Tension au Tibet à la vieille du 52e anniversaire de l’exil où la démocratie avance
A l’approche du 10 mars 2011, 52ième commémoration du soulèvement tibétain de 1959 qui allait mener à un exode de près de 100 000 Tibétains, le Tibet vit dans un climat de forte tension. Depuis les troubles au Tibet en mars 2008, les Tibétains vivent sous une forte oppression les pires heures depuis 1959. Après les manifestations de 2008, des centaines de morts, des milliers de disparus et de prisonniers avaient été recensées, laissant place à une situation de terreur. Fin février, on a appris le décès d’un moine du monastère de Labrang qui avait pris part aux manifestations. Craignant la répression des autorités, il s’est caché dans les montagnes, sans pouvoir manger ni dormir correctement, il est tombé gravement malade et est décédé à l’âge de 41 ans.
Des écrivains et intellectuels tibétains sont emprisonnés, comme Tashi Rabten, qui a publié un livre sur les manifestations de 2008 au Tibet. Cet écrivain tibétain décrit l’effusion de sang de mars 2008, quand la police chinoise réprima violemment les manifestants, apportant des éléments à la thèse selon laquelle des fonctionnaires chinois sont responsables de la violence et des destructions qui ont suivi. Le 6 avril 2010, Tashi Rabten a été arrêté. Plus récemment, 15 Tibétains dont 5 moines du monastère de Linka ont été sévèrement battus et arrêtés lors de manifestations contre l'exploitation minière dans la région de Shigatsé, et seuls 2 d’entre eux ont été libérés depuis. Selon le rapport annuel publié le 12 janvier 2011 par le Centre Tibétain pour les Droits Humains (TCHRD), le gouvernement chinois détient au moins 831 prisonniers politiques tibétains répertoriés dont 12 sont condamnés à perpétuité. Le rapport souligne que depuis 2008, plus de 60 écrivains et intellectuels tibétains ont été arrêtés. De plus, au moins 9 Tibétains ont été condamnés à mort, dont 2 furent exécutés.
En exil en Inde, le Dalaï lama, chef temporel et spirituel du Tibet a annoncé qu’il renoncerait à sa fonction de chef du gouvernement en exil cette année, alors que les réfugiés tibétains se préparent à élire un nouveau Premier ministre qui succédera à Samdhong Rinpoché, élu à deux reprises depuis l’instauration du suffrage universel en 2001. L’élection du Premier ministre se déroulera le 20 mars 2011. Le nouveau premier ministre sera élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Le 3 octobre 2010, environ 79 000 réfugiés tibétains dans le monde, inscrits sur les listes électorales, ont pu prendre part à l'élection primaire pour nommer les candidats aux fonctions de Premier ministre du gouvernement tibétain en exil, et de députés du Parlement tibétain en exil. Au Népal où résident 20 000 réfugiés tibétains, les urnes et leurs bulletins de vote furent confisqués par la police népalaise une heure avant la clôture du vote à la demande du ministère de l’intérieur népalais, sous l'influence du gouvernement chinois. Le Dalaï-lama a déclaré : « Afin de laisser la démocratie s’exprimer pleinement, il me semble préférable de me retirer et de me consacrer à d’autres questions, comme la défense des valeurs humaines, de la paix et de l’harmonie. Je dois toutefois d’abord en discuter et informer les membres du Parlement tibétain ». Il a précisé qu’il continuerait d’œuvrer pour la cause tibétaine.
De son côté, Pékin surveille l’évolution de la situation, s’inquiétant sans doute d’une politisation d’un nouveau premier ministre tibétain. Du côté du dialogue entre les représentants chinois et tibétains, on est toujours dans l’impasse.
Dans les capitales des pays où sont exilés les Tibétains dans le monde, ils manifesteront pour commémorer les 52 ans d’exil le jeudi 10 mars 2011. Soyons à leur côté dans leur lutte non-violente pour la liberté au Tibet comme en Chine.
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