Suivi médical des pilotes : L’Allemagne déjà dans le viseur en 2014
Alors que nous sommes deux semaines après le crash du vol Barcelone-Düsseldorf de la Germanwings dans les Alpes-de-Haute-Provence, il parait de plus en plus évident aujourd’hui que cette catastrophe qui a couté la vie à 150 personnes aurait pu être évitée.
L’Allemagne, ce pays qui passe son temps à faire la morale à l’Europe entière en terme de déficit, d’économie, de réformes, ferait bien de suivre les recommandations qui lui sont prodiguées dès qu’il s’agit de garantir la sécurité des êtres humains.
En effet, si l’on en croit le Wall Street Journal, des manquements aux règles européennes de sécurité aérienne ont été repérés en Allemagne en 2014. C’est l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne (AESA) qui a demandé en novembre dernier à Berlin « de remédier à certains problèmes qui durent depuis longtemps ».
Le journal américain nous apprend que l’exécutif européen s’inquiétait d’un manque de personnel au sein du LBA susceptible de limiter l’efficacité du contrôle du matériel ainsi que du suivi du personnel, notamment dans le domaine médical et psychologique des pilotes.
On apprend par exemple que la compagnie aérienne la Lufthansa possède son propre dispositif médical avec vingt médecins, un nombre insuffisant pour 4400 pilotes.
Dominique Fouda, porte-parole de l’Agence, a déclaré :« L’AESA a bien constaté plusieurs cas de non-conformité dans l’application par l’Allemagne des règlements européens en matière de sécurité aérienne, en particulier dans le domaine du suivi médical », et de poursuivre « C’est sur les recommandations de l’AESA que la Commission européenne a engagé fin 2014 une procédure visant à demander des comptes à l’Allemagne ».
Selon un porte-parole de la Commission européenne, « sur la base des recommandations de l’AESA, la commission a fait part des problèmes à l’Allemagne, demandant une mise en conformité ».
Ces révélations prennent une dimension tout à fait particulière lorsqu’on connait dans quelles conditions s’est produit le Crash de la Germanwings.
Déjà que l’on se posait beaucoup de questions sur le fait qu’un homme au passé psychologique aussi perturbé que celui d’Andreas Lubitz puisse exercer une telle profession, mais avec ces nouvelles révélations on est en droit de penser qu’il y a d’autres bombes à retardement parmi les pilotes allemands.
C’est encore plus inquiétant lorsqu’on repense à ce que le patron de Lufthansa, maison-mère de Germanwings, Carsten Spohr, a cru bon d’affirmer : « que le copilote était à 100% capable de piloter » un avion. Rappelons tout de même que la Lufthansa nous a appris il y a quelques jours avoir qu’elle avait eu connaissance d’une dépression traversée par Andreas Lubitz alors qu’il se perfectionnait dans son centre formation en Arizona en 2009.
Ces révélations interviennent alors que Germanwings vient de dérouter deux vols en deux jours pour raisons technique et médicale. C’est tout d’abord un vol entre entre Hanovre et Rome qui a été dévié vers Venise après les malaises d’un passager et d’un membre d’équipage. Le lendemain, un vol ente Cologne et Venise a été dérouté sur Stuttgart en raison d’une perte d’huile.
Les informations qui tombent suite à ce crash doivent nous faire comprendre que le mythe de l’Allemagne rigoureuse, sérieuse et fiable est peut-être en train de s’écrouler. Que les réformes structurelles qui ont été faites dans ce pays depuis plusieurs années ont détruit ce label de qualité. Qu’aujourd’hui, apparaissent à la face du monde entier les effets les plus pervers de ce changement en profondeur du modèle allemand.
L’économie pour l’économie démontre qu’elle peut être criminelle.
On comprend mieux aujourd’hui pourquoi le personnel de la Lufthansa était si souvent en grève ces derniers temps, il avait de véritables raisons d’être très inquiet.
Quant à nous, nous avons de réelles raisons d’être inquiets si l’on doit se soumettre à la volonté du commandant de bord allemand qui veut piloter seul l’Europe.
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