Théâtre : Gabon, Sarkozy, la chaussette...
Marquées par la guerre des chefs, les obsèques d’Omar Bongo vont ce mardi 16 juin, s’ achever sans permettre au peuple gabonais de voir la sortie de la crise. À moins d’un mois du dépôt de candidatures, aucun leader ne se dégage pour succéder à Omar Bongo, dont le pays se confondait à sa propriété, à sa cabane cheffale. Ce décor théâtral donne lieu à une mise en scène digne des music hall que les parrains de la Françafrique, Sarkozy et Chirac viennent mettre à éxécution. Mais, les africains ont-ils oublié que quelques années plus tôt, ce que ces mêmes barons étaient venus faire aux obsèques d’Houphopuet Boigny, est la même mise en scène qu’ils vont répéter ces jours ? Après le passage de ces prophètes , la Côte d’Ivoire n’a t-elle pas filé vers son déclin ?
Sur les traces de la mère patrie
Il faut à l’Afrique un long élan patriotique pour se départir des oripeaux monarchiques légués par la France. Il ne serait pas idiot de voir la manière dont les successions monarchiques se sont faites en France , pour se donner une idée des institutions africaines et l’immobilisme qui s’en suit. De Gaulle hérite d’un pays déchiré par la guerre et cela n’a pas empêché son fils de finir amiral de la marine. Pompidou a donné naissance à Chirac, Edgard Faure a engendré Giscard d’Estaing, et Valery Giscard a donné naissance a Henri lui même député. Mitterand a fait sortir de son sein Jean Christophe chargé de la cellule africaine de l’Elysée, Papamadi. Chirac a mis au monde Claude au nom de la communication d’Etat. Enfin, Sarkozy a donné naissance à Jean, au nom des sacro saints principes de la succession en démocratie.On n’est pas étonné de voir le franc-maçon Léon Mba donner naissance à un jumeau maçon en la personne d’Omar Bongo et ce dernier donner naissance à Pascaline et Ali. Obiang en Guinnée équatoriale a donné naissance à Theodoro, lui même fils de macias N’Guema ; Gnassingbé Eyadema a donné naissance à Faure, Ahidjo et Biya fils d’Aujoulat, etc. Tous ces exemples , mis sur un échiquier, ne sont pas de nature à donner la stabilité et la dynamique nécessaires aux mots : politique, démocratie. La fragmentation sectaire et familiale, la dispersion, l’émiettement des autres classes de la société sont des garanties de déclassement des politiciens. L’ ingouvernabilité semble être la menace principale des institutions politiques. Quand on prétend diriger le pays, on doit se diriger soi-même, on doit pouvoir restituer au mot politis la place qui lui convient.Il faut donc se poser la question de savoir si ces hommes choisis comme héritiers, meritent d’être les primus inter pares ? Nous pensons qu’il faut être les meilleurs de l’élite pour pouvoir prtétendre au trône. Nous pensoms que les politiciens par décrets n’ont jamais servi les intérêts du peuple, mais leurs propres intérêts plutôt.
Remettre de l’ordre et incarner le progrès
Au premier rang et très attentif, Ali Ben Bongo observera ses éventuels alliés pour son futur sacre. Quelques sièges plus loin, Pierre Mamboundou et les autres opposants écouteront tous les éloges funèbres, afin d’ affirmer qu’il ne s’agit pas pour le Gabon de plonger dans l’eugénisme politique, mais de donner une chance à une nouvelle classe d’hommes politiques qui peuvent travailler plus et mieux. Une réponse aux critiques de Nicolas Sarkozy qui reproche aux africains de ne pas avoir assez travaillé ces dernières années et de n’être pas entrés dans l’histoire. Au bout de toutes ces mises en scènes, le Gabon affiche la mine des mauvais jours et donne des signes de chaos.
Chacun sait qu’il incombe à celui qui s’imposera lors du prochain scrutins de remettre de l’ordre et d’incarner l’opposition au précédent système. Même si nous ne croyons pas à l’issue de ce système où Sarkozy risquerait de transmettre à la famille Bongo la technique française de la fraude à la chaussette, il y va quand de l’intérêt de la démocratie que tous les opposants y participent. Les élections libres, oui. Mais à un moment, la décision historique, engagera tous les leaders de l’opposition. Ce n’est pas la pluralité des voix qui est un problème. Ce qui l’est, c’est quand l’une d’entre elles est contradictoire avec les autres. Elle suffit à rendre les aspirations du peuple inaudibles.
L’image brouillonne qu’Omar Bongo a laissée est celle d’un pays au déclassement économique, social et moral ; à la paupérisation du service public ; à la mainmise de l’État sur les médias… Tout y passe. Voilà le Gabon, ce petit émirat d’Afrique centrale : déclassé, divisé, désespéré.
Aimé Mathurin Moussy
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