Suisse : UDC, un parti qui fait peur à la diaspora africaine
Les Africains domiciliés en Suisse, parmi lesquels, les étrangers et requérant d’asile, peu intéressés au système politique helvétique, traversent un octobre noir depuis la victoire du parti nationaliste majoritaire UDC (Union démocratique du centre), initiateur du durcissement des lois pour les demandeurs d’asile et étrangers vivant dans le pays.
Les élections des conseillers nationaux, élections parlementaires
sous d’autres cieux, qui viennent de se dérouler en Suisse pendant ce mois
d’octobre et qui ont vu la victoire massive du parti UDC du politicien flamboyant
et ministre de l’Intérieur et de la Police, Christoph Blocher, ne présagent
rien de bon sur l’avenir d’une majorité des Africains vivant dans ce pays ;
surtout que ce parti est le principal initiateur du projet des lois coercitives
sur les étrangers et demandeurs d’asile vivant en Suisse.
Les organisations suisses de défense des droits humains ont
beau prétendre que l’UDC a usé de son influence et sa force financière pour
influencer les électeurs sur le vote de ces lois coercitives ; mais curieusement
ce parti continue à connaître une ascension fulgurante au Parlement et rien ne
semble l’arrêter. Présenter ce parti comme xénophobe paraît simpliste et c’est
vouloir peut-être ignorer les sensibilités de la population suisse à l’égard
des étrangers.
Les Africains, dans ce pays, sont présentés, à tort ou à
raison comme des trafiquants de drogue et de réfugiés économiques plutôt que
politiques, des personnes fuyant la misère et non victimes des persécutions et
qu’elles devraient retourner chez elles, à défaut par la force.
Les organisations et centres, où plusieurs Africains
apprennent les langues et quelques métiers d’intégration initiés par les
coordinations sociales pour l’asile à travers la Suisse, essayent tout le temps
de faire passer le message des mesures adoptées par les cantons sur la suppression
d’aide pour les demandeurs d’asile déboutés ; il ne se passe un instant que
l’on vous demande en cours de route ou au centre si vous n’avez pas peur de
retourner chez vous ; même dans les églises, certains membres essayent de vous
rappeler que les lois risquent d’être dures pour beaucoup d’Africains et qu’il
faudrait s’apprêter à affronter un avenir incertain.
L’application de ces lois de durcissement ne viennent
qu’amplifier et durcir une vie déjà très compliquée que
connaissent la plupart des demandeurs d’asile africains. A la durée très longue
et aux incertitudes d’obtenir l’autorisation provisoire de s’établir en Suisse,
beaucoup de demandeurs d’asile africains passent le temps à compter les jours
passés dans ce pays agréable à vivre, mais qui accepte de moins en moins leur
présence sur son sol.
Plus de la moitié des demandeurs d’asile africains sont
détenteurs de Livret N, document qui ne garantit en aucune manière un droit de
séjour jusqu’à l’échéance de la validité et parmi ces détenteurs de Livret N,
nombreux sont concernés par ces mesures qui supprimeront à partir de janvier
2008 toute aide aux personnes ayant une non-entrée en matière pour leur
demande, et de nombreux Africains tombent dans cette catégories de personnes.
Une majorité d’Africains sont domiciliés dans ce pays depuis plusieurs années
et ne disposent en tout et pour tout que de ce Livret N, renouvelable tous les six
mois. Evidemment, la Suisse ne fait que se conformer aux autres pays européens qui durcissent leurs lois sur la présence sur leur sol des étrangers ;
la France en est un dernier exemple, malgré le fait qu’elle faisait référence en
matière d’accueil des personnes persécutées et menacées dans leur vie. Le temps
est révolu où, malgré l’absence et la non-entrée en matière, les requérants
d’asile, pouvaient bénéficier des aides sociales de la part des cantons où ils
vivaient. Et la victoire du parti, qui a initié le projet pour le durcissement
des lois sur les étrangers et les demandeurs d’asile, n’augure guère de
lendemains meilleurs pour la présence des Africains dans ce pays.
Dans un pays, où un Africain sur dix connaît à peine le nom
du président ou des différents conseillers fédéraux, à l’exception de Christoph
Blocher qui, par ignorance, est considéré par la majorité des Africains comme
le président de ce pays. C’est lui qui tient le destiné et l’avenir des
Africains étrangers et demandeurs d’asile dans ce pays et c’est lui qui souffle
le chaud et le froid dans les ménages africains en Suisse.
Sa présence et ses allocutions sur les chaînes de télevision
suisses déchaînent les passions et sont très suivies par les familles
africaines ; sa seule présence devant l’écran de télevision suisse suscite des
inquiétudes. Et pourtant, certains milieux africains prétendent que ce parti
n’est pour rien dans l’adoption de ces lois contraignantes pour les Africains,
et que c’est le peuple suisse tout entier qui les a adoptées. Pour dire que le parti de droite majoritaire n’a fait que respecter la volonté du peuple suisse
qui est de moins en moins enclin à supporter la présence des étrangers sur son
sol.
Et la surprise génerale est venue, pour ces élections
nationales, de la célèbre Genève internationale, siège international des droits
de l’homme et où vivent de nombreux Africains, une ville tombée sous la coupole
de l’UDC. Certains Africains restent perplexes et se demandent comment une
ville, ouverte aux étrangers, peut-elle tomber dans les mains des radicaux de
droite ?
Mais, c’était oublier que la Suisse constitue une seule et
unique entité nationale, malgré le multilinguisme présent dans ce pays et que
les Suisses alémaniques, romands et italiens affichent les mêmes
sensibilités envers les étrangers et demandeurs d’asile.
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