Thaïlande : ils assassinent, nous fermons les yeux
La presse du monde entier et l’ensemble des gouvernements occidentaux se sont relayés pour se réjouir du nouvel élan démocratique en Birmanie après les premières élections libres depuis de trop nombreuses années. Ce qui est vrai pour la Birmanie n’est vraisemblablement pas valable chez son voisin thaïlandais où la junte militaire continue de brimer la population et d’assassiner opposants politiques et simples citoyens.
Comment obtenir une légitimité quand on a usurpé le pouvoir ? Cette question devient lancinante pour la junte militaire qui a accaparé le pouvoir en Thaïlande à la suite d’un nouveau coup d’Etat en mai 2014. Habitués à expulser le pouvoir civil dès lors qu’il ne répond pas à toutes leurs exigences, les militaires thaïlandais devraient pourtant être rompus à l’exercice peu reluisant de la création d’une légitimité fabriquée.
Arrivée au pouvoir sans idée précise de la politique à mettre en place, la clique qui commande le pays sait toutefois comment assurer son maintien à un poste usurpé. Une mise en coupe de la société via une censure qui dépasse bien souvent les imaginations les plus fertiles. Un tag contre le régime ? Emprisonnement. Une discussion privée sur les réseaux sociaux qui déplaît ? Emprisonnement. Tout est prétexte à la mise sur la touche de ceux qui osent encore émettre le moindre début de critique. Et lorsque la junte perd les pédales ce sont des assassinats purs et simples qui sont orchestrés.
En l’espace d’un mois, deux prisonniers ont été retrouvés morts dans leur cellule. Le dernier, il y a quelques jours étant le célèbre astrologue Suriyan Sucharitpolwong. Un nom trop charismatique dans le pays pour lui laisser le moindre espace de liberté ? Accusé comme tant d’autres de crime de lèse-majesté, le savant est officiellement mort d’une infection sanguine. La junte assassine, falsifie les autopsies et cherche d’autres victimes expiatoires. Préserver la famille royale est devenu la justification d’une prise de pouvoir par les militaires. Mais quelle sera la justification de tous les crimes (vrais, eux) dont se rendent coupables les généraux ? Pardon, il n’y a pas de crimes à en croire les rapports d’autopsie…
Se cacher derrière son petit doigt et des gros mensonges ne dure qu’un temps. Les pays qui ont mis la pression sur la Birmanie doivent aujourd’hui faire savoir à la junte que la récréation mortifère a assez durée. Les militaires sont tout puissants en Thaïlande, mais ne sont rien au niveau international. Le salut de la démocratie, des libertés et de la population passe par une prise de conscience de tous. Des consciences qui se réveillent lentement alors que dès janvier 2015, l’ONU dénonçait officiellement les peines d’emprisonnement largement exagérées au regard des délits et crimes jugés. Depuis ? Rien, si ce n’est que les Thaïlandais vivent dans la crainte et redoutent le pire à chaque son de botte qui claque. La Thaïlande n’est pas le paillasson de la démocratie !
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