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Taghajijt, un nouveau Sidi Ifni

Taghjijt a-t-elle vécu des événements similaires à ceux de Sidi Ifni ? Tout porte à le croire. Comme à Sidi Ifni, face à des revendications locales légitimes, la réponse du Pouvoir a été l’utilisation disproportionnée de la force, l’encerclement de la ville et l’arrestation des éventuels « meneurs » de ces manifestations, dont celle du blogueur du village, El Bachir Hazzam.

Punition collective.

Le village de Taghjijt, situé à 70 km à l’est de la ville de Guelmim, a été le théâtre de violents affrontements entre les étudiants sahraouis et les autorités locales à cause de revendications sur le transport universitaire. Avec, à la clé, des manifestations qui ont commencé tout juste après l’Aid El Kébir. Un sit-in a été organisé en face de la qiyadat afin de remettre au caïd leur cahier revendicatif. Les responsables ont refusé le dialogue et ont procédé à l’arrestation de trois étudiants. « Tout a donc commencé le 1er décembre avec des manifestations d’étudiants sahraouis qui manifestaient parce qu’ils n’ont pas eu accès aux bons leur garantissant la gratuité du transport entre Taghjijt et Agadir », raconte Saïd Benjebli, président l’association des blogueurs marocains. Parmi les trois étudiants arrêtés figure Abdelaziz Sellarrti, lui aussi blogueur et membre d’une des mouvances de la gauche radicale, incarcéré pour avoir participé à la manifestation. Les rassemblements vont, dès lors, prendre plus d’ampleur. Des renforts vont affluer et des confrontations auront lieu entre manifestants et forces de l’ordre qui vont poursuivre les protestataires jusque dans leurs maisons ainsi que dans les douars avoisinants. La zone est encerclée pendant deux jours. Toute personne entrant ou sortant du village est systématiquement soumise à une fouille. « Pendant près de 48 heures, Taghjijt était isolée du monde extérieur », ajoute M. Benjebli. « Ce type de répression qui nous rappelle les tristes événements de Sidi Ifni est tout simplement inacceptable. Infliger à Taghjijt une sorte de punition collective avait comme objectif de semer la terreur. Il faut répondre avec des programmes de développement aux doléances des habitants du Maroc profond au lieu de les martyriser », tonne Abdellah Birdah, président de la section AMDH de Tiznit qui suit de près ce qui se passe à Taghjijt. Des descentes sont organisées dans tous les quartiers du village. Des témoins sur place parlent de torture, comparant ce qui s’est passé à Taghjijt aux événements de Sidi Ifni. Mais d’autres personnes sont arrêtées dont le propriétaire d’un cybercafé, Abdellah Boukeflou. « Il a passé deux jours à l’hôpital de Gue1mim après avoir été torturé par les gendarmes et les forces auxiliaires. Il aurait été attrapé alors qu’il mettait en ligne un communiqué des étudiants amazighs. Il est poursuivi pour incitation à la haine », rapporte un habitant du village. Les cybercafés du village sont soumis à une surveillance des autorités locales pour que les informations ne soient pas « postées » sur le Net. « On peut même parler d’opérations de ratissage. Plusieurs personnes, une bonne dizaine, ont été arrêtées dont deux mineurs qui ont été relâchés par la suite », raconte M. Benjebli.

Coupable de journalisme citoyen.

Bachir El Hazzam sera, quant à lui, interpellé le lundi 7 décembre. Et pour cause : il a été le premier à parler de ces événements et à les commenter dans son blog, Hazzam82.maktoobblog.com, qui porte aussi le nom d’Al Bochra en référence à son affiliation à Al Adl wal Ihsane (Justice et bienfaisance). Le 3 décembre, c’est-à-dire au lendemain des événements, il publie le communiqué de protestation des étudiants de Taghjijt, désenclavant, du moins virtuellement, son village. « Hazzam a reçu une convocation à comparaître le 7 décembre, mis ; en isolation les 24 premières heures avant de retrouver les autres inculpés. Il était dans le collimateur des autorités depuis longtemps », explique le patron de l’association des blogueurs marocains. Selon des proches de Hazzam, pendant l’interrogatoire, les enquêteurs lui ont posé des questions sur un article qu’il avait écrit en septembre 2007 au lendemain des législatives. Dans cet article, qui porte le titre de « Promesses électorales : vérités ou illusion », Hazzam évoquait la nécessité de la création « d’un front national pour défendre les intacts Superior du Maroc ». Deux années plus tard, Hazzam se retrouvait en train d’expliquer ce qu’il voulait dire par « intérêts supérieurs du Maroc 1 Il est poursuivi pour « publication d’informations portant atteinte à la réputation du Maroc dans le secteur des droits de l’homme. » Un autre blogueur de la région et militant amazigh, Boubker El Yadib, est encore activement recherché pour avoir publié des articles critiques sur la région dans des sites comme Sousspress. « Les autorités ne voulaient pas que ce qui s’est passé à Taghjijt soit connu dans le reste du pas », explique Benjebli. Les accusés, au nombre de cinq, ont été déférés pour des chefs d’inculpation divers : destruction des propriétés de l’Etat, outrage à l’encontre des fonctionnaires de l’Etat ou encore rassemblement armé. Alors que les trois premiers accusés ont été interpelés avant les affrontements. « Les avocats sont convaincus de l’innocence des accusés. Quant au cas Hazzam, l’AMDH demande sa libération immédiate, la liberté d’expression étant chose sacrée », demande M. AMDH de Tiznit. Une marche de solidarité avec les inculpés de Taghjijt a été organisée par la section. Guelmim d’Attac le jeudi 10 décembre dernier, jour qui coïncide avec le souk hebdomadaire. Une bonne partie de la population du village a pris part à cette manifestation. Après avoir été sollicité par l’Association des blogueurs marocains, The Arabic network for human rights information, une organisation basée au Caire, a demandé au gouvernement marocain de rendre la liberté à Hazzam et « d’arrêter les attaques contre la liberté d’expression au pays ainsi que veiller au respect du droit au rassemblement pacifique », évoquant au passage le cas du journal Al Michaâlet du militant associatif Chakib El Khiyari. Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé les condamnations qui « marquent un retour en arrière et montrent que la liberté d’expression sur Internet ne s’applique pas aux critiques des autorités. » Des condamnations qui se passent de tout commentaire : quatre mois pour notre blogueur, un an pour le propriétaire du cybercafé Abdellah Boukeffou et six mois de prison ferme pour les trois autres accusés, tous des étudiants. Attac prévoit dans les jours à venir une marche nationale en direction de Taghjijt pour dénoncer ces condamnations. Le "feuilleton Taghjijt" n’en est qu’à ses débuts.

 Le Journal Hebdomadaire (Maroc)


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2 réactions à cet article    


  • Ahlen Ahlen 31 décembre 2009 16:16

    C’est un tissu de mensonges de caniveau. Cela ne peut être que l’œuvre minable de la Connerie Débile Satanique à la solde d’Alger ! Du vent !


    • Alain-Goethe 31 décembre 2009 19:31

      @ Ahlen : fraîche ??  votre affirmation est elle vraie ?? ou bien est ce la version de l’auteur

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