Sortie interdite
Quatre militants humanitaires qui étaient arrivés par la mer dans le port de Gaza la semaine dernière se sont vu refuser leurs visas de sortie par Israël et par l’Egypte. Comment expliquer cette mesure ?

Lorsque les deux navires du mouvement Free Gaza sont repartis pour Chypre, plusieurs militants humanitaires sont restés à Gaza. Parmi eux, un Italien, un Grec, un Danois, un Ecossais et deux Américaines ont choisi de rester pour accompagner les pêcheurs palestiniens dans leurs sorties et être témoins du harcèlement permanent de la marine israélienne. Quatre autres militants humanitaires, une Anglaise, un Américain, un Irlandais et un Australien, avaient prévu de repartir par la route, en passant soit par Eretz pour se rendre en Israël, soit par Rafah pour se rendre en Egypte. Le 2 septembre, leurs visas ont été refusés à la fois par Israël et par l’Egypte.
Or, il se trouve que l’Anglaise en question est Lauren Booth, la belle-sœur de Tony Blair, qui a déclaré lorsqu’elle a quitté Chypre pour Gaza : « ce serait plutôt à Tony de faire le boulot. » On sait en effet que Tony Blair est depuis un an l’envoyé spécial du Quartette de médiateurs pour le Proche-Orient. C’est une affaire qui doit le contrarier sérieusement.
Le 9 juillet 2008, Tony Blair avait annulé à la dernière minute une visite à Gaza. Son convoi a fait demi-tour avant d’atteindre le checkpoint d’Eretz. Son porte-parole a évoqué des menaces sur la sécurité du déplacement, en assurant que l’ancien Premier ministre britannique espérait se rendre plus tard à Gaza, sans préciser de date. Le Hamas, qui contrôle la Bande de Gaza, a estimé dans un communiqué que Tony Blair avait annulé sa visite en raison de pressions israéliennes. Il a déclaré qu’il avait pris toutes les mesures de sécurité nécessaires pour la visite de Tony Blair et dénoncé qu’Israël veuille « empêcher Tony Blair de constater l’ampleur de la tragédie provoquée par le blocus et les conséquences des crimes commis sous l’occupation. »
L’ancien Premier ministre britannique devait se rendre dans le nord de la Bande de Gaza pour visiter un projet destiné à améliorer le traitement des eaux usées dans le nord du territoire palestinien. Il devait également rencontrer la commissaire générale de l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés de Palestine (Unrwa), Karen Abou Zayd, et le directeur de l’organisation à Gaza, John Ging. Aucune rencontre n’était prévue avec le Hamas. En mars 2007, cinq Palestiniens avaient péri dans une inondation provoquée par la rupture d’une digue retenant un bassin d’eaux usées à Beit Lahya, dans le nord de la Bande de Gaza. Tony Blair avait lancé plusieurs projets dans les territoires palestiniens après sa nomination à la tête du Quartette, dont celui de la réfection de ce bassin d’eaux usées. Ceci aurait été la première visite de Tony Blair à Gaza depuis sa nomination à la tête du Quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, Union européenne, Russie, ONU) en juin 2007. Le Quartette a élaboré la feuille de route, un plan de règlement international du conflit prévoyant la création par étapes d’un État palestinien à côté d’Israël.
En juin 2007, lorsque Tony Blair a été nommé au poste d’envoyé spécial du Quartette de médiateurs pour le Proche-Orient, le directeur du département des relations internationales de la Ligue arabe, Wael Al-Assad, a déclaré qu’il devrait fortement contribuer à la résolution du conflit israélo-palestinien. « J’espère qu’il parviendra à apporter un nouveau souffle au processus de paix au Proche-Orient », a-t-il dit. Aujourd’hui, il doit être déçu.
Pour justifier sa décision, le ministère israélien de la Défense allègue que les militants humanitaires sont entrés illégalement par la mer, ce qui contredit les déclarations faites par le ministère israélien des Affaires étrangères quand les deux navires du mouvement Free Gaza ont accosté. De plus, le ministre de la Défense, Ehoud Barak, a déclaré officiellement le 25 août que le mouvement n’avait violé aucune loi et que son action ne présentait aucune menace pour la sécurité. On peut donc interpréter cette décision comme une petite vengeance d’Israël.
L’Egypte n’a fait aucune déclaration de son côté pour justifier sa décision. Il est probable que le président Hosni Moubarak, par ailleurs fidèle allié des Etats-Unis, ne veut pas apparaître aux yeux d’Israël comme le protecteur d’un groupe d’activistes qui est en train de mettre en échec sa politique d’apartheid.
Quant à Tony Blair, on attend qu’il se prononce sur la question des militants humanitaires à Gaza et qu’il annonce enfin la date de sa visite ajournée en juillet.
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