur une approche prônant l’unitéralisme, il n’est pas sûr qu’Israël continue de figurer sur la carte que ces peuples vont redessiner.
Fatma BENMOSBAH
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