Royaume-Uni : Le scandale des détectives privés corrompus utilisés par de grands groupes
Cette affaire a été révélée fin juin dans la presse britannique mais a déployé ses effets lentement. Incroyable de ne pas en trouver trace dans les quotidiens français ne serait-ce qu'en raison de son côté tapageur. Voici un petit résumé de l'affaire
- Le 22 juin dernier, The Independant révèle que de grandes firmes, cabinets d'avocats etc... embauchent des détectives privés aux méthodes criminelles pour obtenir des avantages en volant des informations ou répandre de fausses rumeurs.
-
Le rapport intitulé : "Private Investigators : The Rogue (corrompu) Element of the Private lnvestigation lndustry and Others Unlawfully Trading in Personal Data" est donc mis en ligne. Il date de 2008 et contient à peine 10 pages détaillant les méthodes illégales de ces détectives privés corrompus dont voici le résumé :
- Certains enquêteurs privés commettent des infractions pénales liées à l'acquisition et l'utilisation abusive de données personnelles acquises illégalement et appuyés par des outils de pointe. Cela leur permet de réaliser des bénéfices financiers substantiels.
- Les activités criminelles comprennent l'acquisition illégales de données, des perturbations techniques grâce à des médias électroniques, l'interception de communications, la corruption et le désordre dans le cours de la justice.
- Les détectives privés criminels utilisent également des employés corrompus dans des domaines spécialisés tels que l'application de la loi, les collectivités locales, l'industrie des communications, les prestataires de services utilitaires, le secteur bancaire ou tous les autres autres domaines du secteur public et privé où l'information utile est détenue.
- Les clients des détectives privés peuvent être classées généralement comme ceux qui sont impliqués dans des procédures internes, recouvrement de créances, compagnies d'assurance, médias et criminalité organisée.
- La capacité des détectives privés à commettre de tels crimes est permise par l'absence de réglementation dans l'industrie, une abondance d'expertise dans l'application des lois mais aussi grâce à des contacts corrompus ou qui ont une carrière antérieure dans l'application des loi ou un accès facile à des experts et les abus permis par les technologies légalement disponibles.
- Voilà qui est plutôt révélateur, mais la question qui est vite venue ensuite est celle des bénéficiaires de ces activités criminelles et une comité de parlementaires britanniques a exigé que lui soit communiqué sous 14 jours la liste des compagnies bénéficiaires.
- Cela fut fait ultérieurement et une liste de 102 entreprises (101 selon les sources) a été communiquée mais conservée secrète pour ne pas nuire aux intérêts économiques britanniques. Une liste additionnelle de 200 entreprises ou organismes ou personnes qui ont pris part à ces actes criminels n'a elle pas été communiquée. Les listes comprendraient de nombreuses "blue-chips" (entreprises cotées en Bourse).
- Le gouvernement a ensuite réagi face au scandale en affirmant désormais que les détectives privés devraient obtenir une licence officielle pour exercer.
- Au fur et à mesure que la pression augmentait (notamment après qu'on ait révélé que certains agents de Scotland Yard aient pu faire fuiter des informations ou que des ordinateurs de ceux ci aient pu être piratés), des déclarations successives ont appelées à ce que la liste soit publiée, la dernière en date étant celle de Nick Clegg.
- The Independant annonce aujourd'hui que la liste pourrait être révélée aujourd'hui ou demain, en soulignant que la liste ne comporte pas de nom de groupe de médias (NdA : pas celle des 102 en tout cas) mais des groupes d'assurances, des cabinets d'avocats et de comptables, des sociétés de construction etc... : "De hauts responsables du Home Affairs Select Committee sont consternés par l'ampleur de la collecte d'informations illégales par des enquêteurs privés, dont beaucoup sont d'anciens policiers". Néanmoins les officiels insistent sur le fait qu'il leur faut d'abord tirer au clair les raisons pour lesquelles le rapport a été classé et ne pas compromettre d'éventuelles enquêtes. Des doutes majeurs subsistent sur les raisons pour lesquelles rien n'a été transmis à la justice ou au régulateur.
-
Le ministère de l'Intérieur britannique vient d'annoncer qu'exercer sans licence en tant que détective deviendrait répréhensible pénalement.
Source
19 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON