The Copenhaguen Circus
Depuis le temps que l’on nous l’annonçait, il est venu le cirque désolant de Copenhague avec ses curiosités affligeantes, ses politiques clownesques qui ont assuré le « show », ses hordes d’évangélistes verts tambourinant le catastrophisme jusqu’à surdité, et ses meutes de journalistes dompteurs des consciences populaires afin qu’elles rentrent bien sagement dans le cadre bien-pensant défini pour elles.. Il est venu le cirque de Copenhague et il est reparti aussitôt dans la brume épaisse des ratés mondiaux, enterré sous la neige des déceptions attendues..
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Comme à l’accoutumé, tout était réunit pour un échec lamentable et à l’avance programmé ; au final, deux jours après la désertion des responsables politiques plus personne n’a le souvenir de ce que c’était que ce spectacle qualifié d’historique pendant lequel le sort du monde, que dis-je de l’humanité entière devait se jouer.. Le sommet mondial de la dernière chance, nous a-t-on dit, avant le « 2012 » environnemental où la terre s’arrêtera de tourner.. Un appel à sauver les générations futures sur fond de dramatisation excessive portée par l’ensemble des medias - dont on peut se demander au passage à quoi sert tout le professionnalisme exclusif qu’ils revendiquent face à la puissance dérangeante du pronetariat, car en matière de suivisme ils ont au cours de ce sommet sur le réchauffement climatique atteint l’excellence.. Rarement, l’on a vu les medias s’ériger avec une telle aisance en relais efficace de la communication que ce soit de la part des Ongs ou des politiques.. Ils ont brillé dans la culpabilisation du citoyen lui refourguant à chaque reportage les mêmes images éternelles des glaciers en pleine fonte, des forets dévastées à n’en plus finir, des chiffres et des analyses refilées entre les journalistes dans une consanguinité malsaine, à la fin personne n’y prêtait plus attention, Copenhague est devenu en peu de jours et grâce au matraquage médiatique synonyme d’indifférence pour l’individu lambda noyé dans les conséquences brutales du marasme économique.. Sur toutes les chaînes de radio et de télévision, dans tous les journaux, l’uniformisation stupéfiante de l’information appuyée par des idées peu originales, mais toutes convergentes vers ce but presque ultime : l’exagération au maximum de l’urgence, essentiellement par la peur..
Le marketing journalistique de la peur est venu au renfort du lobbying déjà important de l’écologisme.. On a assisté durant une quinzaine de jours, à une annihilation de toute critique sur la problématique du réchauffement climatique, de la mise en humiliation des esprits chevronnés qui tenteraient de poser les vraies questions souvent loin de convenir à l’idéologie dominante, et de la légitimation du totalitarisme vert.. Une écologie radicale, frisant les extrémismes et de plus en plus intolérante des libertés individuelles, des choix de vie et de développement.. Il y a eu ces derniers temps quelque chose d’assez édifiant dans le traitement des problèmes environnementaux, l’on est passé à une sorte de vitesse supérieure de la moralisation complète des sociétés ; un écologisme digne du plus nauséeux des fascismes tend désormais à s’imposer comme une nécessité vitale pour notre « devenir » commun..
Copenhague est le reflet déformant de notre naïveté.. Notre naïveté à croire en des politicards véreux, égocentriques, vaniteux.. De penser qu’ils pourraient incarner l’espoir en un monde meilleur, jamais les larmes de ces jeunes militants amassés devant le Bela Center n’ont été aussi ridicules.. Ce sommet mondial du verbiage et des océans de paroles incantatoires a montré l’insignifiance de la mobilisation des Ongs de tout ordre lorsque des intérêts stratégiques, financiers et économiques sont clairement menacés..
A qui profite le réchauffement climatique ? Quelles nations sont aujourd’hui à la pointe dans la recherche et l’innovation des technologies dites durables ? Qui contrôlera demain le marché si prometteur des énergies « propres » ? Quelle sera la place du citoyen dans ce système à la fois nouveau, de par les idéaux qu’il met en avant, et ancien, de par sa mécanique exploitante ? Voilà un échantillon de questions auxquelles nous aurions voulu que des journalistes trouvent des réponses adéquates et pas qu’ils aillent faire du tourisme informationnel.. On aurait souhaité qu’ils puissent aller dans la profondeur des choses et non pas qu’ils se contentent du deja-vu ou du deja-entendu habituel..
Le réchauffement climatique est une problématique importante que l’on a tendance de nos jours à amplifier au point d’en faire la priorité absolue.. Mais a-t-on déjà oublié que les problèmes environnementaux ne se résument pas uniquement au réchauffement climatique ? Qu’une partie du monde est devenue le dépotoir de l’occident, avec des transferts de déchets toxiques à grandes proportions et qui causent des milliers de décès chaque année dans la plus effroyable indifférence ? Et d’ailleurs comment voulez-vous sensibiliser une personne démunie et vivant dans l’extrême pauvreté à l’ « urgence » climatique, n’ayant accès à aucun droit fondamental à l’instar de la santé ou de l’éducation ? Lorsque la communauté des « Grands Décideurs » consent à investir des centaines de milliards de dollar dans la lutte contre le réchauffement climatique, en même temps ils feignent d’oublier que ce n’est pas la production d’éoliennes qui arrêtera la pandémie du paludisme qui massacre annuellement des millions de personnes.. On aurait tant aimé voir ses efforts internationaux dans le renforcement du commerce équitable qui semble être le premier pas vers la justice économique et donc vers une croissance mondiale durable sans apartheid.. On aurait souhaité que les mêmes efforts qui sont faits pour le climat soient produits pour la recherche des vaccins aux maladies terribles comme le Sida.. Mais force est de constater que la hiérarchisation de la souffrance est une règle sournoise dans cette communauté des « Grands Décideurs »..
Copenhague est passé de la parodie de la négociation à l’illusoire mobilisation politique avec des fuites médiatiques subtilement organisées dans l’opinion publique.. On s’est empressé à la moitié du spectacle de faire passer le message d’un probable échec afin de préparer au mieux les esprits, de designer les boucs-emissaires et ainsi de se dédouaner par anticipation des déceptions attendues.. Pendant un jour ou deux, il s’est murmuré que le messie Obama viendrait sans doute sauver le Titanic de Copenhague avec des propositions exceptionnelles, de l’autre coté Brown et Sarkozy informaient l’Europe qu’elle avait consenti à faire des efforts importants de réduction de Co2, ce qui – nous dit on doucement – a manqué de donner un infarctus à Merkel.. Il y eut dans la dernière ligne droite de ce long marathon de discussion, de ce gaspillage, une mise en scène délicieuse des pseudo tensions entre les « Grands » pour souligner la difficulté des négociations et l’improbabilité d’un véritable accord.. Pourtant la cause écologiste a été depuis fort longtemps entendue et avortée, Obama ne s’est déplacé que pour rencontrer Medvedev afin de finaliser les accords START, et le comique forcing du Bonaparte français cherchant à exister aux yeux des medias internationaux l’ignorant superbement, n’a trouvé grâce que dans les rédactions gauloises..
Au même moment, soutenant une position opportuniste, on pouvait voir les petits caïds régionaux des pays du Bassin du Congo, tous des dinosaures indéboulonnables, sanguinaires de temps en temps, despotes au gré des humeurs, venir prêter allégeance au Parrain français.. Le deuxième poumon de la planète en pleine déforestation accélérée sous la vigueur des entreprises françaises..
En fin de compte, le cirque de Copenhague s’est refermé sur une note de triomphalisme honteux devant un accord scandaleux et sans doute sans précédent.. Dans le brouhaha de la foule de délégués accrédités applaudissant ce gâchis sidérant, la gène et la frustration de l’Onu qu’un conseil très restreint des Puissances Dominantes a imposé la médiocrité d’un accord grotesque, mais aussi la forte colère des représentants associatifs qui contrastait avec la prudence – la discrétion curieuse des medias, n’osant pas annoncer au spectateur que le « show » offert, et l’inutile dépense en couverture médiatique, énergétique, financière, était un fiasco extraordinaire..
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