Tchad : au nom du péril national, mais attention au revers ! Partie 2/3
Faut-il bâtir la sécurité en termes de défense des citoyens contre le terrorisme ou de guerre contre le terrorisme ? fut une des questions posées dans la première partie de l'analyse.

Les faiblesses de la guerre contre Boko Haram
La formule de la guerre contre le terrorisme a montré ses limites partout où elle a été appliquée : en Irak, Afghanistan, Yémen, Mali, Somalie, Syrie, Libye,…C'est cette recette déficiente que le Cameroun, le Nigeria, le Niger et le Tchad ont adoptée.
Si la guerre contre le terrorisme avait été efficace, nous ne serions pas aujourd’hui en train de combattre les terroristes dans nos cours, bureaux et nos marchés ; nous ne marcherions pas dans nos rues la peur au ventre, suspectant toute personne inconnue et sursautant au moindre Allahou Akbar.
Aucune coalition militaire n’a réussi à vaincre le terrorisme, ni hier ni aujourd'hui. Voilà un témoignage irrécusable du passé et du présent. Une première faiblesse connue.
La deuxième faiblesse vient du fait que la solution de la militarisation traine un paradoxe : la militarisation est autant une menace pour le terrorisme (sur certains aspects) que pour la liberté. L’érection de la coercition comme une réponse totale contre le terrorisme qui, lui-même, promeut la contrainte, l’interdit et la privation n'est pas une réponse viable.
Une troisième faiblesse se constate sur le terrain : sur le théâtre des opérations guerrières, les balles sont efficaces ; sur les terrains socio-économiques et éducatifs, elles se liquéfient ou sont sans effets réellement bénéfiques.
Boko Haram, c’est comme le sida. Pour le neutraliser ou le contrôler en le ramenant à un niveau de risque sécuritaire gérable ou acceptable, il lui faut des traitements à plusieurs principes actifs agissant différemment, mais complémentairement.
Pourquoi des réponses à plusieurs dimensions ? Parce que Boko Haram a plusieurs géniteurs : vides politiques, effondrement de la Libye, faiblesses et cynisme des états centraux sous-régionaux, manques de services à la population, déficits des droits, extrémisme, criminalité, rébellion, exclusion, etc. Au nom de quoi la militarisation comblerait, à elle seule, tous ces vides et déficits ?
Proposer une réponse unidimensionnelle (essentiellement militaire) est donc une simplification et une limitation irresponsable des possibilités.
L'outil militaire est comme une chaine qui permet d’immobiliser un possédé sur une chaise, en attendant l'exorcisme ; le social, l’éducatif, le politique et le terrain économique sont des formules de prières qui permettent d’exorciser et de délivrer véritablement le possédé des énergies qui l’animent. Sans prières, l’exorcisme est voué à l’échec, malgré les bons outils employés. Pensez-y, décideurs.
Pour ne pas publier un papier trop long, j'ai décidé de diviser l'analyse en trois parties au lieu de deux prévues initialement. Je présenterai l’approche de la défense des citoyens contre le terrorisme dans une troisième et dernière partie de la série.
Joe Al Kongarena
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