Sur les 40 ans de Khadafi au pouvoir

 Ce 1er septembre 2009, nous le savons, consacre les 40 ans au pouvoir du Colonel libyen MOUAMMAR EL-KAHADAFI, et ce n’est que très légitimement que l’idée de faire des bilans vient à l’esprit de l’observateur. Pour une catégorie, l’homme est un dictateur, tandis qu’une autre ne tarit pas d’éloges à son égard.

 Alors, face à toutes ces observations à controverses au sujet du guide de la Jamahiriya libyenne, de quel côté se situer en réalité ? Peut-on lever cette polémique au point d’en avoir le cœur net ? Toujours est-il qu’un certain nombre de faits historiques irréfutables qui ont jalonné le parcours du Président libyen à ce jour, permettent de mieux comprendre celui qui trône actuellement à la tête de l’Union Africaine.

 Faire un bilan, cela peut exiger des comparaisons entre deux ou plusieurs systèmes, ou encore, cela peut passer par un examen des zones d’ombres à côté des aspects positifs d’un même système. Ainsi, cette dernière démarche précédemment évoquée est celle qui va nous guider dans notre quête de la personnalité du Président KHADAFI.

 DES ZONES D’OMBRES NATURELLEMENT

 Elles ne sont pas des moindres et ne sont pas en nombre réduit, malheureusement. Certaines sont en rapport avec l’actualité africaine et d’autres relatives à l’actualité internationale, même si leur énumération ici n’est pas chronologique.

 1) En mai 2002, alors que ISSA HAYATOU, l’Africain, est candidat à la tête de la FIFA contre SEP BLATTER, le fils de KHADAFI, alors président de la fédération libyenne de football, a trouvé là l’occasion de réunir une trentaine de fédérations africaines pour soutenir l’autre, et surtout contrer le Camerounais, et tout cela à la barbe du "guide", chantre de l’Union Africaine.

 2) Lorsqu’il fallait élire un nouveau président de la commission de l’U.A., le Président libyen, on se souvient, avait voulu imposer son candidat, avec en prime le chantage de pouvoir quitter l’Union, si jamais celui-ci n’était pas élu. Le résultat en fut autrement, puisque les dieux africains portèrent leur choix sur le diplomate Jean PING, de nationalité gabonaise.

 3) Les sévices corporels et les séquestrations subis par les émigrés clandestins d’Afrique sub-saharienne en route pour l’Europe, lorsque ceux-ci sont souvent refoulés manu militari de Libye, sont légions. Et cela constitue un autre paradoxe désagréable, qui plaide en défaveur de l’idée d’Union Africaine prônée par la Libye.

 4) Les implications finalement avouées de la Libye dans le terrorisme mondial.

 5) Les ingérences souterraines de la Libye dans les politiques des autres Etats africains (Tchad, Centrafrique, Soudan, etc.).

 6) On peut reprocher par ailleurs au Colonel KHADAFI, un certain égocentrisme.Il voudrait visiblement des Etats-unis d’Afrique au-dessus desquels il trônerait lui-même en tant que Président. Ne s’est-il pas déjà auto-proclamé "roi des rois traditionnels d’Afrique" ? Cela augure une sorte de "marchons ensemble, à condition que je sois devant".

 7) Beaucoup d’observateurs déplorent l’absence de démocratie en Libye, du fait des 40 ans de règne sans partage du Colonel.Un argument, même si d’aucuns lui accordent beaucoup de poids, reste malgré tout assez discutable. En fait l’essentiel, est-ce la bonne gouvernance ou la démocratie ?

 Mais, d’un autre côté, un humain saurait-il être exclusivement négatif ? Bien sûr que non.Alors, quels peuvent être les atouts du Guide libyen ?

  DES ASPECTS POSITIFS AUSSI

 a) La Libye est un pays quasi-développé. L’on peut à cet effet s’en tenir par exemple à l’indice de développement des Nations Unies pour 2007.

 b) La Libye, au nom de l’U.A. a injecté de nombreux capitaux dans les pays sub-sahariens(Burkina,Sénégal,Cameroun,Gabon,etc.), à travers des investissements publics en tous genres.

 c) Le Colonel KHADAFI a le mérite d’avoir toujours su garder (de manière très avant-gardiste) haut et allumé, le flambeau du panafricanisme, depuis ses brillants prédéceseurs que furent KWAME NKRUMAH,Thomas SANKARA, LUMUMBA, etc.

 d) Le renoncement de la Libye au terrorisme mondial, avec le dédommagement des familles des victimes d’attentats, c’était positif.

 e) C’est peut-être insolite. Le Guide est resté Colonel depuis 1969, date à laquelle il a choisi de le devenir. L’on peut se demander s’il s’ y plaît tout simplement, ou alors il a pu simplement oublier qu’il pouvait gravir d’autres échelons ? Et si c’était par hasard un acte d’humilité plutôt, étant donné qu’il pouvait "choisir" de devenir Maréchal depuis longtemps ? A chacun de juger.

 Voilà, enfin un autre regard que l’on peut se permettre à l’endroit du Guide libyen, à l’occasion de 40ième anniversaire de son accession à la magistrature suprême de son pays. Que conclure sur l’homme alors ? Les arguments sus-mentionnés auront-ils contribué à mieux cerner l’homme ou plutôt à entretenir la controverse ? Probablement que bien d’autres arguments ont pu échapper à la rédaction de cet article.

 Le Président KHADAFI serait-il à la fin un bon gouvernant ou un dictateur ? Et s’il fallait le classer dans une catégorie(à définir) de dictateurs éclairés ? En tous cas, JOYEUX ANNIVERSAIRE M LE PRESIDENT.

 KOM Bernard, Chercheur Indépendant, Douala, Cameroun

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