Serbie : vers une reconnaissance du Kosovo ?

Pour la première fois depuis la déclaration d'indépendance du Kosovo en février 2008, Serbes et Kosovars sont parvenus à entamer des pourpalers, qui se sont ouverts le 8 mars dernier à Bruxelles. Les négociations ont porté sur des dossiers techniques, tels que les registres d'état civil, le réseau électrique ou les cadastres. Un premier dialogue porté sur des thématiques consensuelles afin d'éviter les acrocs. Officiellement, une reconnaisance du Kosovo n'est pas à l'ordre du jour. Les Serbes ont en effet toujours refusé l'indépendance d'un territoire qu'ils considèrent comme le berceau de la nation serbe, entraînant avec eux le refus de la Chine, du Brésil et de la Russie. Dès lors, seuls 75 pays reconnaissent l'indépendance du Kosovo alors que le seuil afin d'obtenir la reconnaissance de l'ONU est de 97. Mais le dialogue instauré entre Serbes et Kosovars à Bruxelles peut-il annoncer une prochaine régularisation du statut du Kosovo ?
La Serbie sait de toute manière qu'elle ne peut continuer indéfiniment à vouloir garder sous son emprise le Kosovo, dont l'indépendance est désormais irrévocable. La nomination de Borko Stefanovic comme chef de l'équipe serbe de négociations n'a d'ailleurs pas manqué d'interpeller l'opinion : ce fonctionnaire de l'ombre est un pur produit du ministère des Affaires Etrangères, ce qui démontre bien que la Serbie ne considère plus le Kosovo comme une problématique intérieure mais extérieure. En fait, depuis fin juillet et la fin de non-recevoir que la Cour Internationale de Justice a opposé aux Serbes (la CIJ a estimé que l'indépendance du Kosovo n'avait pas violé le droit international), Belgrade sait que son voeu de mettre au pas le Kosovo restera pieux.
De plus, le président serbe Boris Tadic, premier partisan de l'adhésion de son pays à l'Union Européenne, sait que sans résolution du dossier kosovar, jamais la Serbie n'obtiendra le statut de pays candidat, condition sinéquanone à une adhésion future. L'adhésion à l'Union Européenne est en effet conditionnée à ce que le pays dispose d'un territoire aux frontières stables. Tant que le statut du Kosovo restera dans le flou, ce critère n'est pas respecté. Et dès lors, la Serbie pourrait sacrifier le Kosovo à son ambition européenne.
Néanmoins, la Serbie ne serait pas prête à accepter une reconnaissance du Kosovo sans quelques sacrifices de la part de Pristina. Le principal point d'achoppement réside aujourd'hui dans la question du nord du Kosovo, au-dessus du fleuve Ibar. Cette zone est constituée d'une majorité serbe et reste fidèle à Belgrade, ce qui cause des soucis d'ordres économiques à Pristina, étant donné que le nord refuse de percevoir des taxes douanières avec la frontière serbe. La Serbie conditionnerait dès lors une reconnaissance du Kosovo à l'intégration de la partie nord du pays à son territoire, une idée qui aurait séduit le Royaume-Uni. Pour les Kosovars, c'est le prix de la liberté.
Ce billet est à retrouver en intégralité et dans son contexte original sur http://offensif.net, le blog d'Alex Joubert
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