Taiwan : quand une église provoque la colère céleste (divine ?).....
Taïwan est un état de droit où la lutte contre la corruption est devenue un élément central de la vie politique nationale, avec un ancien Président de la République, Chen Chui Bian, plusieurs anciens ministres et députés, et récemment le secrétaire général (alors en poste) du Parlement, en prison pour ce motif.
C'est dire si la lutte contre la corruption est devenue un enjeu politoque et social majeur dans le pays, avec une opinion publique très mobilisée sur ce thème et des médias qui n'hésitent pas à publier faits et documents sur les affaires de corruption présumée. Sans parler de l'Autorité Indépendante anti-corruption, une agence publique, que tout citoyen peut saisir discrètement et directement avec des éléments matériels de preuve !
Parfois, la corruption sort du monde politique et des affaires pour atteindre les institution religieuses, et là, les faits sont si manifestes que tout le pays peut en être informé via Internet, ce qui met en difficulté les malhonnêtes dénoncés, ainsi que leurs complices dans les délits commis.
Il en est ainsi de l'histoire vraie que nous allons vous conter, histoire qui a aussi ses aspects comiques involontaires fort amusants et divertissants.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH225/l_eau_boueuse_vient_de_l_eglise-2-fa872.jpg)
Bien (religieux) construit malhonnêtement peut nuire
Ho Hoya est un citoyen taïwanais ordinaire en apparence, ancien gérant à Taipei de société informatique, marié et père de deux enfants. C'est un jeune homme calme, apprécié et, comme on dirait en France, excellent père et époux.
Voici 4 ans, désireux avec son épouse Li-Tun, de changer de vie, il a acheté un vaste terrain sur le village de Iwan (commune de Chenggong) sur la côte est de Taïwan. Sur une partie de ce terrain, il a construit de ses mains un petit hôtel, très original dans sa décoration et son aménagement, de 4 chambres confortables avec vue ( très belle) sur l'Océan Pacifique.
Devenu un vrai paysan biologique, il cultive des fruits et légumes, fait pousser du maïs et élève des animaux de ferme pour la consommation de sa petite famille et des clients de sa pension rurale.
Voici 2 mois, l'administration de l'Etat en charge de la définition des limites des propriétés vient dans son village. Et là, surprise : il apprend que son terrain inclut bien, ce dont il se doutait depuis un certain temps à la lecture des pièces cadastrales consultées, que près de 60% d'une église chrétienne construite là dans de très étranges conditions de légalité sont bâties SUR SON TERRAIN !!!
Nanti des documents officiels d'Etat montrant qu'il est donc le propriétaire légitime incontestable des lieux, il demande à l'association chrérienne propriétaire de l'église de lui rendre le libre usage de son terrain privatif.
Cette association cultuelle, qui, sur les murs de son bâtiment religieux, affiche les mots d'amour, de charité, de fraternité, de compassion envers son prochain, répond d'une manière bien particulière :
elle fait installer une barrrière métallique et un grillage barbelé autour de son église !
Quand Hoya rencontre le maire de Chenggong, dont la réputation est assez sulfureuse dans la population locale (certains le surnomment “Monsieur 25%”), celui-ci, essayant de justifier le permis de construire délivré alors que l'association cultuelle n'a pas pu prouver à ses services qu'elle était propriétaire du terrain sur lequel elle voulait construire, rétorque (le tutoiement est traduit du chinois) :
“Je ne peux pas t'aider, cette église est un monument historique” (sic !!!).
L'eglise en question a été édifiée en 1995, ce qui montre que le maire de Chenggong a une vision très spécifique de la nature des monuments historiques....
Constatant que la mairie ne veut pas réagir alors que la loi a été bafouée ouvertement, qu'un permis de construire a été attribué illégalement (par cette mairie), que l'association chrétienne ne veut pas lui restituer son terrain, mais de plus, lui interdit physiquement la jouissance d'une partie de sa propriété, Hoya a saisi la Justice pour vol de propriété, construction illégale de bâtiment sur terrain appartenant à autrui, usage illicite de terrain privé par personne morale sans droit, ni titre d'occupation licite.
Quand la bêtise égoiste se retourne contre ses auteurs
L'association chrétienne semble ne pas apprécier les demandes de Hoya de reprendre possession de sa propriété.
Non contente de transformer l'édifice cultuel voué officiellement à l'amour entre humains en lieu clos entouré de barbelés, du plus douteux effet spirituel, l'association cultuelle chrétienne entreprend alors, sans autorisation, des travaux à flanc de montagne qui domine le village afin de capter l'eau naturelle pour elle seule !
Le partage divin des biens naturels de ce monde n'était, semble-t-il, pas vraiment au programme de cette association religieuse, laquelle semble considérer que tout lui appartient, même les terres de l'Etat et l'eau collective naturelle.
Mais, en réalisant ces travaux illégaux sans études géologiques et hydrologiques prélables, l'association chrétienne d'Iwan s'est attirée le courroux des divinités célestes, selon l'opinion, sensée, des paysans du cru.
En effet, lors de récentes pluies diluviennes qui se sont abattues sur le région, du fait de ces travaux faits sans respect des lois de la nature comme des règlements administratifs, fruits rationnels des connaissances scientifiques collectives, des masses d'eau boueuse venant du haut des montagnes alentour ont trouvé comme seul chemin que....celui de l'église pour se déverser ensuite sur une route nationale en l'inondant, à la fureur- laïque-de l'administration des voies routières, qui s'est alors aperçue des grosses bêtises commises par les dirigeants de cette association chrétienne très spéciale
Justice divine, jugement terrestre et morale naturelle
Nous ne savons pas si la colère divine a donc puni les membres de cette association chrétienne peu fraternelle et peu respectueuse du droit de propriété et de l'hydrologie, mais, depuis les indondations qui ont à la fois endommagé l'église -(Justice divine ?) et la route nationale 11, l'administration d'Etat commence à s'intéresser aux activités douteuses de l'association cultuelle d'Iwan.
Le juge saisi va avoir à trancher sur ce dossier, et déjà, des langues impertinentes du voisinage affirment que l'église devrait subir, selon la loi, un jugement “à la Salomon” légèrement modifiée.
Dans la mythologie biblique, Salomon proposait de couper en deux parties égales le bébé réclamé par les deux femmes plaigantes. Ici, il devrait être décidé de diminuer l'église du lieu de 60% de sa surface, d'une grosse amende pour construction illégale et du paiement d'une indemnité d'occupation illégale à Hoya !
La décision du juge est imminente, mais le Parquet du district a déjà indiqué la direction générale en deux points incontournables : le droit de propriété est inviolable et nul ne peut aliéner un terrain privé d'autrui sans jugement judiciaire, donc la plainte de Hoya est fondée en droit et validée par ses documents certifiiés de propriété.
Morale de l'histoire, elle tient en plusieurs phrases de conclusion.
“même au nom de la religion, bien mal acquis ne profite jamais à ses possesseurs illicites”.
“ la mauvaise (?) foi et l'ignorance stupide (?) peuvent détourner l'eau des montagnes...... et la faire s'abattre sur la maison divine”
“ la foi soulève peut-être les montagnes, mais le parcours de l'eau des sommets relève de l'hydrologie”
“ La foi sauve peut-être, mais elle ne peut rien contre la furie des eaux détournées sans l'avis de la science”
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