L’actualité nous amène aux Etats-Unis et je voulais aujourd’hui partager la perception que l’on a de notre président outre-Atlantique. Bien sûr elle diffère un peu de ce que Sarkozy voudrait nous faire croire.
Les relations entre les deux pays ont été sérieusement endommagées par notre désaccord sur la guerre en Irak. On se souvient des passes d’armes entre De Villepin et les représentants américains à l’ONU. Les américains restent très rancuniers, d’autant plus que l’histoire a montré que nous avions raison. Quand Sarkozy a été élu, il s’est précipité à Washington pour prêter allégeance à Bush. Je passe beaucoup de temps aux Etats-Unis et je dois dire que je me suis senti humilié sur le fond et sur la forme par cette démarche. Sur le fond, voilà un président français qui s’en va dire toute l’admiration qu’il porte à ce pays et tout le bien qu’il pense de cette administration. Cette administration qui torture, qui ne respecte pas plus sa propre constitution que les accords internationaux tels la convention de Genève. Cette administration qui a créé le désordre économique dans lequel nous nous trouvons. Les américains ont d’abord été surpris par la démarche d’un président étranger, français de surcroît, qui a une meilleure perception de leur administration qu’eux-mêmes. Ensuite ils ont été très amusés par la forme. Sarkozy a été invité à la résidence de Bush père qui recevait pour l’occasion toute sa famille, Bush fils, les compagnes respectives et les enfants. Excusez-moi de l’expression mais Sarkozy y est allé tout seul comme un con. Cécilia avait décidé de ne pas l’accompagner et leurs enfants avaient décidé de lui emboiter le pas. Notons pour la petite histoire qu’elle s’était faite porter pâle et qu’elle paradait le lendemain en ville en faisant du shopping. Ensuite il se fait inviter à une émission de télévision et se fait interviewer par une journaliste de renom. A un moment donné, une question lui est posée en référence à Cécilia et sans répondre, il se lève, enlève son oreillette et se casse. Furieux, il dira que le collaborateur qui lui a organisé cette entrevue est un idiot. Les américains étaient morts de rire et ont repassé la scène en boucle. Sarkozy aimerait nous faire croire qu’il est bien vu et respecté aux US, qu’il pèse sur le dossier économique ou encore qu’il peut régler le problème palestinien. Et bien laissez-moi vous dire comment tout cela est perçu. Bush comparait la visite de Sarkozy à la dernière apparition du King (en référence à Elvis). Les américains pensent, à raison, que la France a le poids économique de la Californie et bien sûr personne n’a envie d’importer les résultats économiques que notre gouvernement connait en France. Sur la scène internationale, pour ce qui est de la Palestine, il a occupé avec l’opportunisme qu’on lui connait le terrain laissé vacant par la période de transition entre les deux présidents. Les Israéliens, s’ils l’ont écouté poliment et ont essayé de soigner leur communication, ont fait exactement ce qu’ils ont eu envie de faire. On connait malheureusement les détails de cette opération. Il est illusoire de penser que Sarkozy puisse avoir le moindre impact sur ce qui se passe là-bas. Seuls les américains et leur nouveau président ont une chance de faire bouger les lignes.
Ce qui me choque est le manque de vision de Sarkozy. Cela remonte à loin. Rappelez-vous en 2003, alors qu’il était ministre de l’intérieur, son plaidoyer pour la réforme de notre système d’attribution des prêts bancaires. Il se faisait alors le plus grand défenseur du principe qui a amené à la crise dite des subprimes. Heureusement qu’il n’était que ministre de l’intérieur, les anglais avec Gordon Brown, ministre des finances à l’époque et qui partageait ces vues n’ayant pas eu la même chance. Ceci n’est qu’un petit exemple mais on voit bien le rapprochement idéologique de Sarkozy avec Bush. Seulement, il aurait pu se rendre compte que ce président-là était en fin de mandat, qu’il était considéré par les américains et le reste du monde comme le plus mauvais président de l’histoire avant d’aller faire ses courbettes. La politique et la vision d’Obama sont très différentes de celle de son prédécesseur. Sarkozy aimerait faire copain-copain avec Barack très vite mais comment s’y prendra-t-il après avoir tant louangé l’action de Bush ? Heureusement qu’il y a la diplomatie et on ne lui demandera pas quand il était sincère, du temps où il était d’accord avec Bush, ou maintenant qu’il l’est avec son successeur. Non Sarkozy n’est ni respecté, ni crédible outre-Atlantique. Au mieux l’opinion se félicite du rapprochement qui tranche avec l’antagonisme démontré par Chirac de cet agité qui brasse du vent et fait beaucoup de bruit avec la bouche.