L’ONG israélienne Breaking the Silence a recueilli et publié les témoignages de soldats israéliens qui ont souhaité s’exprimer sur les règles de combat très permissives qui ont eu cours lors de l’assaut sur Gaza en 2008-2009.
- Rubrique vandalisme :
"Nous avons cherché tous les étages, un par un, le commandant de bataillon était avec nous. Nous avons fait sauter chaque porte à l’explosif. Il y en avait beaucoup. On s’y était habitué, en se disant qu’il n’y avait pas de terroriste. (...) On entre en tirant après avoir défoncé la porte, les soldats cherchent à éclater les écrans de télévision et d’ordinateurs, et cherchent des indices dans les tiroirs : voiles et drapeaux du Hamas, couteaux, trucs à piller. Au bout d’un moment nous avons réalisé qu’il n’y avait rien à piller, car les gens savaient que nous venions et avait emmené leurs affaires."
- Rubrique bombardement :
"(...) nda : ce soldat opérait un mortier.
Q : Avez-vous hésité en tirant, ou avez-vous demandé à nouveau ?
A : Je ne sais pas si j’ai hésité... Je me sentais mal que l’on tire là-bas. Mais on recevait toujours un appel nous disant le résultat de nos tirs. On ne nous a pas dit que nous avions tué des civils innocents, mais on nous a dit que nous avions touché trois équipes de lanceurs. Je ne sais pas combien d’hommes sont dans chacune de ces équipes. Mais on a tué les ennemis et le chef de la section balistique arc-haut du Hamas, donc oui, on est fier de soi et de ses capacités. On se sent comme une force de défense. On touche des innocents et notre feu d’artillerie était fou, mais d’un autre côté on entend dire que ça tire depuis Gaza et ont retourne le feu immédiatement.
Q : Qu’est-ce que c’est qu’un feu d’artillerie qui est fou ?
A : 10 obus à nous pour chaque obus à eux"
- Rubrique "règles de combat" :
"En général, nous avions des procédures de combat rapides. 24h avant le début de l’opération, un briefing général a été fait sur combien de temps nous allions y être. Le commandant de bataillon a dit qu’il estimait ça à 3-4 semaines. On ne pouvait trop savoir. Le commandant de bataillon parle bien, il sait nous motiver. Une des choses qui m’a marqué de manière subjective, c’est que tout ceci avait l’air très permissif. Il a dit que nous allions utiliser de manière folle notre puissance de feu avec l’artillerie et la force aérienne. Ca nous a donné le sentiment qu’on ne faisait pas que nous envoyer là-bas, mais qu’on aurait beaucoup de sécurité et de couverture. Il a quand même restreint cela et dit, "Ce n’est pas que vous y allez pour commettre un massacre, mais..." - c’était la restreinte à tout ce qu’il avait dit avant, et entre ses blagues qui m’avaient aussi fait rire. Comme par exemple, "Nous avons un lance-grenade arabophone, et une mitrailleuse lourde qui parle arabe". C’était l’esprit.
Les témoignages sont classés dans les rubriques Vandalisme, Bombardement, Unité rabbinat, Briefings, Utilisation de phosphore blanc, Atmosphère, Occupation de maison, Règles de combat, Démolitions de maison, Boucliers humains,
et sont disponibles en anglais sur le site de Breaking the silence.
On peut conclure en se posant la question du rôle de l’opinion publique dans la sacralisation de la vie du soldat, même au prix de morts civiles nombreuses, dont l’utilisation d’une puissance de feu disproportionnée vis-à-vis d’une zone à forte concentration civile semble être une conséquence directe.